
«leux anneaux de fer forgé ,!qu’on a en foin d’engager
dans le moule où elle a été coulée : ils donnent une
prife commode au ringard toutes les fois qu’on veut
ôter ou remettre le couvercle : ils peuvent être chacun
percés de plufieurs trous ; mais il vaut peut-
être autant les tenir pleins : oh laiffe entre deux
couvercles le vide qu’on juge néceffaire pour faire
bien allumer les charbons, oh l’augmente ou diminue
à volonté en approchant ou en écartant les
couvercles les uns des autres.
Ce ne font que de petits moules que nous avons
mis jufqu’ici dans les fourneaux de recuit: les grands
demandent une attention particulière. Le moule
d’un balcon de cinq pieds porte près de fix pieds
de longueur, & plus de trois de largeur, fur environ
deux pouces d’épaifieiit. La difficulté feule de
manier, d’enlever, de retourner une maffe de fable
fi confidéfable, avec les pefans châffis dont elle
êft armée, eft quelque chofe ; & cela, parce que
les ébranlemens violens peuvent déranger l’intérieur
du moule : mais le difficile e ft, ou il a été
d’abord, de bien affujettir un pareil moule dans un
fourneau de recuit, & de l’y gêner du haut en bas
Hans les endroits néceffaires. Un tel.moulé mérite
bien feul fon fourneau ; mais comme la profondeur
en leroit confidéranle , s’il étoit confirait fur les
principes des autres, on feroit obligé de laiffer d’àffez
grands efpaçes entre le balcon & le mur, pour
avoir la liberté de le gêner fur différens endroits de
fa longueur & de fa hauteur ; il s’y feroit une
grande confommation de charbon inutile. Ori brife,
on renverfe les murs du fourneau , quand on veut
y mettre ou en ôter ce moule ; e’éft ce que j’ai
éprouvé quand j’ai voulu faire jeter des balcons mis
en recuit, dans des fourneaux femblables à ceux de
nos petits moules, & ce qui m’a contraint d’en imaginer
d’une autre forme : heureufement -il s’en eft
préfenté une qui fatisfait a tout ce qu’on peut délirer.
Le fourneau eft qu’ùoe efpèce de pupitre
ou une table inclinée fous un angle d’environ quarante
cinq degrés, auffi longue & de quelque chofe
de plus que le moule ; <§c auffi de quelque chofe
de plus large •: ce font les lignes fur lesquelles nous
prenons fa largeur qui font inclinées à l ’horizon :
pour mettre le moule de balcon en recuit, on n’a
qu’à le coucher fur cette table. Ne nous arrêtons
poinrefncore à voir comment agiflent les cordes qui
l ’élèvent & le laiflent conduire ; il Suffit qu’on remarque
qu’il ne rencontrera rien qui puïfife I’èm-
pêcher d’être couché fur cette tablé : elle fait le
fourneau , ou eile en fait au moins la moitié. Pour
apprendre comment elle le fait, nous ne devons
plus lalaiflerregarderfcomme un fimple plan incliné;
nous devons ajouter que fur ee .plan font arrangées
despièces de fonteparaïlëlemenrles unes aux autres,
& parallèlement aux bouts dé ce plan., ou à Tes côtés
inclinés.; elles les égalent en longueur: elles ont
environ deux pouces ocflémi d’épailfeur ; la diftance
qui éft entre elles eft d’environ cinq à fix .pouces.
Xps ouvriers leur ont donné le nom de piliers ,
& nous le leur conferverons. C ’eft fur ces piliers
qu’on couche immédiatement le moule du balcon.
Chaque efpace entre deux piliers eft un foyer ménagé
pour recevoir le charbon ; on le met par l’ouverture
fupérieure : l’inclinaifon du plan lui donne
de la difpofition à defcendre ; il le fait de temps
eh temps par fon propre poids , mais auffi de temps
en temps on lepoufîe avec une verge de fer.
Il n’y a que la moitié de notre fourneau de faite;
mais l’autre ne fera pas difficile à finir : le deflus
même du moule va tenir lieu de table ; on y arrange
des piliers précisément vis-à-vis de ceux qui
le portent ; on couvre enfuite ces piliers avec des
plaques de fonte, 8c dès-lors on a des foyers bâtis
fur la furface fupérieure du moule , comme on en
a fous la furface inférieure. On eft en état de chauffer
également ce moule des deux côtés.
