
Manière de faire les grillages des bibliothèques.
Pour garnir de grillage un panneau de bibliothèque
ou de garde - manger , l'épinglier ayant
décidé la grandeur qu’ il veut donner aux mailles ,
il la prend avec un compas ; il la porte dans une
petite feuillure que le menuifier a faite à l’envers
de fon bâti, & il frappe un petit clou à tête dans
chaque trou du compas, tant aux traverfes horizontales
qu’aux verticales.- 1 II eft fenfible que fi les clous étoient plus près
à près dans les traverfes que dans les montans , les
mailles feroient oblongues par en bas : au contraire
, fi les clous étoient plus éloignés aux traverfes
qu’aux montans, les mailles feroient oblongues
en travers. Mais ordinairement on place les
clous à égale diftance, tant fur les traverfes que
fur les montans.
L’épinglier décide la grofiéur du fil qu’il veut
employer ; & afin qu’il ne rompe point en faifant
les noeuds, il le recuit. Il lç jaunit enfuite avec le
tartre , & il le drefle, comme nous l’avons expliqué
plus haut. Mais en le dreflant, il a foin de le couper
de longueur ; & la pratique lui a appris qu’il faut
que la longueur de chaque bout de ni foit trois fois
la hauteur du panneau qu’il veut garnir , mettant
cinq , fix , ou huit pouces de plus, fuîvant la hauteur
du panneau. On plie les bouts en deux ; ori
met le pli fur chaque clou de la traverfe , & on
les arrête par un noeud qui fe fait en tortillant une
fois les deux bouts du même fil l’un fur l’autre ,
comme fi l’on vouloit en former une corde. Tous
les clousMe la traverfe étant ainfi garnis de fil,
dont deux bouts répondent à chaque,clou, il s’agit
de faire les mailles ; c’eft ce que nous allons expliquer.
L ’ouvrier prend un des fils du clou i , qui doit
être à une demi-diftance de la feuillure ; on lui fait
faire Une révolution autour du clou a , ce qui fait
la demi-maille ; puis rapprochant l’un de l’autre le
fil du clou i , avec un des fils du clou 2., on forme
à la réunion un noeud , en leur faifant faire l’un fur
l’autre deux révolutions , ce qui fait une demi-
maille. On réunit de même l’autre bout du clou 2.,
avec un des bouts du clou 3 ; l’autre bout 3 , avec
un des bouts du clou 4 ; l’autre bout 4 , avec un
des bouts 5 , & ainfi dans toute la longueur de la
traverfe ; ce qui fait les demi-mailles.
Ÿour faire le premier rang de mailles entières,
o n prend un des bouts du premier noeud , qu’on
entortille avec le fil qui pend au clou a , ce qui fait
le noeud n ; puis rapprochant l’autre fil 2 , d’un fil
du fécond noeud , on fait un noeud 0 ; avec l’autre ;
fil du fécond noeud & avec un du troifième noeud,
o n fait le noeud p ; & en continuant de même
dans toute la longueur, on a le premier rang de
mailles entières. En répétant cette manoeuvre dans
toute l’étendue du panneau, il fe trouve garni de
mailles ; on arrête les bouts de fil qui répondent à
chaque cJou, en les tordant i’yy fyr l’antre aveç
des pinces, & en frappant les clous pour que leurs
têtes appuient fur les fils.
Pour que l’ouvrage foit bien fa it, il faut qlle
l’ouvrier , à chaque maille qu’il fait, regarde fi elle
efl bien lofangée & fi le noeud qu’il va faire répond
bien aux autres noeuds, foit dans le fens horizontal
foit dans le fens vertical. Quand les apprentis manquent
en ce point, leurs mailles font difformes •
& les fils qui. étoient bien diftribués dans toute la
longueur de l’ouvrage, fe trouvent en plus grand
nombre d’un côté que d’un autre. Ils ne peuvent
réparer ce défaut qu’en faifant à.defléin des mailles
irrégulières , dont l’irrégularité eft dans un fens
différent de celles, qu’ils avoient faites par ignorance
ou faute d’attention. Ainfi, quand on reçoit
ces ouvrages , il faut prêter attention aux mailles
pour voir fi elles font pareilles & égales, & voir fi
tous le,s noeuds fe répondent bien exa&ement, tant
de haut en bas, que de droite & de gauche. '
De plus, comme les grillages font d’autant plus
chers que les fils font plus gros & les mailles plus
petites, il faut examiner fi l’épinglier s’eft conformé
au modèle dont on eft cou venu ; car ces ouvriers
ont des modèles de grillages de toutes les façons,
fur- lefquels ont fait le marché ; & quand on en a
choifi un, l’épinglier doit s’y conformer.
