nent en meme temps à des procédés qui fe fuivent, j
en feront placées dans des points de vue plus convenables.
Suppofons nos moules faits. Confidé-
rons-les pofés & affujettis dans des fourneaux de
recuit, foit droits, foit inclinés , foit bâtis de brique,
foit de plaques de fonte, & qu’on les y
chauffe avec du charbon. On m^furera le temps
néceffaire à fondre la quantité de matière dont on
veut les remplir, de façon qu’elle ne foit en bain
que quand ils feront affez chauds. Selon la différente
épaiffeur de leur fable , ils demandent des
durées de chaleur différentes. Ils veulent êtte aufli
plus ou moins chauds , félon la qualité de la fonte
dont on doit les remplir. Nous avons vu que telle
fonte grife reliera douce dans un moule dont l’intérieur
commencera à peine à’ rougir, pendant
que d’autre fonte grif%fe durcira, fi l’intérieur du
moule n’eft d’un rouge tirant fiir le blanc. Enfin
le moule demande à être plus ou moins chaud,
félon que les pièces qui y font moulées ont plus
ou moins d’épaiffeur. L’attouchement d’une quantité
égale de fable eft moins en état de refroidir
une groffe maffe de matière qu’une petite.. Des
pièces extrêmement minces, qui ne font que des
efpèces de feuilles , exigent qu’on chauffe leurs
moules confidérablement davantage que ceux des.
pièces maflives ; mais auffi leurs moules étant moins
épais, font plus aifés à échauffer.
Delà il paroît une efpèceft’impofîibilité d’établir
des règles précifes. Il y a tel moule de terre à qui
une heure de feu fuffira , & il y a des moules en
fable à qui il en faudra plus de dix-huit. Ce ne
font pourtant que ceux d’une grandeur extraordinaire.
Ceux qui feront dans les châlfis de grandeur
commune , ne demandent le plus fouvent que huit
à dix heures de recuit. C ’ell ce qu’on faura avec
allez de précifion, quand on aura fait elfai dans
ces moules de la fonte dont on ell fourni. Pour
même ne rien rifquer, dès ce premier elfai on rendra
les mouler chauds au-delà de ce qu’ils ont be-
foin de l’être. La chaleur du moule ferait poulfée
exceffivement loin , fi elle alloit jufqu’à gâter quelque
chofe. On diminuera, dans J ’elfai fuivant, de
celle qu’on avoit donnée dansée premier. Ainfi
dans peu l’on parviendra au point de ne confumer
que le charbon néceffaire.
D ’ailleurs on ne fe conduit pas ici aulîi à tâton
qu’on fe le pourrait imaginer : on voit, quand on
le v eu t, l ’état de l’intérieur du moule ; on n’a qu’à
ôter le bouchon qui ell au delfus du jet. Tout y
ell obfcur quand la chaleur n’a pas pénétré; mais
la clarté y- vient, dès que les parois intérieures
arrivent à quelque nuance de rouge : devenues
lumineufes, elle fe font voir fans ôter même le couvercle
dont, nous venons de parler : on reconnoît
affez bien où en ell le dedans du moule. Nous
avons dit que ce couvercle ou, bouchon ell percé
en arrofoir : quand l’intérieur du moule a pris un
certain degré de chaleur, il s’en élève une. petite
flamme qui fort par les trous du bouchon : les nuances
de cette flamme changent, & fervent de règle ;
plus l’intérieur devient chaud, plus elles blanchif-
fent. Pour tous les grands moules , comme ceux
des balcons & des vafes", on ne commencera à
faire fondre le fer qu’après que la flamme de l’intérieur
du moule aura paru.
Quand on juge les moules au point où il ne leur
faudra plus qu’une heure ©u une heure & demie
de feu, & qu’ils demanderont pour être tous remplis
, environ deux cents livres de fonte, on commence
à faire agir les foufflets pour la mettre en
fufion. La quantité de matière que nous fuppofons
néceffaire , montre que nous prenons ici le travail
en grand dans une vraie manufacture. Dès là il ell
clair que ce n’eft pas d’un creufet de terre qu’on doit
fe fervir, mais d’un de fer forgé’ pareil à ceux que
nous avons décrits dans la première partie. Nous y
avons expliqué la conftruftiori de l’efpèce de fourneau
où on lé place , qui a quelque relfemblance
avec les affineries des petites'forges : & c’eft celui
qui jufqu’ici m’a paru d’un ufage plus commode.