' Les premiers fourneaux de cette efpèce qui ont
été conftruits , avoient pour bàfe trois murs bâtis
parallèlement les uns aux autres, avec rinclinaifon
néceffairê. L’efpacé étoit partagé également par celui
dû milieu; fur ces murs étoient couchées des
barrés d'e fer carré , fur léfquelles on arrangéoit des
briques à plat ; d’autres pofées dé champ entre
celles-ci , forinoient des piliers ou cloifons des
foyérs. Mais qui veut les fourneaux de cette efpèce
durable, fera la table avec dès plaques de fonte ,
Comme nous avons déjà dit qu’on en devoit faire
lés piliers. La dèpenfe même de la conftruâion en
fera diminuée ; on épargnera lès barres de fer carré
qui fervent de Support aux briques ; les plaques feront
moulées avec les piliers.
Auprès du fourneau ou l’on Veut recuire de grands
moules, doit être une place libre, oùTon fafieces
moules , pour épargner la peine du tranfport & le
rifque de les trop fatiguer ; la peine même de les
retourner, de les ouvrir & de lés fermer feroit considérable
f, fi tout cela Te faifoit à force de bras : une
m'achine rend ces manoeuvres de force aifée ; une
efpèce de grue m’a paru celle dont l’ufage étoit le
plus fimplë & le plus commode. La même fert,
non-feulement à faire le moule & à le mettre dans
iin fourneau de recuit ; mais elle peut fervir pour
lés opérations à quatre différens fourneaux, pourvu
; qu’on lui donne un bras d’environ douze pieds de
-longueur. Il éft porté par un arbre qui tourne fur
deux pivots. C et arbre pourrait avoir un pied,
comme les grues Ordinaires , qui mettrait en
état de la faire marcher dans tout l’atelier ; mais
il m’a paru qu’il valoit mieux multiplier les grues
fixes, que d’en avoir Une mobile, qui feule em-
bàrràffe plus que -plufieurs des autres.
~ ‘Ce ferait s’arrêter à ce. qui n’a rien de .particulier
à nôtre a r t, que de décrire comment .avec des leviers
on fait tourner un-tour qui eft poriépar l’arbre
de là grue , comment s’y dévidé la cordé ‘qui pane
fur la poulie du‘bras delà grue.il n’eft pasmême trop
nècéfiaire de ‘faire voir comment On attache cô'tÉe
Corde au moule, au moyen de dïVerfes autres cerclés.
Nous ferons ’feulement.remarquer que, ‘pour ‘Tact-
.Uter cette opération , il y a aux coins des châffis
des anneaux mobiles .dans des pitons rivés fur ces
châffis ; toujours voit-on que le moule étant fuf-
pendu en l’air , il eft aifé de le conduire, de le coucher
8c le bien ajufter fur le fourneau de recuit.
Un avantage de ces fourneaux inclinés, c’eft que
lè moule peut y être autant mis en preffe qu’on
veut ; car on peut le charger de poids à volonté,
après que la couverture fupérieure a été mife : dans
un atelier où l’on %nd, l’on ne manque pas de poids.
J’ai fait quelquefois charger un moule de balcons
de plufieurs milliers ; mais les vis dont ils font liés
exemptent de leur donner de fi grandes charges.
Nous avons dit que ces vis paffoient dans un canon
; fa longueur fait voir qu’il doit fe trouver en
deflus. En plaçant les piliers 8c la couverture , on
ménage des places aux canons de ces vis ; elles fe
trouvent en dehors du feu ; elles ne font pas en
rifque de fe brûler, 8c on peut les ferrer pendant
que le moule recuit, fi on le juge-néceffaire.
Il eft évident que la fonte qui entre dans un moule
incliné , ne fait pas autant d’effort pour écarter
l’une de l’autre les deux moitiés du moule, que
celle qui entre dans un moulé vertical. Il y a donc
moins à craindre qu’elle ne s’ouvre des paflages entre
les deux châffis pour s’échapper, & de même
qu’elle n’agrandîffe des vides ou fe formeraient les
toiles.
, Les panneaux de balcons, comme les balcons
entiers , peuvent s’arranger dans ces fortes de
fourneaux ; on pourrait, & il y aurait de l’épargne,
avoir un fourneau conftruit de manière qu’on y
arrangerait plufieurs balcons les uns fur les auttres.
Les piliers fupérieurs ayant été placés fur le premier
moule, on coucherait le fécond fur ces piliers,
comme on couche le premier fur ceux de la table :
feulement faudrait-il avoir attention que le deuxième
moule ne cachât par les embouchures du premier ;
qu’il montât un peu moins haut , par conféquent
qu’il defeendît un peu plus bas : ce qui engagerait
à augmenter de'quelque chofe la hauteur du fourneau.
