
fe r , ou de fer plus gros, dont les deux Bouts feront
recourbés ; leur longueur entre les deux courbures
fera égale à la diftance d’une plaque à l’autre : un de
ces crochets fera accroché aux deux barres à même
hauteur. On fera maître de donner à chaque barre
plus ou moins de ces liens. Un des liens peut être
attaché fixement par un bout à une des barres, & entrer
par l’autre bout dans un trou percé à l’autre
barre. Toutes ces difpofitions peuvent fe varier félon
le génie de l’ouvrier; on lui laiffe à choifir. Il
mettra, par exemple , des clavettes , s’il le juge à
propos, pour tenir les bouts des crochets. Les plaques
, avec cette précaution, feront- -folidement
maintenues ; l’alongement des barres & des liens ne
leur permettra pas de s’ étendre au point de les défigurer
, & la place que tiendroient ces barres dans
le creufet, ne fera pas affez confidérable pour mériter
attention.
Une plaque feule auroit peine à fuffire à toute la
hauteur du fourneau : fi on le tient auffi haut qu’on
le peut & même qu’on le doit pour profiter de la
chaleur, on en difpofera deux ou davantage les
unes fur les autres. Mais alors, pour empêcher plus
fûrement l’entrée de la flamme , le bord d’une des
plaques fera moulé en couliffe qui recevra le bord
de l’autre : de la terre pourtant appliquée du côté
de l’intérieur du creufet, bouchera allez les jointures
pour fupplèer à là couliffe. Ces plaques dureront
plus long-temps, fi l’on enduit de. lut le côté
qui eft expofé à la flamme; à la vérité, il aura
peine à s’y foutenir , à moins que la plaque ne foit
lardée de clous affez proches les uns des autres.
Si au lieu de plaques de fonte on fe fervoit de plaques
de tôle êpaiffe , ïl feroit plus facile de les larder
de clous, elles feroient plus aifees a percer : mais la
tôle auffi eft plus chère que la fonte. '
L’avantage des plaques minces eft confidérable,
tant qu’on 1er a obligé de laiffer refroidir le fourneau
pour le charger, tant qu’on le chargera par deffus ;
mais fi on le charge par le côté, & encore très-
chaud , comme on pourra le faire aifément, alors
il n’importera plus tant'd’avoir des cloifons fi minces
pour former les creufets-, & den avoir qu on
puiffe ôter de place fi aifément. L’on bâtira dés espèces
de petits murs, épais d’environ un pouce &
demi ; on les compofera, bu de petites briques de
pareille épaiffeur, ou même d’un feul( maflif de
terre ; mais cette terre & celle des briques fera toujours
line terre préparée , comme celle des creufets
ordinaires. Sans être fort habile à manier la terre,
on élèvera ces- cloifons , ces efpèces-de petits murs,
fur-tout' fi Ton a une table de bois paffablement
unie-, de la hauteur & de la largeur de la cloifon ;
©n mettra la table de bois-debohidans le fourneau ;
elle conduira pour appliquer la terre uniment,. &
f élever bien à- plomb : mais les bouts de chacune
de ces cjoifons- feront enclavés dans l’épaiffeur du
mur y dans des entailles ou couliffes pareilles» à celles
qui retiennent les plaques.
Pour rendre ces cloifons- plus fiables-, pour qu’elles
foîeiïl moins en rifque de fe courber , l’on pratiquera
quelque'" chofé de femblableàce que nous'
avons propofé pour les plaques de fer ; en dedans
du' creufet on les tiendra plus épaiffes qu’ailleurs
en un ou- deux endroits, depuis le bas jufques en
haut : l’on formera en ces endroits des efpèces 'de
pilaftres. Pour les affurer encore .nfieux, on donnera
à chaque pilaftre deux ou trois parties faillantes ;
ces parties faillantes feront chacune percées d’un
trou d’outre en outre, dont la direâion fera verticale
; les pilaftres de chaque cloifon ou plaque étant
vis-à-vis de celle de l’autre cloifon , 6c les parties
.faillantes de l’une à même hauteur que les parties
faillantes de celle vis-à-vis de laquelle elle eft
placée : les plaques ferviront mutuellement a fe
foutenir, fi l’on enclave un des bouts d’une verge
de fer dans une des parties faillantes, 8c 1 autre
bout dans l’autre.
