
mement & plus promptement pénétrés par le feu ,
foit en féparant de leurs mafles des corps étrangers
qui abforberoient inutilement une partie de la chaleur
, ce qui fruftreroit d’une partie du produit, ou
q u i, altérant* leur efîencé , communiqueroit une
mauvaife qualité à la fonte.
Il y a en général deux efpèces de mines de fer :
1 une eft eh mafles compactes , l’autre en grains plus
ou moins gros ; chacune de ces efpèces exige des
préparations particulières.
Les mines en -mafles. font ou pures ou fulfüreu-
fes , ou terreufes : les mines pures, c’eft-à-dire qui
ne contiennent rien au-delà de la fubftance métal-
lique, n’ont befoin pour être admifes au fourneau ,
que d’être brifées au fortir de la minière, en morceaux
dont les plus gros n’excèdent pas un pouce
cubique; il eft néceflaire de griller, concafler &
laver les mines fulphureufes. & quartzeufes ; les
mines feulement terreufes qui font enveloppées
ou qui renferment dans leurs cavités des parties
terreufes , n’ont befoin que des deux dernières
opérations.
Les mines de la fécondé efpèce font en grains
globuleux, détachés, oiyigglutinéspar un peu de
fpath ou des terres bolaires ; les filons ou les amas
de ces mines font environnés ou traverfés par des
lits de fable , de glaife, de pétrifications, ou de
caftine, dont la léparation ne peut fe faire par
un lavage approprié.
Un même fourneau confomme fouvent de toutes
ces efpèces de^ minerais ; il eft donc eflentiel
de trouver une machine qui puifle s’appliquer à
leur différent caraâère : e’eft l’avantage de celle
que l’on va décrire.
5 Le boeard compofé eft une machine formée
d lin boeard fimple, d’un patouillet, d’un lavoir
& d’un égrappoir, à travers lefquels paffe le minerai.
Le boeard, femblable à celui décrit ci-devant,
' «ft compofé de deux jumelles N N perpendiculaire?
, affemblées & arebontées fur une femelle ÿ elles
font diftantes l’une de l’autre de 26 pouces , pour
recevoir cinq pilons 1 , 2 , 3 , 4 , 5 , de cinq pouces
quarrés chacun, auxquels font aflemblés à angles
droits des mentonnets de fonte ou de bois , qui
répondent à trois rangs de cames de fer M M ,
efpacées à tiers-point fur la circonférence de l’arbre
horizontal G q u i eft mu par l'aâion de l’eau
fur la roue verticale H , enforte qu’il y ait toujours
un pilon levé entre un qui s’élève & un qui retombe
; ces pilons font garnis à la partie inférieure d’une
firette & d’une plaque de fer percée de cinq trous ,
pour recevoir cinq fiches forgées fur l’ètampure
des trous. Au lieu de cette plaque, fouvent on met
un pilon de fonte, du calibre de la pièce de bois ,
fur quatre pouces de hauteur : ce pilon de fonte eft
pénétré d’une queue de fer forgé qui en occupe
le centre^ cette queue s’enfonce perpendiculairement
dans la pièce de bois.
Les pilons retombent fur une plaque épaiffe vde
fer fondu, qui occupe tout l’efpace entre les jumelîés
~ & eft encaftrée de fon épaifleur dans la
foie ou femelle dans laquelle les jumelles font 'affemblées
; les jumelles font garnies 'intérieurement à
leur partie inférieure de plaqués de fonte de 12
pouces de hauteur , pour éviter leur prompte ruine
qui naîtroit du frottement continuel des pilons qui
les avoifinent : les jumelles font reliées enfemble
par quatre traverses P P , qui pénètrent les jumelles
en haut & en bas , & font retenues par des clés &
des coins |,.ces .traverfes font de fer.
U11 courant d’eau d’environ trente pouces de
volume, qui entre par l’empellement C , pouffe
fous les pilons le minerai que l’on précipite dans
l’auge F ; cette auge , dont le plan eft un trapèze,
eft formée par deux joyères de bois abominantes
aux jumelles, & fe reuerrant du côté d’amont on
de l’empellement C ; le minerai trituré , paîtri &
délayé par la chute réitérée des pilons, eft forcé
par le courant de l’eau à pàfler à travers de la grille
qui eft appliquée aux jumelles du boeard du côté
d’aval, pour arriver par les goulettes a ou y dans
une des deux huches du patouillet.
