
feule écaille, mais épaiffe, fur le fer chauffé au I
milieu des poudres d’os , ou des compofitions dont
le charbon a été brûlé ; au Heu que ces écailles font
minces, par étages les unes fur les autres, & fouvent
très-écartées les unes des autres, lorfqu’elles ont
été produites fur le fer mal enduit ou fur le fer
chauffé immédiatement. L’aéHon du feu'plus puif-
fante dans ces deux derniers cas , a produit des
dilatations plus fubites dans les foufres, & la couche
qui a commencé à brûler a toujours brûlé vite &
entièrement.
Quelle que foit au reffe la caufe de la formation
de ces différentes écailles, ce.qui nous importe à''
préfent eft de les empêcher de fe former , & pour
cela d’empêcher que la flamme ne puiffe toucher
immédiatement notre fer. De toutes les matières
dont j’ai effayé de faire des enduits propres à produire
ce dernier effet, il n’en eft point qui m’ait
mieux réufîi que la mine de plomb ; j’ai pourtant
tenté différens mélanges, foit pour épargner cette
matière, Toit pour l’employer plus commodément ;
je vais les rapporter», afin qu’on fâche ceux qui
m’ont paru les meilleurs , & que s’il vient dans l’idée
de fe fervir de-quelques autres enduits auxquels
je n’ai pas perde, on puiffe prévoir s’ils méritent
d’être effayés.
Au lieu d’employer la mine de plomb feule, je
l ’ai mêlée avec de la farine, afin d’en faire une
pâte qui eût plus de corps, qui s’attachât au fer
plus promptement & plus fortement.
Pour la même vu e , au lieu de délayer la mine de
plomb avec de l’eau, je l’ai détrempée avec une
eau très-chargée de colle-forte. Dans l’une & dans
l’autre expérience, la mine s’eft un peu mieux attachée
fur-le-champ, qu’elle n’eut fait fi elle eût été
Amplement détrempée avec l’eau ; mais le petit avantage
qui revient de là , eft peut-être plus que balancé
par un inconvénient : l’enduit alors ne réfifte pas au
feu fi parfaitement.
Pour remplir encore les vues des deux expériences
précédentes, & en même-temps pour épargner la
mine de plomb, je l’ai mêlée en proportions différentes
avec de la terre à creufet de diverfes efpèces,
comme font l’a glaife ordinaire , la terre à pots de
verrerie, & d’autres terres qui foutiennent le feu
fans fe fondre, ou qui ne fe fondent qu’à un degré
de feu très-violent. Dans quelques-uns de ces mélanges
j’ai mis trois parties de terre & une de mine
de plomb ; dans d’autres, d’eux parties de terre & une
de mine de plomb ; dans d’autres, parties égales de
mine de plomb & de terre. Dans d’autres effais f ai
fait dominer la mine de plomb, comme j’avois fait
dominer la terre dans la plupart des effais précédens ;.
c’eft-à-dire, que j’ai tantôt employé deux parties de
mine, tantôt trois parties, tantôt quatre parties,
tantôt cinq & une de terre. Il n’eft aucun de ces.
effais, qui h’ait donné des enduits dont on peut fe
fervir : mais plus on y fait entrer de terre, & plus
ils ^demandent à être féchés lentement, & féchés
\ fond ; & plus ils craignent la grande chaleur,
Quand pourtant on ne mettra qu’un quart, 012
qu’un cinquième , ou un fixième de bonne terre,
loin qu’elle faffe du mal, elle donnera à la mine de
plomb une confiftance qui fera avantageufe à l’en-
'duit. Le défaut de l’enduit qui eft de feule mine
de plomb , eft de moins rèfifter aux frottemens,
tels que ceux de charbons contre les pièces, ou des
pièces les unes contre les autres : au moyen de la
terre, un enduit prend plus de confiftance, jk ré-,
fifte mielix à ces frottemens.
Puifque toute matière qui ne fe retire point au
feu , e ft , par cela même, propre à faire des enduits
, le fable, le pur fable feroit en état de produire
f effet que nous cherchons, s’il ne lui man-
quoit de prendre la liaifon d’une pâte. Ses grains,
quoique mouillés, ne font point une maffe continue
la groffeur de ces mêmes grains en eft la
caufe. La ténacité de l’eau n’eft pas fuififante pour
tenir de fi gros grains joints enfemble ; de la colle-
forte réunirait mal des blocs de pierre , & tiendrait
des graviers -bien liés. J’ai fait piler du fable extrêmement
fin ; j’ai fait piler de même du caillou.