Une autre manière de maintenir les plaques, encore
plus fimple, 8c que j’ai trouvée fuffifante , c eft
de mettre dans chaque foyer, c’eft-à-dire , entre les
plaques de deux creufets différens, une troifieme
plaque de terre ou de fonte de fer. La largeur de
celle-ci fera perpendiculaire à la largeur des autres,
8c égaie à l’intervalle qui eft entr elles ; ce fera une
efpèce de cloifon qui divifera chaque foyer en deux
parties égales-; on ne le fera pourtant pas defcen»
dre jufqu’au fond du foyer , jufqu’au bas du fourneau
; que fon bout inférieur en foit a un pied, ou
à neuf à dix. pouces , 8c il en fera affez proche.
Pour retenir plus folidement cette plaque en fa
place, en formant les autres , on y ménagera des
couliffes dans les endroits contre lefquels cette trou
i fième plaque doit être appliquée ; on les rendra plus
épaiffes dans ces endroits, de ce qu’il faut pour
fournir aux couliffes. Si l’on craignoit que la plaque
d’un des petits creufets ne fût enfoncée en dedans
le creufet par l’effort que la plaque du creufet du
milieu pourroit faire fur elle par l’cntremife de celle
qui les touche l’une 8c l’autre, on 1 empeçheroit
fûrement en plaçant dans chaque creufet des bouts,
8c d’une manière femblable ,une autre-petite plaque
pareille à celle qui eft dans le foyer. Enfin, des
morceaux de tuileaux mis d’efpace en efpace en
manière de coins , entre les plaques de deux crenfers
, les maintiendront affez bien 8c ne nuiront pas
à la chaleur, fi on ne les place.-pas trop proche les
uns des autres- v -
Au refte, l’on proportionnera la grandeur dés
creufets de chaque fourneau à la quantité & à la
grandeur des ouvrages: qù’on y veut renfermer ;
nous n’avons eu nullement en vue'de gêner aux
mefures des deffins. La durée du feu neeeffaire
deviendra plus grande.à proportion de l’augmentation
de la- capacité mais toujours fe fouviendra-
t-on que , pour ménager le bois , l’on-ne doit pas
élargir beaucoup les foyers ou. cheminées.-
On fait que pour chauffer il y a grande différence
de bois à1 bois ; mais ici l’on doit favoir eiir
core qn’fi y a grande différence pour nos four*
neatix , entre du bois bien fec 8c le même bois humide.
L’expérience l’a auffi appris à ceux qui con-
duifent le travail des verreries : ils placent leur
bob dans le même hangar où eft le fourneau ; ces
hangars font pour l’ordinaire difpofés de façon que
le bois peut être mis immédiatement au deffus du
fourneau ; il y eft arrangé en pile fur une efpèce
de plancher à jour. Le degré de chaleur que prend
le bois eii s’enflammant, eft» tempéré par les parties
d’eau dont le bois humide eft chargé. Si les
parties enflammées qui s’élèvent, s’élèvent mêlées
avec une plus grande quantité de vapeurs aqueufes,
ces dernières, peuvent éteindre la chaleur de quelques
unes des premières , & modèrent celle de
toutes les autres. ,
En,cas qu’on ait envie de faire en petit des adou-
ciffémens d’ouvrages de fer fondu , foit par cu-
riofitè, foit autrement, il en fera ici comme de
nos effais pour la converfion .du fer en acier. On
aura recours au feu de la forge ƒ ou a celui de tout
petit fourneau où" l’on pourra donner un degre de
chaleur confidérable au fe r , mais fans le faire fondre
; il y a telle pièce de fer qui fera adoucie de
la forte en deux ou trois heures. On fe fervira des
creufets de la grandeur 8c de la forme les plus convenables
aux pièces.qu’on ÿ voudra renfermer.
La manière d’arranger les ouvrages de fer fondu
dans le fourneau, ne demande aucune explication ;
nous ayons dit ailleurs qu’on ne fauroit trop mettre
de notre mélange d’os •& de charbon pulvérifés ,
mais qu’il y en a fuffifamment quand il empêche
lès pièces de fe toucher. Il feroit auffi inutile d’avertir
de placer les pièces les plus épaiffes, 8ç celles
qui ont befoin d’être le plus adoucies, dans les
endroits où la chaleur eft la plus vive. Mais nous
avertirons de bien ôter tout le fable qui pourroit.
