
on fixe en quelque forte fa couleur fujette â fe paf-
fe r , en le verniffant ; il prend très-bien le poli.
P u a n t ; ( bois ) arbre qui croît au Cap de Bonne
Efpérance : il eft d’un beau grain nuancé ; il a une 1
odeur défagréable, mais qui fe perd avec le temps ;
on en fait peu d’ufage en France.
Rhode , ou Rose ; (bois de) il y a deux efpè-
ces de bois de rhode oit de rofe. La première qui
nous vient de la Jamaïque a l’écorce rude , brune ,
& garnie d’épines : fon bois eft folide, blanc, a
beaucoup de moelle, & une odeur très-pénétrante.
La fécondé forte fe tire des îles Antilles : c’eft .
l’efpece la plus commune, connu particuliérement
fous le nom de bois de rofe ou bois marbré : fon bois <
eft ferme fans être dur ;.la couleur eft celle de feuille
morte, mêlée de jaune & de rouffâtre, & d’un rouge
violet difpofé par tranches à peu près égales ; il eft
aufli rayé, veiné, ou même marbré; c’eft un des plus
beaux bois, & celui dont on fait aufli le plus d’ufage
en ébénifterie : le bois rofe exhale , lorlqu’on le travaille
, une petite odeur de rofe : fes noeuds offrent
des variétés qa’un artifte peut employer avec goût.
Rouge , (bois) ou bois de sa n g ; arbre de
l’Amérique , près du golfe de Nicaragua : fon bois !
eft dur, d’un très-beau rouge ; il fert aufli en teinture.
Sainte Lucie , ( bois) ou padus , efpèce de ce- j
rifier fauv.age qui croît en Lorraine & aux environs j
de Verone en Italie : fon bois eft compare ; fa cou- j
leur d’un gris rougeâtre ; fon odeur, qui augmente '
avec le temps, eft affez agréable : il faut l’employer i
fec, fans noeuds, ni aubier.
Il ne faut pas confondre le bois de Sainte Lucie
avec le mahaleb ou le ccrifier des bois, qui lui reflem-
ble par la couleur, mais qui a plus de dureté, &
n’a point fon odeur.
Santal ou Sandal ; on en diftingue trois efpè-
ces , favoir, le citrin ^ le blanc, & le rouge.
Le citrin ou jaune croit à la Chine , au royaume
de Siam , aux îles de Solor & de Timor ; fon bois
eft moyennement dur & pefant : fes fibres font droites
, d’une couleur roufle pâle ou jaunâtre, tirant
fur le citron ; fon goût eft aromatique, un peu amer,
mais point défagréable ; fon odeur participe de celle
du mufc & de la rofe.
Le fantal blanc croît dans lé même pays , & eft
femblable au fantal citrin, à la différence de la couleur
; on nomme aufli cet arbre farcanda.
Le fantal rouge, appelle aufli pantagna, croît dans
l’île de Tanaflerin & fur la côte de Coromandel:
fon bois eft compaâe & lourd : il eft à l’extérieur d’un
rouge brun prelque noir, & â l’intérieur d’un rouge
foncé, mêlé d’un peu de jaune ; il n’a point d’odeur.
Satiné; (b ois ) cet arbre croît aux îles Antilles:
fon bois eft plein, dur, réfineux & poreux ; il eft
plutôt nuancé ou ondé que rayé : il y en a dont le
fond eft rouge, veiné de jaune , de rouge foncé,
& de gris olive. La beauté de ce bois confifte à avoir
un air tranfparent ; il fe polit très-bien , & eft fort
employé en ébénifterie.
Sauvageons ; o n nomme ainli des poiriers ou
f pommiers qui n’ont point été greffés : ces bois fon«
la plupart très-durs & difficiles à travailler.
Sureau ; arbre commun en France le bois du
tronc & des grofles. branches eft p lein, dur & liant
de couleur jaune, femblable à celle du buis ; on en
fait affez d’ufage en ébénifterie, à caufe de fa bonté
& de fa belle couleur.