De ces matières fines détrempées avec de l’eau,
j’ai compofé des pâtes dont j’ai enduit divers ouvrages
de fer fondu ; elles ont féché fans fe fendre,
elles ont pris toute la confiftance néceffaire. Cet
enduit a parfaitement réfifté au feu , & a bien défendu
les ouvrages; enforte qu’il peut être employé
avec fuccès dans les endroits où la mine de plomb
manquera, & où elle fera chère. Il y a pourtant
une remarque à faire, qui donne encore l’avantage
à l’enduit de mine de plomb fur ceux de nos poudres
de fable & de caillou. Ces derniers ne fe raecour-
ciffent pas pkrè que l’autre ; ils font auffi difficiles
à fondre qu’il en eft befoin, mais le feu lie trop
fortement leurs parties. Je n’euffe pas cru qu’il pût
y avoir en cela du trop , fi l’expérience ne me l’eût
fait voir. Concevons que nos grains de fable font
réunis , qu’ils font corps comme les parois d’un
creufet; alors ils défendent bien le fer : mais que le
fer qu’ils couvrent vienne à fe recourber, ce fer
acquerra du côté convexe une furfaceplus grande
que celle qu’il a du côté concave ; l’enduit, dont
les grains feront bien liés , fe brifera du côté convexe;,
il s’y fera-'quelque part une fente d’une largeur
proportionnelle à l’augmentation qu’aura ac-
quife la furfaee du fer qu’il couvroit. Cette fente ne
feroit pas confidérable & feroit un petit mal : mais
la liaifon des grains entre eux en produiroit un plus
grand ; elle eft caufe que l’enduit qu’ils forment peut
fe foutenir feul; il ne fuit pas le fer pendant qu’il fe
plie : de forte qu’entre cet enduit & le fer il refte un
vide où la flamme s’introduit & produit des écailles
fur la furfaee du fer, qui, par la fuite, foulé vent
l’enduit de plus en plus, & enfin le font tomber.
Les parties de la mine de plomb, au contraire, ne
fe lient point enfemble tant que la chaleur n’eft pas
exceflive ; elles ne fe foutiennent point les unes les
autres ; elles n’ont d’autre appui que le fer même t
quelqu’inflexion qu’il prenne x elles la Auvent, Iptur
liaifon n'eft que telle qu’il faut pour les faire tenir
les unes contre les autres, & trop foible pour ré-
fifter à une force légère qui tend à les faire gliflèr :
d’ailleurs elles gliffent failément les unes fur les autres,
parce qu’elles font plates, qu’elles font chacune
de petites lames.
Le talc eft une matière rare en quelque pays,
frès-commùne dans d’autres ; dans ceux-ci on pourra
s’en fervir avec fuccès, comme de la mine de plomb,
après l’avoir fait réduire en poudre; cette poudre
aura toutes les propriétés qu’on veut à nos enduits.
Que ceux qui ne eonnoiffent pas affez ce minéral,
ne le confondent point avec le gypfe qui a la tranf-
parence du talc, mais qui en diffère parce qu’il eft
srès-calcinable, & que le talc ne l’eft point.
J’ai effayé d’enduire avec de la craie : les enduits
de cette matière s’étendent aifément ; comme fes
parties n’ont pas' beaucoup de liaifon enfemble ,
elle paroît avoir la propriété qui nous â fait préférer
la mine de plomb aux poiiares de fable & de caillou :
mais elle l’a, cette propriété, à un trop haut degré;
elle l’a même d’autant plus qu’elle eft-reftée plus
long-temps au feu; elle s’y calcine; la calcination
divife & fubdivife fes grains à un tel point qu’ils
n’ont plus affez de liaifon enfemble : alors une infinité
d’accidens peuvent la faire tomber : des bouil-
lonnemens y fuffifent,
La chaux que j’ai auffi employée, a les mêmes
défauts que la craie, puifque la craie n’a ces défauts
que parce qu’elle devient chaux. J’ai voulu mêler 1
de la chaux non éteinte avec la mine de plomb :
l’enduit eft tombé en poudre en féchant ; il n’a eu nul j
corps.
Je n’avois garde d’oublier la poudre d’os, je m'en !
