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de paille. Enfin, on perce le manche dans lequel on
cimente la queue du grattoir.
Un grattoir à un feul tranchant fur fa convexité,
s’appelle à la régence.
La lame du couteau, à plomb de vitrier, eft comme
le grattoir à deux tranchans ; mais elle eft plus longue,
plus forte Sc plus épaiffe.
Parmi les canifs, il y en a de droits, de {jprmans,
8c d’autres fortes que nous allons expliquer.
Le canif droit eft celui dont la lame eft fixe fur
fon manche. C’eft le plus ufité dans les bureaux.
On forge à-la-fois une certaine quantité de lames ;
en conféq.uence , il faut étirer l’acier d’une ligne
d’épaiffeur 8c de deux lignes de largeur ; on donne
une chaude graffe à chaque pointe ; on porte enfuite
le dos du canif fur le trou de l’enclume deftiné à
placer la tranche; 8c avec un petit coup de panne
de marteau, on leur fait faire un peu le croiffant ;
on entaille enfuite la lame ; on élargit le tranchant ;
on finit de forger le canif par la queue , 8c de.la
feparer de la barre d’acier ; on bat la lame un peu . à froid ; onia lime en commençant par le tranchant ;
on fait l’entaille du dos ; on abat les carres du
, bifeau ; on rend les plats de la lame allez v ifs , en
aminciflant le côté du tranchant ; on lime la queue ;
on la fait chauffer à la flamme d’une chandelle ;
enfin, on la cimente dans un manche préparé pour
. la recevoir.
Les premiers canifs fermans ont été farts à deux
clous 8c fans refforts. La lame de cette forte de canif
eft plus forte 8c plus large que celle du canif droit.
Pour la former , il faut étirer l’acier d’une ligne
& demie d’épaiffeur, 8c de trois lignes de large. On
donne une petite chaude gràffe à la' pointe ; on entaille
la lame pour faire le battement du clou; on
élargit le tranchant avec la panne du marteau ; on
le rabat avec la tête, 8c l’on coupe la queue d’un
coup de tranche. On marque enfuite la lame ; on
perce le trou d’un coup de pointe ou au foret. On
dreffe le tranchant à la lime ; on forme au dos _un
tranchant fait de court , lequel fert à racler les
plumes ; on trempe la lame ; on la polit; enfin , on
pointe 8c on loge la lame dans un: manche.
11 y a de différentes fortes de canifs, qui. toutes
peuvent fe rapporter à ce que nous avons dit des
couteaux, 8c de la manière de les monter.
Les coupe-cors font des inftrumens qui ne diffèrent
des canifs que par la courbure, 8c un peu plus de
longueur de la lame. Le coupe-cors doit être fait
d’acier pur, bien trempé , 8c recuit couleur de paille,
ou tout au plus couleur d’or.
Canif à pompe, dont la lame fe renferme dans le
manche, étant pouffée par un bouton 8c fixée par
un reffort. On commence par préparer le manche
d’ivoire ou d’un bois dur, qu’on perce avec un foret
au chevalet ; enfuite avec l’écouaihe , on fait le trou
carré, le tenant égal de haut en bas ; on pratique
une rainure pour le paffage du bouton qui doit aller
8c revenir jufqu’à l’un 8c. l’autre trou , ménagés à
cet effet ; on fait une autre petite rainure en dedans
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au haut du manche, pour que te tranchant du canif
paffe librement fans frotter.
Le manche étant difpofé , on y place le reffort
auquel on ajufte en dehors un bouton , dont le
bout, en vis, entre 8c fe fixe dans le trou du reffort.
Quant à là lame , on la cimente dans le trou par le
bout du carré du porte-reffort.
Pour faire un manche à- deux pièces ,- comme le
canif 6c le grattoir, on arrange les deux bouts fem-
blables ; le trou eft percé de toute la longueur , 8c
le même bouton fert pour les deux pièces.
On fait des manches qui portent trois, quatre,
fix 8c huit pièces ; tels que canifs, grattoir, poinçonL
porte-crayon ; il ne s’agit que de multiplier les trous-;
ce qui devient difficile 8c délicat quand il faut percer
quatre trous de cinq pouces de longueur , fi près
les uns des autres, que les épaiffeurs qui les féparent
n’ont pas plus de trois quarts de lignes.