V iolet ; (bois) cet arbre vient des Indes orientales
: il eft affez femblable au bois rofe, du moins
pour fa forme & la difpofition de fes couches concentriques;
fa couleur dominante eft le brun violet
, prefque noir, rayé de blanc vineux ; il eft plus
compaâe que le bois rofe, mais eft fujet à être carié
au coeur, & à avoir des noeuds vicieux qui le rendent
difficile à travailler ; il a une odeur de violettei
Il y a une autre efpèce de bois violet, nommé pa-
liffandre ou palixandre, lequel vient des Indes occidentales
en grofles bûches : ce bois eft moins beau
que le violet, plus poreux, d’un grain prefqu’auiTt
gros que le chêne ordinaire : fa couleur eft d’un gris
foncé , plutôt que v iolet, femé de quelques veines
d’un blanc roux , & en général affez trifte.
Le bois de paliflandre rend une odeur agréable,1
plus forte que celle du bois de violette ; & comme
il eft plus réfineux, fon odeur augmente par le frottement.
On nomme aufli le paliflandre bois de Sainte
Lucie, foit parce qu’il croît à l’île de Sainte Lucie
l’une des îles Antilles , foit parce qu’il reflemble
beaucoup au bois de Sainte Lucie, efpèce de ceri-
fier qui croît en Lorraine.
De la Teinture des Bois.
L’art de l’ébénifterie, aufli nommé peinture ei
bois, demande, pour l’exécution de fes deflins, des
bois de toutes les couleurs ; mais parmi les bois
étrangers & françois , il y a beaucoup de couleurs
foibles qui paflent, & même de couleurs qui manquent
, telles que le bleu, le verd, Y orangé, le gris, &c.
& plufieurs nuances qu’on ne peut fe procurer que
par la teinture.
Cependant les ébéniftes ont toujours fait un très-
grand fecret de là compofition de leurs teintures
de-là vient que la plupart des compofitions dont fe
fervoient les anciens ébéniftes, font ignorées, ou
mal imitées.
On regrette fur-tout la perte de la méthode de
Jean de Veronne, qui teignoit les bois avec des
teintures bouillantes, & des huiles qui les pénétraient
, ce qui feroit une chofe avantageufe à favoir.
Il feroit aufli bien eflentiel qu’on pût trouver
le moyen d’employer les drogues de bon teint dans
la teinture des bois , parce que leurs couleurs en fe-
roient plus durables ; mais par malheur les parties
colorantes de la plupart des drogues, font trop épaif-
fes pour pénétrer dans l’intérieur des bois ; ce qui eft
pourtant néceffaire, afin qu’en travaillant les bois
teints, ils fe trouvent toujours de la même couleur,
tant à l’intérieur qu’à la furface.
Au refte, voici les moyens connus pour teindre
& colorer les bois propres à l’ébénifterie.
Teinture
Teinture en Bleu«
Le ileu, pour le bois, fe prépare à froid de la mani
ère fuivante. M , • • 1 j i
On verfe, quatre onces d’huile de vitriol de la
meilleure qualité dans une bouteille de pinte, fur
une once d’indigo réduit en poudre très-fine ; en-
fuite on remplit d’eau la bouteille, du moins a peu
de chofe près; on la bouche très-exaâement, & on
lute le bouchon avec de la cire : après quoi on laifle
le tout infufer pendant cinq à fix femaines, au bout
defquelles on peut fe fervir de cette teinture qu’on
fera plus ou moins forte T en y mettant autant d’eau . -
qu’on jugera à propos , en obfervant toutefois d’y
ajouter un peu d’huile de vitriol pour que la teinture
ait plus de mordant..
Quand la teinture eft au degré de force dont on
a befoin, on la met dans un vafe de grès ou de terre
verniffée, & on y laifle tremper les bois jufqu’à ce
qu’ils en foient tout-à-fait pénétrés ; ce qui demande
quelquefois quinze jours & même un mois de temps,
félon la dureté & l’épaiffeur des bois, qui cependant
ne peuvent guère avoir plus d’une ligne.
’ pour connoître quand l’intérieur du bois eft pénétré
, on coupeur! peu le morceau de bois par le bout
à environ deux ou trois lignes de fon extrémité ; & |
quand les morceaux qu’on veut teindre ne peuvent
pas être ainfi coupés, on met avec ces derniers un
autre morceau de pareille qualité, fur lequel on fait
des effais qui affurent du degré où font les autres
morceaux. ,
Teinture en Jaune,
Les ébéniftes teignent en jaune avec de l’épine-vinette
, de la terre à jaune & du fafran qu’ils font
bouillir ènfemble ; puis ils trempent les bois jufqu’à
ce qu’ils foient totalement teints. La proportion de
ces drogues eft de deux litrons d’épine-vinette, fix
fols de terre à jaune , & quatre fols de fafran.