•
Les moules des grands balcons ont ordinairement
deux embouchures pour recevoir la fonte, 8c trois
éVents. Il eft plus commode de verfer dans une embouchure
dont le plan eft horizontal , que dans
une dont le plan eft incliné. Afin que les embouchures
des jets fe trouvaffent horizontales, ou à peu
près, malgré l’inclinaifon du fourneau, j’ai fait af-
fembler un des montans de chaque châffis, avec
fes traverfes, dans.l’inclinaifon approchante de celle
de la table ou fourneau, avec Ton plan horizontal.
Les moules des grands vafes peuvent, comme
ceux des balcons, être mis dans des recuits inclinés
; cependant, comme les toiles y font moins à
craindre, parce que les furfaces qu’ils oppofent à
l’impétuoftté de la fonte ne font pas des plans,
l’effort du liquide n’eft pas a fiez puiffant pour
écarter les maffes de fable , qui d’ailleurs font plus
confidérabTes par rapport à deur étendue ; de forte
qu’on peut fort bien couler droits les rrioiftés de
vafes- Un les pofefur leur bafe , qui doit être portes
par une grille fous laquelle il y ait du charbon.
Trois murs élevés autour de cette grille forment
le corps du fourneau. Une de ces faces refte ouverte,
afin que le moule y puifle être introduit 8c en puiffe
être retiré plus facilement.
Quand il eft bien en place, on bâtit le quatrième
mur, ce qui n’eft pas un ouvrage long: mais il eft
plus court de boucher cette partie avec une plaque
de fonte. J’aimerais mieux encore qu’on conftruisît
en entier les quatres faces de ce fourneau avec
quatre plaques de fonte ; les mêmes pourraient
s’àjufter fur le champ , pour former des. fourneaux
de différentes grandeurs ; on pourrait les incliner
plus ou moins , félon que le moule à recuire le demanderait.
Des pitons de fer engagés dans ces
montans en différens endroits , dans lefquels oiï
pourrait faire entrer des crochets , fuffiroiènt pour
tout cela , ce qui fe pourrait exécuter de bien d’autres
manières.
Les moules de terre ne font guère d’ufage que
pour des ouvrages de formes fimples, telles que
celles qui tiennent des vafes ou des cloches , & qui
n’ont d’autres ornemens que ceux qu’on peut donner
fur un tour ordinaire. Notre objet & notre deffein
ne font pas de fuivre le travail de cette forte de
moulerie ; nous voulons feulement apprendre comment
on peut recuire les moules de terre ; nous
prendrons pour exemple ceux de l’efpèce la plus
commune & la plus utile , les moules de marmites.
Ils fe font fur le tour; ils font compofés de deux
parties, d’ün noyau qui occupe l’intérieur du moule,
& d’une chape qui en eft la partie extérieure. Entre
la chape 8c le noyau , eft le vide qui a la forme dé
marmite, ou l’ëfpace que le métal doit remplir. Pour
lui donner entrée, la chape fe termine par un long
col affez reffemblant à celui de quelques bouteilles :
auffi la figure extérieure de ce moule approche affez,
de celle de certaines çruches de terre. Ils font faits
d’une terre franche , pétrie en une certaine proportion
avec du crotin de cheval ; les mouleurs les font
fécher; 8c même un peu cuire , avant de fonger à
les mettre en place pour y couler la fonte. Leur chape
eft affez mince ; fa force n’eft pas fuffifante pour fou-
tenir le poids de ce pefant fluide ; il fe feroit aifé-
ment des paflages pour s’écouler. Il n’eft pas pof-
fible de foutenir de pareils moules dans une preffe
ordinaire; mais on en a imaginé une plus fimple
très-commode. Un épais lit de fable étendu dans
l’atelier, en fait les fondions ; on creufe dans ce
fable ; on y enterre lès moules , de façon qu’il n’y a
à découvert qu’une portion de cette efpcèe de col
où eft l’embouchure du jet. Ce fable bien preffé, bien
tapé autour du moule , le foutient de toutes parts : il
met fa chape mince en état de réfifter parfaitement
à la fonte.
J’ai eu grand regret de me voir forcé à renoncer
à cette façon commode de maintenir les moules.
Mais l’expérience m’a appris qu’on ne pouvoir les
X x x x ij