
à bois de fil, foit horizontalement ou perpendiculairement.
La fécondé eft de mettre les fils des bois perpendiculairement
& horizontalement, en y obfervant
un joint fur la diagonale , ce qu’on appelle des collages
d'onglet, ou à pointes de diamans. On doit
avoir foin , en collant les bois de cette manière,
que leurs fils foient femblables autant qu’il eft
poflible.
On colle aufli les bois en forme de lofange, ce
■ qui revient à peu près à la même chofe que les
% pointes de diamans.
La troifième' manière de difpofer les bois , eft de
mettre leurs fils diagonalement, de manière que
leurs joints perpendiculaires & horizontaux coupent
leurs fils obliquement.
La quatrième manière eft de difpofer les bois de
placage en coeurs ou rofaces. Dans ce.cas, on fait
tendre le fil de chaque pièce de placage au centre
de l’ouvrage ; on taille les pièces parfaitement
égales entre elles, & on a grand foin qu’elles foient
bien d’égale hauteur de nuance, afin qu’elles fe
rencontrent enfemble autant qu’il eft poflible.
Mais, de quelque manière que foient difpofés les
bois de placage, on doit avoir grand foin qu’ils
foient nuancés également de chaque côté oppofé,
& que ces nuances fe rapportent autant qu’il eft
poflible, ce qui contribue beaucoup à la perfeâion
de l’ouvrage.
Les frifes font ordinairement féparées des panneaux
par de fimples filets de houx ou d’ofier, ou
d’autre efpèce debois , ce qui eft égal ; ou bien avec
des plates-bandes ou feder-bandes, comme difentles
ébéniftes, avec deux filets de chaque côté.
Les plates-bandes fe placent ordinairement à bois
de fil, à moins qu’elles ne foient d’une largeur con-
fidérable, comme de quatre à fix lignes ; car alors
on les met quelquefois à bois debout , fur-tout
quand elles font de bois nuancé & qu’elles forment
divers contours. Mais la manière la plus ordinaire
eft de les faire de bois uni d’une feule couleur,
& placées à bois de fil.
La difpofition des bois debout, eft à peu près
la même que celle du placage en coeur, parce q u e ,
de quelque manière qu’on les arrange , ils ne peuvent
former que des rofaces, ou pour mieux dire,
plufieurs cercles concentriques , ou toute autre
figure circulaire dont on fait tendre au centre les
joints des pièces qui les compofent, en obfervant
toujours d’oppofer les figures , foit régulières -, foit
irrégulières , les unes aux autres.
Ce doit être la même chofe pour la difpofition
des noeuds ou loupes de quelque efpèce qu’ils foient,
à moins que les morceaux ne funent affez grands
pour faire un panneau tout entier ; alors on n’y obfer-
veroit pas de régularité, à moins qu’il ne fe trouvât
dans l’ouvrage deux panneaux pareils qu’il fût néceffaire
de remplir fymétriquement en faifant con-
trafter les divers accidens de leurs placages.
Au rçfte, on fent que le goût, l’expérience, l’oc-
| cafîon, la mode même doivent préfider à ces ohj
vrages , & régler la difpofition des bois de placage
& des diverfes fortes de compartimens, tant droits
que circulaires,
• On doit cependant obferver que quand les ouvrages
à revêtir font d’une forme barlongue, il failt
toujours que les joints ou les fils des bois tendent
aux angles de l’ouvrage.
L’efpèce de compartiment le plus fimple de tous ’
& qu’on nomme en échiquier, eft compofé de plufieurs
quarrés de bois de différentes couleurs, placés
alternativement à côté les uns des autres de
forte qu’un quarré blanc fe trouve entouré de quatre
quarrés noirs, & un quarré noir de quatre quarrés
blanc. Cette forte de compartiment, quoique
très-fimple, demande beaucoup d’attention , pour
que tous les joints de chaque pièce s’alignent & fe
rencontrent parfaitement. Il faut aufli obferver
quand on fait de ces fortes de compartimens, que
le nombre des. quarrés qui les compofent foit impair
, afin qu’il s’en trouve quatre de même couleur
dans les angles , ce qui ne pourroit être fi le
nombre des quarrés étoit pair.