On fait de ces grillages , en ne faifant qu’un®
révolution à chaque noeud ; mais il eft à propos
d’en faire deux. Le grillage en eft toujours mieux
tendu ; & de plus, quand il n’y a qu’une révotation,
fi un fil vient à rompre , tout fe dérange;
au lieu que les deux révolutions font un noeud
folide, & le dérangement ne s’étend pas au-delà
de la maille.
On pourroit varier la forme des mailles, en faifant
à chaque noeud trois ou quatre révolutions, au lieu
de deux; mais l’ouvrage en feroit plus coûteux,
& ne préfenteroit rien de plus agréable à la vue.
Quelquefois les épingliers montent leurs grillages
fur un châflis de gros fil de fer , qu’on cloue enfuite
dans la feuillure de la menuiferie ; cela fe pratique
pour les-ouvrages, qu’on envoie en campagne.
Quand les panneaux font. fort grands, on fou-
tient le grillage, de diftance en diftance, par des
traverfes de gros fil de fer ou de laiton, fur lefquels
on tranchefile le grillage ; c’e ft- à -dire, qu’on le
coud, en quelque façon, avec des révolutions dqn
fil de laiton très-fin, qu’onroùle autour des traverfes
de gros fil, & encore autour des mailles du grillage.
Cribles de fil de laiton ; ou de fer.
Un petit chef-d’oeuvre de l’épinglier eft de fair®
des cribles de fil de laiton pour nettoyer les grains :
les mailles en doivent être alongées; il en faut pro**
portionner la grandeur à la groffeur des grains qu’on
veut nettoyer.
Pouf cela, on met les fils près à près fur les traverfes
& fort éloignés fur les montans ; ce qui rend
les mailles fort alongées. On ne tortille point les
fijs verticaux les uns £ur les autres ; mais on les
joint par un fil fin horizontal , qu’on entortille
autour des fils verticaux.
Quant aux cribles ordinaires de fil de fe r , qui
font inclinés & dont tous les fils font parallèles ,
on tend fur un châfiis, trois, quatre ou cinq fils.
Après avoir drefie du fil 'de fer fans le recuire, on
le. coupe par bouts de vingt-cinq ou vingt-huit
pouces dé longueur, Sc on les arrange fur les fils
perpendiculaires;, puis oïl tranchefile les fils, horizontaux
fur les fils perpendiculaires, avec un fil de
laiton fin & bien recuit, en faifant avec le fil fin
une feule révolution autour des fils horizontaux &
perpendiculaires. Il faut mettre les- fils horizontaux
affez près les uns des autres , pour qu les grains de
froment ou d’orge fie puiffent pas paffer au travers.
Cages, fouricières, èfpaliers. '
Les cages à perroquets & les fouricières fe font
de même, en tranche-filant avec du fil de laiton les
brins de fil de fer fur des traverfes.
Pour faire en fil de fer les,treillages des efpaliers ,
on icelle à la muraille trois files de crochets ; favoir,
une au haut, une au milieu , &une au bas : on fcelle
aufli, de toife en toife, des files de crochets de haut en
bas, enfuite on tend des fils de haut en bas, & on les
attache aux crochets d’en haut, en tortillant le bout
du fil de fer recuit autour de chaque crochet & aufli
autour de lui-même. Quand tous les fils font coupés
de longueur , on leur fait faire une révolution autour
des ’crochets du milieu , & on les arrête aux
crochets d’en bas. Ces fils verticaux étant bien tendus
, on tend les fils horizontaux , & on les arrête
aux fils de crochets verticaux, &c. comme on a fait
pour les fils qui font tendus verticalement : ainfi les
derniers fils croifent les autres à angle droit, de
forte que les uns & les autres forment de grandes
mailles carrées : on trouve qu’elles ont plus de grâce
en leur donnant un quart plus de hauteur que dé
largeur. Enfin, avec du fil de laiton menu & bien
recuit,. on fait à chaque endroit où les fils verticaux
font croifés par les horizontaux, un petit noeud en
tortillant ce petit fil de laiton fur lui-même, & le
coupant à chaque noeud; il faut de plus que ces
noeuds attachent les fils aux crochets, par-tout où il
V O C A B U L A I R E
A •Ra d o u c ir , s’entend de l’aélion d’ôter les traits
de la groffe lime avec une plus fine , pour pouvoir
polir l’ouvrage plus aifément & plus exactement. Il
faut obferver en adouciffant, d’applatir tarit foit
peu la place dé la châflé.