Il confifte dans un trou rond , qui eft immédiatement
au deffous de la tuyère ; là le creufet eft
porté par une efpèce de grille à une profondeur
telle que fon bord fe trouve à fleur ou feulement
quelques pouces au delfous de la table ou de la
fiirface fupérienre du maflif de la maçonnerie de
l’affinerie. Au deffous de la grille ou pièces équivalentes
qui foutiennent le creufet, eft une autre
grille fur laquelle on met des charbons ; la circulation
de l’air feul peut fuffire pour lés tenir bien
allumés , & on les allume environ une demi-heure
avant de commencer à fondre ; car on ne commence
à fondre que quand le fond du creufet &
partie de fes parois font extrêmement rouges : ce
font les charbons de la dernière grille qui doivent
produire cet .effet.
Le creufet qu’on met en place., a été luté intérieurement
d’une couche de terre propre à réfifter
au feu. Nous avons averti ailleurs qu’elle eft né-
ceffaire pour empêcher le fer fondu d’attaquer le
fer forgé. Nous ajouterons à préfent qu’outre cette
première couche de lû t, il eft très-important d’en
donner une fécondé d’un lut d’une autçe efpèce.
Celle-ci produit deux effets , l’un de conferver la
douceur à la fonte , & l’autre de la tenir fondante.
Pour faire fentir la conféquence de ce dernier, je
rapporterai ce que je trouvai à la manufaéture de
Cône, au voyage qui fuivit celui où j'avois commencé
à mettre le travail en règle. Lorfqu’on ve-
-noit à verfer la matière des creuiets, il n’y en avoit
qu’une partie qui fût verfable , le refte étoit figé.
Les ouvriers avoient donné le nom de gâteau &
l’ont confervé à cette portion figée : quelquefois
elle alloit à plus de la moitié de celle qui avoit été
fondue. Ce que cet inconvénient avoit de plus fâcheux
n’étôit pas la dépenfe de la fufion faite inutilement.
On étoit dans des incertitudes bien pires
, fur-tout quand on avoit de grands moules à
remplir. La capacité du creufet ne guidoit point fur
la quantité de matière qu’on pouvoit fe promettre.
Un moule qui n’avoit pu recevoir que cent livres ,
n’étoit quelquefois pas rempli par le creufet qui en
contenoit plus de deux cents. Il eft certain qu’en
chauffant'plus vivement le deffous & les contours
du c r e u fe to n y eût entretenu la fonte plus fluide.
Un fouffiet qui eût agi fur les charbons , eût pu les
animer au point néceffaire , mais aufîi eût-on fatigué
le. creufet. Le fécond lu t, dont je vien’s de
parler, empêche la fonte de s’épaifîir, quoique le
feu de deffous le creufet ne foit pas violent ; ce lut
ne confifte qu’en une terre pétrie avec le crotin de
cheval, qu’on mélange avec autant de poudre de
charbon qu’il eft poflible, fans lui ôter toute con-
fiftance. On revêt l’intérieur du creufet d’une couche
de cette compofition épaiffe d’environ quatre,
à cinq lignes. J’avois donné cette pratique ; on
l’avoit négligée , parce qu’on ne la croyoit néceffaire
que pour l’adouciffement de la fonte, qu’on
avoit d’une autre maniéré ; mais dès qu’on l’eut
reprife , il ne fe fit plus de gâteau : la fonte du
creufet couloit le plus fouvent jufqu’à la dernière*
goutte.
Le creufet doublement luté, étant chaud fuffi-
famment pour recevoir la fonte fans quelle s’y fige,
on jette dedans de la compofition en poudre, c’eft-
à-dire, de ce mélange de poudre d’os & de pou-,
dre de charbon, que nous avons enfeigné ailleurs ,
ou même de la feule poudre de charbon. La mefure
eft d’en mettre environ épais de deux ou trois doigts
fur le fond du creufet. Quand la fonte y tombe
par la fuite, elle foulève une partie de cette poudre
; fa furface en eft toujours couverte. Tout étant
ainfi difpofé, l’on achève de remplir le creufet
avec des charbons noirs ; on en met même jufqu’à
ce que le tas s’élève au deffus de la tuyère : alors
on lève la pile, & l’eau fait agir les foufflets de bois,
dont le vent allume les charbons.