La décodion de gaude donne aufli. un très-beau
jaune, de bon teint ; on y fait tremper les bois
à l’ordinaire.
En joignant à cette décodion, un peu de verd de
gris, on a un jaune couleur de foufre.
Le fafran, infufé dans de l’eau de v ie , donne un
très-beau jaune doré.
Les ébéniftes & les menuifiers en meubles emploient
aufli quelquefois une efpèce de couleur jaune
, laquelle eft compofèe d’ochre jaune & de vernis
commun., ou de ce même oehre & de la colle
d’Angleterre très-claire.
Teinture en Rouge,
On fait ordinairement le rouge avec du bois de
Brèfil, qu’on fait bouillir avec fix fols d’alun fur
chaque livre de bois.
Mais ce rouge eft un faux teint ; & comme il eft
lutôt orangé que rouge ,o n peut lui fubftituer le déouilli
de laine qui donne un très-beau rouge tirant
fur le rofe, qu’on rend plus foncé en foumettant les
Arts & Métiers. Tome II. Partie /.
ffiorceâlfx qui ont été teints dans le débouilli, la a
teinture débois de Brèfil, mêlée d’alnn, ce qui alors
donne un très-beau rouge qui eft plus ou moins
foncé, félon qu’on laifle les morceaux de bois plus
ou moins long-temps dans la teinture de bois de
Brèfil. _ ‘ Viir i r -n * Tf
La teinture de débouilli fe fait fort anèment. Il
ne s’agit que de faire bouillir de la laine teinte à cet
effet jufqu’à ce qu’elle rende une belle décoction
rouge, & d’éviter de la faire trop bouillir, parce
qu’alors la laine reprendroit la couleur. ^
La proportion de la quantité de la laine à dèbouil-
lir eft d’iine livre pour quatre pintes d eau pour le
premier débouilli ; auquel on peut faire fucceder un
fécond, même un troifième, jufqu’à ce que la lame
ne rende plus de couleur. -
La décoâion de bois de Brèfil fans alun, donne
un rouge jaunâtre affez beau, qu’on nomme capucine.
La décoâion du bois d’inde eft très-rouge; mais
elle fait une teinture noirâtre, qu’on rend d un très-
beau violet, en y mêlant de l’alun de R ome,.
Teinture en Fauve,
La teinture fauve fe fait avec 4a décoâion. de
brou de noix , laquelle peut être plus ou moins forte
, félon qu’on juge à propos, en y ajoutant tour
jours un peu d’alun.
Teinture en Noir.
Le beau noir fe fait en teignant d’abord te boîs
dans une décoâion de bois d’Inde ou de Çampeche,
ce qui eft la même chofe.
Quand cette première teinture eft fèche, on fait
tremper le bois dans une décoâion de noix de galle
’dans laquelle on a mis de la couperofe verte ou du
vitriol de Rome. Quelquefois on ne fait qu’une
feule teinture de ces divers ingrédiens , dont la pro-
I portion doit être d’une partie de noix de galle,
une partie de vitriol, & fix parties de bois d’Inde ;
le tout bouilli enfeitible, dans laquelle on fait trena»
per le bois jufqu’à ce qu’il foit pénétré.
Teinture èn Gris*
La teinture en gris fe fait avec une décoâion de
noix de galle, dans laquelle on fait diffoudre du v itriol
verd en moindre quantité que pour le noir.
Plus il y a de couperofe, plus le gris eft foncé. La
proportion ordinaire eft d’une partie de couperofe
fur deux de noix de galle.
Teinture en Verd.
La teinture verte des ébéniftes fe fait ordinairement
avec les mêmes ingrédiens que pour le bleu,
auxquels on ajoute de l’épine-vinette' en plus ou
moins grande quantité, félon qu’on veut que le verd
foit plus ou moins foncé.
On fait un beau verd-pomme, en teignant d’abord
les bois dans le bleu à l’ordinaire, & les faifant tremper
enfuite dans la décoâion de gaude, plus ou
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