On fait aufli des canifs en façon de pince.,, à deux
branches affemblées à jon&ion paffée. Ces canifs font
propres à tailler une plume d’un feul coup.
Poinçon. Inflrument dont l’ufage ordinaire eft de
percer des papiers. Pour faire un poinçon , on étire
d’abord' l’acier en carré de la groffeur de quatre
Jignes- ; on donne enfuite une chaude graffe à la
pointe ; on l’étire en pyramide de la longueur de
trois pouces ; on abat les carres- à petits coups de
marteau ; le poinçon étant arrondi, on le coupe
d’un coup de tranche ; on chauffe le gros bout ; 8c
par une chaude graffe , on fait la queue qui fert à
rattacher dans u» manche.
Quelquefois la queue du poinçon fert de manche
en l’arrondiffant à l’extrémité en poire. Refte à limer,
à tremper, à recuire, enfin, à achever le poinçon.
Le fufil eft un outil d’acier qui fert à donner le
fil aux couteaux.
Quand le fufil eft rond, il ne diffère point du
poinçon pour la forge. On fait aufli des fufils carrés,
hexagones, o&ogones ; tous fe forgent de la même
manière , 8c l’on en marque les pans au marteau ,
ou à la meule 8c à la poliffoire. Ces fufils devant
entamer des tranchans de couteaux, doivent être
trempés dans leur force , 8c il faut ne leur donner,
aucun recuit.
Le fufil de boucher eft rond, 8c on y pratique des
dents en- longueur avec la carre d’une vieille râpe
ou d’une lime taillée à gros grains ; il fe fait ordinairement
non d’acier , mais de fer que l’on forge ,
que l’on arrondit, qu’on lime , 8c qu’on, trempe en
paquet.
Pour cette trempe en paquet, on prend une livre
de fuie, une demi-livre de cendres, une demi-livre
de charbon qu’on pulvérife, qu’on mêle , qu’on met
enfemble dans un pot de terre; on en fait une pâte
avec de l’urine ; on l’étend fur une demi-feuille
de tôle ; on arrange les fufils fur cette pâte , de
manière qu’ils en foient recouverts 8c qu’ils ne fe
touchent pas ; on les étage les uns fur les autres en
les féparant par autant de couches de pâte ; on
couvre la dernière rangée avec une autre tôle ; og
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lie ce paquet avec du fil d’archal ; on l'expofe au feu
d’un fourneau à vent ; 8c au bout d une heure 8c
demie environ , la furface du fer eft converti en
acier. On le trempe de même en paquet en orofi-
tant de la chaude, 8c fans le défaire ; on ajufte des
manches â ces fufils , que tes bouchers portent a
leur côté pour aiguifer leur couteau, leur couperet,
8c autres outils. . '
Le tire-bouchon eft une tige ou meche tordue en
fpiïale. Il y a différentes fortes de tire - bouchons.
Les uns ont la mèche qui fe ferme dans 1 anneau ;
d’autres ont la mèche pleine qui fe renferme dans
un étui. Pour faire cet étui , on prend de la tôle
forte; onia plie fur un mandrin; on la braie; on
y rapporte un fond qu’on brafe de meme ; on ajufte
une virole au bout ; enfin on taraude 1 etiii. ^
La mèche du tire - bouchon doit^ etre trempee
couleur de cèrife ;-enfuite on là graiffe^ ,8c on lui
donne fur la braife.un recuit couleur bleue. ^
Le tire-bouchon à cage‘ eft fine meche renrermee
dans une forte de cage ; on ajufte une clé ou un
morceau d’âcier dans le càrré dû bout fupérieur de
la mèche ; en faifant tourner cette mèche, qui s’enfonce
dans le bouchon,les bords de la cage appuient
fur la bouteille , le bouchon s’enlève alors- facile--
ment, 8c entre dans la cage d’oü on le fait^ fortir
par une des ouvertures qui y font pratiquées en-
retirantlà- mèche,- . i
Le coutelier fait encore pîufieufs autres outils'
qui feront rapportés aux arts -qui les emploient ;
comme divers inftrumens de chirurgie, dont il faut
réferver. la defcription à l’habile' maître qui- s eft
chargé de cette- partie , en même temps qurl en fera
voir la deftination. Am refte, les détails dans lesquels
nous fommes entrés, doivent fuffire pour faire .
connoître lès procédés qui font à peu près les memes
pour exécuter les formes variées à L’infini des ouvrages
de coutellerie.-
Il nous-refte à parler de quelques aèceffoires a
cet a r t , 8c de certains procédés qui tiennent de
même *la,fabrique 8c à l’emploi des ouvrages du
coutelier.