Sous ces charbons eft la fonte qui doit être fondue
; c’eft-à-dire , qu’ils couvrent le bout d’une
longue pièce, dont le refte pofe fur la table de l’affi-
nerie ou du fourneau. La figure & la groffeur de
cette pièce ne font pas indifférentes ; elle peut avoir
la figure d’une gueufe ordinaire ; mais elle ne doit
pas, à beaucoup près, en avoir le diamètre : une
fi groffe pièce fondrait avec plus de peine , & donnerait
une fonte moins coulante. Au lieu de gueu-
fes, on peut employer des pièces de fonte de même
figure, qui ne pèlent que cent ou cent cinquante
livres , pendant que les gueufes pèfent quelquefois
jufqu’à deux mille cinq cents & davantage. On
les nomme des guépards ; ils font près de la moitié
plus courts que les gueufes, & moins gros en plus
grande proportion.
Des morceaux de fonte courts, comme des fragmens
de plaques & autres , ne conviennent point
ici. Le métal ne doit tomber dans le creufet que
fluide ; & c’eft ce qui arrive à ce qui fe détache du
bout d’une longue pièce. Mais des morceaux courts
perceraient quelquefois les charbons par leur propre
poids , §l defcendroient avant de s’ètre liquéfiés.
On a pourtant quantité de fragmens'dans une
manufa&ure ; les reftes des creufets, les pièces mal
venues en fourniffent : quoiqu’on ne les refondît
pas pour les jeter en moule, ces débris ne feraient
pas inutiles : on en peut faire du fer en barre, &
même meilleur qu’avec les fontes ordinaires : on
peut aufîi les refondre; mais pour le faire plus
commodément, au lieu de guezards il faut, pour
le travail ordinaire, avoir des pièces qui aient la
forme , & on leur en donne le nom, de membrure ,
c’eft-à-dire, des pièces longues & plates , dont
l’épaiffeur foit au plus de deux pouces, & la largeur
de fix à fept. En elle-même cette forme vaut
mieux que celle des guezards, & de plus elle donne
la facilité de fondre les fragmens fans rifque : 011
en charge la membrure près de fon bout. Elle ne
les lalffe tomber que lorfqu’ils font fondus , ou que
la partie qui les porte l’eft : elle eft rarement fondue
avant les fragmens qu’elle foutenoit.
A mefure que le bout d’une membrure ou d’un
guezard fe fond, la pièce fe raccourcit & fe trouve
plus loin de la tuyère ; aufîi de temps en temps l’en
rapproche-t-on, & de même de temps en temps
on la recouvre de nouveaux charbons. Enfin,
quand le creufet eft plein , ou qu’il contient la
matière qu’on a voulu y faire entrer , le fondeur
fonne une cloche, ou ce qui en tient lieu , frappe
avec un marteau fur quelque plaque de fe r , pour
avertir les ouvriers deftinés à verfer la fonte dans
les moules, de fe rendre : ils apportent l’armure du
creufet près de l’affinerie ; ils ajuftent dans les tenons
les deux ringards, avec lefquels on la porte ; ils
pofent auprès la clavette qui fervira à y arrêter le
creufet, & tout auprès, un marteau & un fouffiet
à main.
Tout ainfi préparé, le fondeur pouffe fur la table
de l’affinerie les charbons qui couvrent le deffus du
creufet ; il amortit une partie de leur ardeur, en
jetant deffus quelques cuillerées d’eau. Alors un
ouvrier monte fur l’affinerie ; il tient l’anfe qui doit
être rapportée au creufet ; il la paffe dans les oreilles
: auffitôt il paffe dans cette anfe un ringard qui
doit fervir à élever le creufet & à le porter comme
on porte avec un bâton un chauderon ou un feau.
Il prend un des bouts de ce ringard, & un autre
ouvrier prend l’autre. Leur première aâion eft de
retirer le creufet de fon trou, & de l’élever fur la
table de l’affinerie. La fécondé eft de le defcendre
au bas de l’affinerie, & la troifième de le placer
dans l’armure. Dès qu’il y eft, on emporte avec
un crochet le gros des charbons qui y étoient ref-
tés ; & on le couvre en partie d’une plaque de tôle
coupée carrément , mais plus longue que large.
Elle doit porter fur les bords du creufet ; mais elle
doit laiffer à découvert un efpace auprès du bec.
Enfin l’on fait entrer à force dans les entailles des
montans de l’armure’ la clavette qui doit gêner le
creufet, comme nous l’avons expliqué ailleurs 9/
& qui gêne en même temps la plaque que nous
Y y y y ij