( Lorfque les quarrés du compartiment font placés
fur leur angle, c’eft ce qu’on nomme compartiment
en lofange. Ce compartiment fait affez bien,
& a cela de commode qu’on* peut mettre les quarrés
dont il eft compofé en nombre pair ou impair,
félon qu’on le juge à propos.
Les formes & les combinaifons de ces compartimens
peuvent varier & fe multiplier à l’infini; mais,
quelle que foit leur difpofition, il faut toujours fe fer-
vir de la même méthode pour les exécuter ; c’efl-à-
dire qu’on forme, autant qu’il eft poflible, des parties
régulières, compofées de plufieurs morceaux
joints & collés enfemble ; ce qui étant fait, on plaque
ces pièces à côté les unes des autres, en obfervant
qu’elles préfentent par leur affemblage, des
lignes droites, foit horizontalement ou perpendiculaires
ou diagonales ; ce qui eft égal, pourvu qu’el-
les puiffent remplir le compartiment.
Les pièces de rempliffage s’appliquent fur un fond
de bois uni, & s’incruftent dans de la menuiferie
avec laquelle elles affleurent, ce qui ne fait rien à
la manière de les préparer, laquelle eft toujours la
même.
Quant à la façon de difpofer les bâtis pour recevoir
les incruftations, elle eft très-fimple, puifqu’il
ne s’agit que de creufer dans ces mêmes bâtis la
place néceffaire pour pouvoir contenir les pièces
à incrufter.
De la maniéré de plaquer la Marqueterie.
Quand les différentes pièces de placage font
difpofées, il s’agit de les coller à leur place, ce
que les ébéniftes appellent plaquer , opération a
laquelle ils doivent apporter beaucoup de foin,
parce que c’eft de fon plus ou moins de perfection
que dépend toute la folidité de leur ouvrage.
On ne fe fert pour plaquer que de la colle d’An>*
deterre ‘ du moins quand on veut faire de bon
ouvrage*; & on doit avoir foin qu’elle foit bien
chaude & un peu con fian te , fans cependant être
trop épaiffe, parce qu’alors elle feroif corps fous
le placage, & ne pourroit plus fortir quand on ap-
puieroit le marteau deffus.
Quand on veut plaquer, on commence premièrement
par les parties extérieures de l’ouvrage,
qu’on ajufte d’abord tant de ,longueur que de largeur;
enfuite on pofe plufieurs pointes le long du
trait contre lequel la pièce à coller doit venir joindre
, tant fur- la longueur que par les bouts, afin
qu’elle ne puiffe pas le déranger lorfqu’on la plaque.
Après quoi on moule la pièce , c’eftrà-dire qu’on
la bat avec la tête du marteau du coté qu’elle doit
être collée, afin de la faire creufer, & que par con-
féquent elle porte mieux fur les bouts.
Puis on mouille la pièce avec l’éponge à l’eau
tiède, du côté du parement, ou bien avec de la colle
très-dure , ce qui vaut d’autant mieux que cette
colle, quoique peu confiftante , remplit mieux les
pores du bois que ne peut faire de l’eau.
La pièce étant mouillée, on la chauffe du côté
du joint, & on la mouille encore s’il eft néceffaire.
Enfuite on l’enduit de colle ainfi que le bâtis fur
lequel on veut la plaquer, & on la pofe à fa place
le plus promptement qu’il eft poflible. Enfuite on
prend le marteau à plaquer, dont on appuie fortement
la pane fur la pièce en le pouffant devant fo i,
& en l’agitant de droite à gauche fans ceffer d’appuyer,,
afin que la colle s’introduife dans les pores
au bâtis & du placage, autant qu’il eft néceflaire
pour qu’ils s’attachent l’un à l’autre fans qu’il refte
de colle entre deux, parce que, s’il y en reftoit, elle
feroit un corps étranger qui fe détruiroit dans la fuite
, foit par la trop grande chaleur ou par l’humidité,"
On commence toujours à plaquer une pièce par
un bout, & on avance à mefure en pouffant la colle
devant foi, laquelle n’étant pas retenue, fort par les :
deux côtés de la pièce, s’ils font ifolés : ou fi un des
côtés de la pièce qu’on plaque touche à un autre,
on plaque d’abord le côté du joint en pouffant toujours
la colle du côté de la pièce qui eft libre.
