
che étant brûlée, il refte toujours quinze pouces
de hauteur jufqu’au fond du creufet.
La tuyère & les timpes étant pofées, on formera
les étalages E l , E l , dans toutes les figures, de
manière qu’ils aillent joindre la racine des parois
en II : on les montera en ligne droite ; mais fi on
les fait en fable, on obfervera de les bomber d’environ
deux pouces , parce que le fable fe retirant [
par l’aétion du feu , ils reviendront à la ligne
droite.
La forme du vide que produifent les étalages eft
un cône elliptieoïdal irrégulier, tronqué & renver-
f é , dont la bafe 1 1 eft l’ellipfe du foyer fupérieur,
la même qui fert de bafe aux parois ; l’autre bafe
de ce cône eft le contour de la partie du creufêt
renfermée entre les coftières de la tuyère & du
contrevent, & la ruftine & la timpe : la forme de
cette bafe eft un parallélogramme dont les angles
font arrondis; la longueur eft de vingt-fixpouces,
& la largeur de quinze. On peut aufli prolonger
verticalement les contours du creufet pour donner
moins de pente aux étalages, comme on le voit
dans les fig. 3 & 4 de la feélion précédente. L’Ouvrage
étant conftruit, on le déblaie, on répare a-vec
foin les défauts qui peuvent s’y trouver, puis on
pofe la dame;
Au lieu d’une vieille enclume de rebut dont on
fe fert ordinairement, & dont le poids confidérable
eft caufe qu’elles font le plus fouvent mal pofées,
vu aufli qu’elles font fujettes à s’échauffer au point
de fondre & laifler échapper la fonte hors du fourneau
, & que dans cet accident leur remplacement
eft très-pénible par la difficulté de les manier près
d’un feu fi aétif; il faut fe fervir d’uneplaque de fonte
épaifle d’environ trois pouces de trente pouces de
longueur fur quinze de largeur , & la pofer fur un
maflif de fable, enforte qu’elle foit inclinée fous
un angle de foixante degrés, & que fon extrémité
fupérieure foit éloignée de dix à quatorze pouces
de l’à-plomb de la timpe de fer, & trois pouces &
demi au deflous de fon niveau, o u , ce qui revient
au même, fix pouces & demi au deflous du niveau
de la tuyère ou du vent. L’extrémité inférieure eft
retenue par un piquet de fer enfoncé au deflous de
la furface de la dame , & recouvert de terre battue
our qu’il ne forme aucun obftacle à la manoeuvre.
a dame doit être inclinée pour la facilité de l’écoulement
du laitier ; elle doit être plus baffe que la
timpe , pour que le laitier 'ne rafle point d’obf-
truâion fous la timpe, ce qui le feroit remonter à
la tuyère. Elle doit être éloignée de la timpe pour
faciliter le travail, & pour puifer la fonte au befoin.
Dans le premier cas, la dame trop inclinée attire
trop le laitier, en diffipe une trop grande quantité,
ce qui intérefle la qualité & la quantité du produit
du fourneau ; au contraire, lorfqu’elle eft trop peu
inclinée, elle rend le laitier parefleux, ce qui augmente
le travail. Dans le fécond cas , la dame trop
fnrbaiffêe occafionne une grande diffipation de la
chaleur, & une trop prompte & totale effufion du
laitier. Lorfqu’elle eft trop élevée , elle rend le travail
du fourneau pénible. Dans le troifième cas
enfin, la dame trop éloignée de la timpe, donne
lieu à la fonte de fe pâmer ou figer dans cette
partie de fon bain ; lorfqu’elle eft trop proche, elle
rend l’accès du fourneau difficile , tant pour travailler
dans le creufet, que pour y puifer la fonte ;
d’ailleurs la dame trop avancée dans l’ouvrage eft
fujette à fondre.
Pour empêcher le laitier de porter le feu dans le
magafin de frafins qui eft entre la dame St le pilier
de coeur, on enfonce de champ & perpendiculairement
une plaque de fonte à côté de la dame;
cette plaque , que l’on nomme garde-feu , doit fur-
pafîer la dame de cinq à fix pouces.