* La grille ne doit point-être formée de barreaux
aflemblés & foudes fur un cadre ; il eft plus commode
de la former de barreaux qui n’ont aucune
liailon entr’eux , parce qu’ayant différentes efpèces
de minerais à traiter , il faut éfpacer différemment
les barreaux: pour les groffes mines il faut fix à
fept lignes de diftance , & feulement trois ou quatre
pour les menues , ce qui obligeroit à avoir nombre
de grilles différentes ; d’ailleurs un barreau qui
éprouve un accident, met la grille hors de fervice.
Pour éviter ces inconvéniens , il faut creufer à la
partie inférieure de chaque jumelle, du côté d’aval,
une feuillure d’un pouce de profondeur, deux pouces
& demi de large , & quinze pouces de hauteur,
depuis le niveau de la plaque de fonte fur laquelle
retombent les pilons, jufqu’au niveau des traverfes
inférieures. Il faut enfuite brocher fortement un
guide d’un pouce d’épaifleur fur vingt lignes de
largeur, pour former une couliffe à chacune des
jumelles. Pour former la grille, il faut des barreaux
triangulaires de vingt-huit pouces dé longueur
, dont les bouts refoulés & forgés quarré-1
ment fur fept à huit lignes de grofleur, portant à
plat une des faces de la partie triangulaire, fe préfente
du côté d’amont, & l’arête oppofée du côté
d’aval ou bien on emploiera des ‘barreaux quarrés
, dont les bouts refoulés quarrément, & pofanr
horizontalement , le milieu du barreau préfente
deux de fes. arêtès horizontalement; en cet état,
on les introduira dans les coulifles , en; les féparant
par de petites cales de bois proportionnées à !a
diftance que l’on veut laifler entre chaque barreau :
le dernier barreau eft aflujetti à chaque bout par
une petite clé chaffée à force ; lorfqu’il faut changer
de grille, un quart d’heure fuffit pour la rétablir.
Le patouillet X X ou Y Y , eft une cuve demi-
cylindrique de cinq pieds de long, & cinq pieds
de diamètre > formée dé doiiyes fortes faites avee
des quartelages de bois de quatre à cinq pouces
en quarré , bien drefles & joints, affermis lur une
charpente dont chaque bout forme un demi-cercle ;
les deux bouts de la huche font fermés par des
enfonçurès faites de madriers d’environ trois pouces
d’épaifleur. Dans chaque huche il y a trois
ouvertures, l’une x ou y ; au milieu de la partie
fupérieure eft l’orifice de la goulette qui apporte
l’eau chargée _de la mine fortant de la grille^; la
fécondé ouverture 6 ou 7 eft dans l ’enfonçure près
l’angle du côté d’amont ; elle fert à évacuer l’eau
feourbeufe , chargée des impuretés du minerai ;
elle eft à quelques pouces au deflous du niveau de
la précédente : plus les mines font quartzeufes ou
fablonneufes, plus il faut defeendre cette- ouverture;
la troifième & dernière eft placée au fond
& au centre de chaque huche ; elles fervent à conduire
le minerai fuffifamment lavé dans le lavoir
inférieur Z , en paflant fur l’égrappoir que l’on
adapte , s’il eft néceflaire, au deflus de ce lavoir,
& au deflous des goulettes g ou h. 8 ou 9 , font les
queues des pelles, qui ferment l’ouverture inférieure
de la huche. 10, 1 1 , barreaux qui contiennent les
queues des pelles.
L’arbre c d du patouillet eft mu par l,a roue à'b9
dans le même courfiér que celle du boeard ; &
comme il faut beaucoup de force à cette roue, on
tire un aqueduc fous le courfiér de la roue du
boeard, lequel aboutit fur le plongeon de la fécondé
roue, enforte que l’eau de la première roue vient
encore fut la fécondé.