être refté fur chaque pièce quand on l’a tirée du
moule ; les endroits où l’on en aura laiffé s’adouciront
beaucoup moins que le refte : d’ailleurs, fi
le fable vient à fondre, il formera un enduit qui
s’étendra beaucoup par-delà l’endroit où il a été
mis ; s’il ne rend pas la pièce plus dure , il la couvrira
d’une matière qui fera îouvent difficile a détacher.
Un autre avertiffement dont je ne connoif-
fois pas autrefois l’importance , e’éft de bien pref-
fer la compofition contre les ouvrages. Je voudrois
même qu’on là tapât avec des maillets, comme les
fondeurs tapent le fable de leurs moules. Cette
façon fi fimple eft. capable de mieux affurer le fuc-
cés du-recuit, 8c de prévenir bien des accidens.
Après avoir bien effayé fi une chaleur modérée
& plus longue ne produiroit point de meilleurs
effets pour nos adouciffemens quTune chaleur plus
violente , je me fuis convaincu que la chaleur ne
fauroit être trop grande , fi l’on n’a en vue que
de rendre les ouvrages limables , pourvu qu’elle
ne le foit pas au point de faire fondre les pièces.
Mais.'.on- ne peut encore donner de règles générales
fur la durée du feu que demandent les ouvrages
pour être «tdoucis ; ©titre qu’elle doit être
plus grande quand les ouvrages font plus épais,
c’eft qu’ils ne demandent pas tous à être adoucis
au même point, & que ceux de différentes fontes,
pour être amenés au même point , demandent
quelquefois des temps très-différens. Pour fayoir
fi les plus épais le font au point où on les veut,'
& pour s’affurer fi la chaleur n’eft point trop foible,
ou fi elle n’eft point trop violente , lorfqu’on chargera
le fourneau, l’on aura foin de placer à la hauteur
de chacune des ouvertures des morceaux de
fer fondu de différentes, épaiffeurs, de même nature
que celui des ouvrages, 8t qui puiffent être
retirés aifément ; ceux-ci ferviront à inftruire de
l’état des autres. Il n’importe point qu’ils /oient
façonnés en ouvrages, il importe même qu’ils foient
peu contournés ; ils en feront plus faciles à ôter fle
place fans rien déranger dans l’intérieur du fourneau.
De toutes les formes, la plus commode qu’on
puiffe leur donner , c’eft la ronde. Je les fais mouler
en petits cylindres , en forme de baguettes , qui
ont chacune de longueur au moins la moitié de
celle du fourneau, & je fais fondre de ces baguettes
de différens diamètres : celui de quelques-unes
eft prefque égal à l’épaiffeur de fes plus groffes pièces
qui doivent être adoucies jufqu’au centre. Le_s
petites apprennent fi les pièces minces ne font pas
en danger de fondre : c’eft ce qu’on voit fur-tout
fur les barbes qui font reliées à ces baguettes.
Quand on les a retirées du moule , elles ont tout
du long de deux côtés diamétralement oppofés ,
une petite feuille de métal qui s’eft moulée dans
les vides que ne manquent guère de laïffer les deux
parties du moule, quelqu’exa&ement qu’on les ait
appliquées l’ime fur l’autre ; il n’y a certainement
rien de plus mince dans le fourneau que ces petites
barbes, oc par conféquênt rien qui foit plus en
rifque de fondre.
^ï^&Des précautions avec lefquelles. on doit recuire
les ouvrages de fer fondu , & des• changemens que'
les différens degrés d1ddouçijfement produifent dans
ce fer».
A mefiire qu’on a rempli le fourneau des ouvrages
qu’on y veut adoucir, qu’on l’a chargé, n©us;
ayons fait mettre des baguettes de fer à la hauteur
de chacune de ces ouvertures qui fe ferment par
des bouchons aifés à ôter. Entre ces baguettes il
y en a dont le diamètre approche de l’épaiffeur
des pièces les plus maffives, 8c d’autres plus menues.
Ce font ces différentes- baguettes qui doivent
inftruire de l’effet que le recuit' a produit fur
les ouvrages. Mais pour être en état d’en juger,,
on a befoin de connoître quels font les changé-
mens fucceflifs que ce recuit opère dans le fer qu’il
adoucit ; car alors on n’aura plus qu’à obferver fu r
, les caffures des baguettes qu’on aura retirées , fi les-
changemens qui dénotent l’adouciffement y ont été
faits. Nous devons favoir auffi. jufqu’à quel point
les différentes efpèces de fer fondu peuvent être?
. adoucies*