êtois bien trouvé ailleurs. Dès qu’on lui donne affez
de liaifon pour en compofer des coupelles, il n’y
avoit nul doute qu’on pût la rendre propre à bien
tenir fur le fer. Je l’ai fait réduire en poudre extrêmement
fine : elle a , comme la mine de plomb &
le fable, la propriété de ne fe point raccourcir en
féchant ; mais elle a le défaut des fables de n’avoir
pas" de grains bien propres à gliffer les uns fur les
autres. D ’ailleurs, dans les épreuves que j’ai faites,
elle m’a paru faire écailler le fer , lors même qu’elle
le recouvre bien. Elle fe fàifit trop des matières
huileufes qui viennent à fa furfaee. J’ai tenté fi la
poudre d’os mêlée en parties, égales avec la mine
de plomb ne réuffiroit pas mieux : l’enduit qui en
a été fait ne m’a pas paru tenir affez bien fur le fer.
J’ai mêlé avec de la mine de plomb, de la poudre
de caillou, ou de la poudre de fable : ces deux
poudres étoient très-fines ; elles avoient été paffées
à l’eau. L’enduit qui en a été compofé s’eft fort bien
foutenu.
Au mélange précédent j’ai ajouté une demi-partie
de verre en poudre ; & cela afin que l’enduit eût
du corps & de la flexibilité en même-temps, lorfque
le verre feroit ramolli par l’ardeur du feu : cet enduit
a f°rt bien tenu. Si le verre qu’on emploie n’eft pas
*ffez fondant, on pourra faire entrer dans l’enduit
un peu de fel de foude ou de borax ; mais il n’en
faudra que bien peu.
A trois parties de mine de plomb , j’èn ai ajouté
une de poudre de verre. L’enduit qui en a été fait,
ne m’à pas paru prendre affez de confiftance. Pour
lui en donner affez, il auroit demandé qu’on y eût
joint un peu de fel propre à faire fondre le verre.
Dans un autre enduit, la craie & la mine de
plomb ont été mêlées, à parties égaies : celui-ci s’eft:
très-mal foutenu, &.a été un des plus mauvais que
j’aie effayés.
J’ai mêlé du fable commun en parties égales avec
la glaife ; & pour donner du corps au mélange , j’ai
fait bien pétrir le tout avec de la bourre.
Dans une autre épreuve, j’ai fait ajouter à la
pâte ci-deffus, du verre en poudre. L’enduit a bien
tenu dans l’un & dans l’autre cas ; mais il ne m’a
pas paru affez exactement appliqué fur le fer ; il s’eft
formé quelques écailles : peut-être qu’après que la
bourre eft brûlée, l’enduit refte trop fpongieux, &
laiftè trop échapper les foufres.
Les pots de grès pilés donnent un ciment propre
à faire de bons creufets , lorfqu’on en mêle fuffi-
famment avec de la terre glaife. J’en ai mêlé beaucoup
avec très-peu de cette terre : l’enduit qui en a
été fait a très-bien réfifté au feu ; mais il n’a pas cette
flexibilité que nous avons vantée dans celui de mine
de plomb. D ’ailleurs , comme on ne peut donner de
liaifon à ce ciment fans employer beaucoup de
terre, il faudrait faire fécher l’enduit très-lentement.
Enfin, j’ai pris de ce fable gras dont ora fait les
luts ordinaires, de ce fable qui naturellement eft
mêlé avec une terre argileufe qui a de la confifi*
tance ; j’en ai recouvert différens ouvrages. Cet
enduit a très-bien tenu : il vaut les enduits les plus
recherchés, tant qu’il ne s’agira que de groffes pièces
peu en rifque de fe tourmenter & de fe plier au feu.
Il défend bien les ouvrages; il les conferve fans
écailles, même après qu’ils ont pris le cordon & le
grain, de fer forgé.
Pour tous les ouvrages épais & maflifs, il fuffira
donc de les couvrir de lu t, comme les chimiftes
en couvrent différens vafes avant de les mettre au
feu. Le fable dont on fera ce lut fera un fable gras :
que pourtant la terre n’y domine pas trop ; il ferait
en rifque de fe fendre : & qu’on ait de plus l’attention
de faire parfaitement fécher cet enduit avant de
le mettre au feu.
Au lieu d’un enduit, on en donnera deux aux
ouvrages qui, à çaufe de leur épaiffeur, doivent
I refter du temps au feu. Le premier ne fera que de
poudre de charbon délayée avec de l’eau , ou
quelque liqueur vifqueufe ; une eau de gomme, une
colle claire peut être employée pour la délayer.
Sur ce premier enduit on appliquera le fécond qui
fera fait d’une matière capable de rèfifter au feu.
Les ouvrages ainfi doublement enduits s’adouciront
plus vite que ceux des fteufets, .& ne s’écailleront
pas davantage.
Pour les ouvrages minces, pour tous ceux qui
R r r r ij
g