Entre la dame & l’extrémité de la coftière op-
pofée, il doit y avoir un vide de quatre pouces de
largeur, communiquant à l’intérieur du creufet ; ce
v id e, que l’on nomme coulée, fert pour l’effufion
de la fonte hors du fourneau. La coulée eft élargie
extérieurement d’un pouce par un bifeau que I’oq
fait à la coftière , que l’on revêtit par le frayeux. Le
frayeux eft une plaque de fonte de douze à quinze
pouces de largeur, vingt - fept à trente pouces de
hauteur , enfoncée de huit à dix pouces dans le
maflif de l’aire du creufet'prolongé deflous la dame.
Le frayeux s’élève perpendiculairement, & fa direction
fuit celle du bifeau dont il fait le prolongement
; ce qui forme avec le côté de la dame une
embrafure, qui contient & dirige la fonte lorfqu’elle
fort du fourneau ; il fert aufli de point d’appui aux
ringards. Pour le travail dans l’intérieur, entre la
dame & le frayeux, on pofe la coulée , qui eft une
pierre qui remplit exactement cet efpace ; elle doit
être pofée à fleur de l’aire ou creufet, avec une
pente d’environ un pouce au dehors. Les pierres
calcaires font propres à cet ouvrage ; les apyres
font meilleures ; mais les pierres qui décrépitent n’y
font pas propres.
P L A N C H E I I I.
La vignette repréfente l’intérieur du pavillon dont
on voit le plan en ssss P ssts, planche I , où fe feule
moulage en terre , on voit l’élévation de la face;
& du côté de ce même pavillon , dans la pL I I , &
dans le fond du tableau , la rotiflerie adoflee au
mur extérieur du côté du contrevent. T , eft une
partie du devant du fourneau , où on voit les orifices
de quelques-uns des canaux expiratoires qui
en parcourent le mole. Y , eft une des portes de la
-halle fur le moulage ; elle eft fignalée de la même
lettre dans le plan. On-voit de part & d’autre près
les fenêtres de l’atelier huit établis, quatre de chaque
côté.
Fig. 1 , ouvrier occupé à appliquer de la terre
fur le noyau, modèle ou chape , que le petit ouvrier
,fig . 2 , fait tourner au moyen de la manivelle
qu’il faifit avec fes mains : la terre fuperflue refte fur
le calibre , d’où le mouleur la prend pour la jetter
aux endroits où il en manque. Lorfque le noyas >
modèle ou chape eft achevé, on le porte à la rôtiffe-
rie. Quand les pièces ne font pas d’un grand diamètre
, un feul ouvrier fuffit : d’une main il fait tourner
la manivelle, & de la main droite il applique
la terre, qui eft une forte de glaife ou d’argile aux
endroits où ileilfaut,jufqu’à ce que le noyau, modèle
ou chape remplifle exactement le calibre ; la
manivelle tourne du fens convenable pour que la
partie fupérieure de l’ouvrage fe préfente au calibre
en defeendant par-devant l’ouvrier: l’établi eft garni
de deux planches , l’une horizontale pour recevoir
la terre corroyée dans le marchoir , & l’autre verticale.,
fervant de doftier, pour empêcher que la
terre, en touchant les murs, ne contracte quelque
impureté. Près de la fig. 1 , on voit la brouette
dans laquelle on voiture la terre depuis les mar-
choirs jufqu’à l’atelier du moulage. A , la brouette.
B, les mancherons. C , la terre corroyée prête à être
employée, dans laquelle 011 voit la pelle qui fert à
l’enlever, foit du marchoir dans la brouette, ou de
la brouette fur l’établi.
Fig. 2 , quatre établis. Sur le premier on voit
l’arbre garni de fon troufleau , & fur le dernier l’arbre
& fon troufleau chargé d’un noyau , d’un modèle
ou d’une chape , Lefquelles trois pièces font
renfermées F une dans l’autre; la chape renferme le
modèle’ , & le modèle contient le noyau. Dans le
fond de l’atelier on voit deux rôfifleries. La rôtif-
ferie eft une auge de briques, au fond de laquelle
on a mis des charbons allumés pour fécher les moules
que l’on y expofe : les deux bouts des arbres qui
traverfent les moules , portent fur les bords de la
rotiflerie qui font couverts de planches. Une des
deux rôtifferies eft vide , & le mur antérieur eft
abattu pour laifler voir l’intérieur. Au-defl'us de
chaque rotiflerie font des planches e f 9 difpofées à
claire-voie : ces planches reçoivent différentes pièces
de moules que l’on y met fécher ; elles font fuf-
pendues aux folives a b, qui portent par leurs extrémités
a dans le mur du contrevent du fourneau ^ &
par l’autre extrémité dans le mur de clôture de l’atelier
qui lui eft parallèle. Chaque folive eft aufli
foutenue dans le milieu par un poteau c,* & les trois
poteaux font reliés les uns aux autres par des entre-
toifes //,à hauteur convenable pour y appuyer
une des extrémités ' des arbres fur lefquelles on a
formé des noyaux , comme on voit en d.