Af f ic h e s ; ce font les broches o u fiches de f e r ,
qui fervent à retenir la filière.
A g r a f f e s ; celles des épingliers font faites avec
un fil de fer ou de laiton, différemment courbé.
Aig u il l e ; on nom m e ainfi la tige de l’outibot à
laquelle eft attachée la corde qui le fait m ouvoir.
A iguilles d e t a b l e t t e s ; ce font de fortes &
s’en rencontre. La tricoife dont on fe fert doit être
coupante; en la ferrant peu, on-tortille le fil ; &
quand il eft tortillé, on ferre la tricoife pour le couper
, & von donne un petit coup avec la même tricoife
pour recourber le fil tortillé.
On paffe avec un petit pinceau une couche de
couleur noire broyée à l’huile, pour empêcher le fil
de fer de fe rouiller. Les treillages de fil de cuivre
n’étant point fujets à la rouille , font bien meilleurs
que ceux de fil de fer ; mais aufli ils font beaucoup
plus chers. ( Arts de Védition de Neufckâtel. )
Communauté des Epingliers de Paris.,
Gette communauté, très-ancienne & autrefois
très - confidérable , étoit gouvernée par , d’anciens
ftatuts quijfurent renouvcliés par Henri IV en 1602?,
On a uni cette communauté à celle clés aiguil-
liers en 1695 , en vertu* des lettres - patentes de
Louis XIV.
Le commerce des maîtres épingliers confifte en
toutes fortes d’aiguilles, épingles , clous d’épinglés;
& le nombre des jurés de leur corps eft réduit à
I trois, deux épingliers & un aiguiiller, dont l’un
s’élit tous les ans.
Chaque maître peut avoir deux apprentis à-la-fois
obligés pour quatre ans , & avec la claufe exprefle
que c’eft pour être au pain du maître.
Les veuves comme dans les autres communautés.
Le compagnonage eft d’un an.
Le chef-d’oeuvre eft un millier d’épingles préfenté
aux maîtres, pour en dire leur avis.
Il y avoit autrefois quatre-vingt maîtres, dont le
nombre n’excédoit qu’en faveur de ceux qui payoient
1200 liv. de réception ; & lorfque le nombre n’étoit
pas complet, on y recevoitles apprentis après quatre
ans d’apprentiffage, pour fix à lept cent livres.
Par le dernier édit du mois d’août 1776, les épingliers
font réunis avec les cloutiers & les fer ail leurs,
avec lefquels ils font une même communauté. Ils
ont la permiflion de faire le commerce de petite clin-
caillerie en échoppe ou étalage feulement, & non
en boutique ni magafin, & ce en concurrence avêc
le mercier. Leurs droits de réception font fixés à
100 liv.
de l ’Art de FEplnglier,
longues épingles, dont la pointe eft menue & la tête
fort groffe.
A iguilles a tricoter ; ce font des brins de fil
de fer ou de laiton, auxquels on fait aux deux bouts
une pointe raouffe fur la meule de fer.
A mollir les tetes d ’é p in g l e s ; c’eft les faire
rougir fur un brafier dans une •cuiller de1 fer , pour
les rendre plus fouples au frappage. •'
A perçoir ; c’eft une plaque de tôle ou de fer-
blanc , attachèe avec ùri clou à chaque colri du billot
de la meiilè de l’épinglier.
A^ÉRItoire ; c’eft une plaque de fer ou de cornç^