Si les deux côtés de la piece font engagés, on la
plaque à l’ordinaire, en Obfervant de mettre une
cale par le bout entre la pièce à plaquer & le bâtis
, afin de laiffèr un paflage à la colle ; & on n’ôte
cette cale qu’à l’inftant qu’il eft néceffaire de plaquer
le bout de la pièce.
Quana on a plaqué une pièce, on la fonde, c’eft-
a-dire qu’on frappe deffus à petits coups pour juger
, par le fon qu’elle rend , fi elle porte bien partout,
:
Lorfqu’on reçonnoît qu’il y a du v id e, on pafle
*e marteau fur l’endroit qui ne porte pas.
On plaque ainfi, & on ajufte fucceflivement les
autres pièces, en obfervant d’enlever avec un cifeau
ou une petite fpatule de bois la colle qui fort de deffous
le placage, tant pour ne la point perdre, qu’afin
qu’elle ne nuife pas à l’ouvrage.
On laiffe fécher une journée au moins les pièces
qui ont été plaquées.
On fe fert du fer à chauffer quand on veut rendre
à la colle le degré de chaleur convenable, & on
le fait paffer fur l’ouVrage , en appuyant deffus avec
le manche ou la tête du marteau à plaquer.
En général, lorfqu’on plaque l’ébénifterie, il faut
éviter de le faire dans des lieux trop humides ou
expofès à beaucoup de haie. On couvre les parties
plaquées avec un linge un peu humide , pour empêcher
qu’elles ne fèchent trop promptement à.
l’extérieur, & qu’elles ne lèvent à l’endroit desjoints
qu’on doit enduire de colle , après même les
avoir plaqués. Si le placage fe lévoit encore, &
fi le fer à- chauffer ne fuffifoit pas pour faire prendre
la colle, on fe ferviroit de preffes à main ou
de goberges, autrement de tringles qui appuient fortement
une cale fur l’ouvrage.
De la maniéré de finir & de polir l’Ebéni(lerie.
Quand le placage eft fuffifamment fec , il s’agir
de le finir & de le polir..
On commence d’abord par ôter avec un cifeau y
la'colle qui eft reftée deffus le placage ; enfuite on le
replanit au rabot à dents , auquel on ne donne que
très -peu de fer pour éviter les éclats, & on doit
avoir foin de pouffer le rabot diagonalement aux:
fils du bois , fur-tout à la rencontre des joints, pour
ne pas écorcher ces fils.
A mefure que le placage fe nettoie, on doit retirer
le fer du rabot, ou en choifir dont le fer foit
cannelé plus fin, pour ne pas endommager l’ouvrage.
Quand on commence à replanir le placage, on a
foin de frotter avec de la graiffe le deffous du rabot
, afin que la colle qui eft reftée deffus le placage y
étant échauffée par le frottement du rabot, ne s’y
attache que le moins qu’il eft poflible ; il faut
replanir le placage jufqu’à ce qu’il n’y refte aucune
efpèce d’inégalité dans toute fa furface.,
Enfuite on le racle & on le polit en fe fervant
de racloirs de toutes les efpèces, de limes douces
d’Angleterre, de pierre ponce, de peau de chien
de mer, de prêle , de ■ poliffoirs , de bois à polir
fimples & garnis , enfin de frottoirs. Outre ces outils,
on fait ufage au befoin de cire, de laque , de
colophone , de tripoli, de charbon, d’huile d’oliv
e , & de blanc d’Efpagne..
Comme la plupart des bois , foit des Indes, foit
de France, perdent leur éclat avec le temps, & qu’il
eft très-important de conferver ces couleurs , on ne
pourroit mieux faire, dit M. Roubo, après les avoir
finis à là prêle & au tripoli ou au blanc d’Efpagne y
que de les luftrer avec un vernis blanc. Ce vernis eft
compofé d’une pinte ou deux livres d’efprit de vin T
de cinq onces de fandaraque la plus blanche pofli-
b l e d e deux onces de maftic en lames , d’une once:
de gomme élémi,. & d’une once d’huile d’afpic, le