Bas de la Planche.
Fig. 1 , arbre de fer pour former les noyaux des
pièces creufes. A , extrémité-quarrée de l'arbre, laquelle
reçoit la manivelle a , qui eft ferrée contre fa
portée par une clavette.B D,tourillons ou parties
cylindriques de l’arbre, lefquelles roulent dans les
entailles pratiquée^ dans les traverfes de l’établi. C ,
partie quarrée de l’arbre , fur laquelle on enfile le
troufleau , fig. 2 , qui eft de bois.
l'ig* 2, troufleau de bois, de forme pyramidale
tronquée: il eft de bois & percé d’outre-en-outre
<fun trou quarré ; extérieurement il eft à huit, dix
ou douze pans. F , le côté de l’entrée de l’arbre de
fer, ou le petit bout : E , le côté de la fortie , ou le
gros bout, auquel on attache le bout de la torche,
comme il fera dit ci-après.
Fig. 3 i un des établis repréfenté en grand & en
perfpe&ive. A a , la manivelle. B D , les tourillons
logés dans les entailles des tra verfes X P , V O , qui
fervent de collets. F E , le troufleau. O P , l’établi
à terre. L N , le doftier appliqué au mur de l ’atelier.
M , la terre à mouler. R S T , le calibre d’un
noyau.. V X , l a barre de devant de l’établi, dans
laquelle les traverfes s’affemblent. G G , les pieds de
derrière, qui foutiennent la folive attachée au mur
par des crampons. La face ftipérieure de la folive ,
dont la longueur eft égale à l’efpace que contiennent
les quatre établis, eft entaillée en queue d’aronde
pour recevoir les tenons en queue d’aronde , pratiqués
aux extrémités des traverfes X P , V O , de
quatre pieds de longueur. La partie antérieure des
traverfes eft foutenue par les pieds H H , dont les tenons
s’affemblent dans les mortaifes de la face inférieure
des traverfes ,& non dans la devant V X de
l’établi. Le devant de l’établi eft aflemblé à tenons
& mortaifes avec les traverfes qui font diftantes l’une
de l’autre de 3 pieds 4 pouces , ou 4 pieds, y compris
l’épaifleur des bois , qui font tous de 4 pouces
d’écarriflage : le deffus des traverfes & dudeyant de:
l’établi eft élevé de 3 pieds au-deffus du fol de;
l’atelier.
P L A N C H E I V .
Travail pour mouler en terre une marmite à gros ventre».
Le mouleur pourvu de'terre préparée & corroyée
dans le marchoir, & de qualité convenable, c’eft-à-
dire ni trop graffe ni trop chargée de fable ; car les-
terres trop graffes ou glaifcs pures fe fendent en fé-
chant, & celles qui font trop fablonneufes, outre
qu’elles font moins duétiles, n’ont point aflez de
confiftance pour conferver la forme qu’on leur
donne ; & étant pourvu aufli de natte de paille
tiflùe comme celle des paillaffons , ou feulement
de corde ou cadenettes de paille, il commence le
moule par le noyau, le continue par le modèle , &
le finit par la chape , ainfi que la fuite des figures le;
fera entendre..
’arbre garni de fon troufleau. A , l’extrémité
quarrée dé Marbre qui reçoit la manivelle.:-
on y voit la mortaife deftinée à recevoir la clavette
qui aflùjettit la manivelle. B D , les tourillons. F E ,.
le troufleau.
Fig. 2 y l’arbre- garni dé nattes ou torches de
; paille A B ; on commence par attacher le bout de
la torche au gros bout du troufleau en E , fig. 1 , Ck
• faifanttourner l’arbre,on revêtit le troufleau d’une
quantité fuflifante de tours de la corde de paille on
natte, pour qu’elle approche à un pouce & demi environ
du calibre R T , découpé de la forme du profil
de l’intérieur de la marmite depuis a jufqu’en b r.
on fait en c une entaillé pour y mouler l’arrafement
qui fert à raccorder les différentes pièces du moule».