Nous avons- dit que l’on couvroit de rofettes les
deux bouts de l’axe ou de la goupille qui retient la
lame du couteau à fon manche.
Ces rofettes ou ces yeux fe font de cuivre-ou
d’argent', avec dès emporte r pièces ou rofettiers
d’acier. On frappe fur cet emporte-piece qui porte
fur la lame de métal qu’on veuf découper en rofette,
8c la lame de métal eft pofée fur une table de plomb.
Quelquefois ces rofettes font d’argent ou d or maflif;
alors i l faut les-fabriquer exprès;
Les rofettes dont on fe fert à Saint-Etienne- 8c
.dans les petites fabriques , font de cuivre, fe font
par des ouvriers qui fo livrent entièrement à ce
genre dë travail, 8c qui les vendent à bas prix, par
groffes de vingt-quatre douzaines. Elles font allez
groflièrement faites ; ces rofettes ont des ébarbures
que l’ouvrier rabat fur le fil de fer pour recouvrir
&. cacher, les pointes de-l’axe de;la-lame^
Des potées pouf polir.
On nomme potées les fubftances pulvérifées qui
fervent au poli. Ces potées font ’
f i°. Lz mouléequi fe trouve au fond de lauge de
la meule. On s’en fert communément pour em porter
les gros traits fur les cornes, l’ivoire, les os, 1 écaille r
les bois durs. •
2°. Le. charbon de bois blanc pour les cornes 8C
même les'métaux.
3*. Le blanc d’Efpagne pour finir toutes fortes
d’ouvrages.
4°. Le tripoli pour toutes fortes de matières.
<°. La pierre ponce eft propre a adoucir.
6°. Uémerïeft employé principalement pour polir
les métaux. .
7°. La potée dètaïn polit egalement les métaux.
8°. Le rouge d’Angleterre convient fur-tout au fer
& à l’acier. , . „
9«. La potée d a ’cïe rtù êlé e ave c la pofee d étant elt
Bonne pour l’ acier trempé.
On polit encore avec des pierres du Levant ,
avec une pierre verdâtre que fournit la Bohême ,
avec la pierre fanguine ; enfin , avec le bruniffoir
qui eft un outil d’acier.
Des manches d infiniment de Coutellerie
On fait beaucoup d’ufage pour les manches, des
cornes de boeufs, de mouton ou de bélier, de boqc
8c de cerf. M. Perret recommande, i-°. de ne jamais
employer la corne avant qu’elle ait féché pendant
trois ou quatre mois après qu’elle a été ôtée de'
l’animal ^. 3°. de la> laiffer fécher encore autant d<?
temps après lavoir fciée 8c droffee avant de la mettre
en oeuvre ; 3°. de porter dans fa poche les manches de
corne dégroffis,avant de les limes>3!'& deles affujettir
par des clousw .. 1 < • .
On emploie aufli communément les Bois des Indes,
comme l’ébène, le bois rofe, le violet, le palixandre ;
8c les bois françois, tels que l’olivier, le noyer , le
buis, l’i f , le prunier ,_le cerifi^r, 8cc.
On fait encore des manches de coutellerie avec
de la baleine , de l’écaille de tortue-,-de l’ivoire , de
la nacre de perle, des os d’animaux , du’ marbre ,
de la faïence, delà porcelaine , de la laque, de
l’aventurine, de l’agate, 8cc.- ^
Enfin, l’o r , l’argent, le cuivre, l’étain, le fer ;
8c différens métaux fimples ou compoféspeuvent
fournir des manches folides.
Dès principaux Outils du Coutelier.
Une forge 8c fes dépendances font de première
néceffité pour un coutelier.-Il doit avoir des bigornes
rondes 8c carrées, une enclume avec deux trous ,
l’un carré qui fert à placer une tranche, 8c l’autre
trou ordinaire , qui fert de tas pour relever les
mitres des couteaux de table. Il ne peut fe palier de
marteaux de formes 8c de grandeurs différentes, à
tête plate pour planer, à tête ronde pour évider,
. a paimes. tranfverfales, à pannes, verticales, &Cv