L’arbre-vis-àf-vis le vide de chaque huche eft garni
de barreaux dont les bouts pénètrent fe croifent
dans le même feus que les rays de la roue ; ces
barreaux, de dix-huit lignes de grofleur font repliés
à angles droits, enforte que la-partie qui eft parallèle
à l’arbre, eft éloignée de fon centre de
vingt-neuf pouces & demi hors d’oeuvre -, pour
que dans le mouvement derotation, ils defeen-
dent jufqu’à, un demi-pouce près, du fond de la
huche. Les angles des coudes de ces barreaux doivent
être prefque vifs pour entrer dans les angles
circulaires de la huche ; mais comme les rayons
des quatre barreaux ne font pas tous, dans un même
plan , on coude les angles en manière de crofle,
pour qu’ils puiflent pafler près des enfonçures, &
empêcher que le minerai n’y féjourne.
Chacun des quatre efpaces que les barreaux laif-
fent entre eux, eft garni de trois cuillers ; ces cuillers
font des efpèces de fpatules , dont la branche'
PU barreau de dix-huit lignes de grofleur , eft emmanché
dans l’arbre : l’autre bout eft applati à fix
pouces en long & en large, & eft refendu en trois
parties , ce qui forme une efpèce de main trida&ile
qui avance auprès de la huche autant que les barreaux
: le bout de ces cuillers eft tors , pour que la
mine coule defliis en biaifant, & eft courbé pour
cjue la mine qu’il rapporte en montant ne foit point
jetée hors de la huche ; il eft fendu enfin, pour multiplier
la collifion,
Il eft eflentiel que les barreaux, les cuillers , &
par conféquent les huches , aient les dimenfions
données ; lorfque les huches font plus profondes
les barreaux & cuillers étant néceffairement plus
longs, ont moins de force , parce que le centre de
l’aâion eft trop éloigné du point d’appui, l’opération,
eft plus lente & moins exaâe.
Lorfqiie l’arbre hérifle de douze cuillers & de
quatre barreaux eft mis en mouvement, il naît
un tumulte iiiteftin dans la huche qui agite tout le
minerai à fur & à mefure qu’il y eft précipité : les
cuillers foulèvent la mafle de minerai toujours prêt
à fe précipiter, les barreaux en paflant exactement
dans tout le,contour de la huche, empêchent par
leur mouvement que le minerai ne fe cantonne,
dans les angles ; le frottement qui naît de ce mouvement
général, détache les corps étrangers, délaye
les terres glaifeufes ou argilleufes qui font
chaflees, unies à l’eau par la goulette de décharge
6 ou 7 , qui évacue autant d’eau qu’il en entre
les fables fins font aufifofoulevés & entraînés avec
l ’eau bourbeufe.
Le patouillet à cuillers fans barreaux ne fuffit
pas, parce que les cuillers ne peuvent aller-dans les
angles de la huche * & qu’elles ne forment qu’une
tranchée dans la maffe de minerai qui fe précipite ;
les barreaux ne préfentent pas affez de furface, mais
ils paffent dans toute l’étendue de la huche ; l'utilité'
diftinCte des barreaux & des cuillers a déterminé
l’auteur à les joindre.
Lorfque l’on s’apperçoit que l’eau de la huche
s’éclaircit, on débouche l’ouverture du fond de la
huche , en tirant une efpèce de bonde ou de pelle
faite d’un bout de bois quarré, échancré circulai-
rement pour affleurer la furface intérieure de la
huche, & emmanché d’un bâton 8 ou 9 , qui fert
à la replacer ou la retirer.
Pendant que le minerai fuffifamment lavé fe précipite
dans le lavqir Z , un ouvrier placé obliquement
au courant tire le minerai avec un rabot de
fer dans un dés angles du lavoir en le foulevant;
pendant cette opération , l’eau que fournit la goulette
de la grille du boeard continue de couler joif-
qu’à ce que l’ouvrier ait amoncelé toute, la mine
dans un coin du lavoir ; cettê eau qui tient en dif?
folution les parties étrangères, s’écoule par une
échancrure k o u l , faite à la partie fupérieure du
lavoir du côté d’aval; & lorfque tout le minerai
eft amaffe, la bonde 8 ou 9 replacée, l’ouvrier
débouche le petit empellement de fond m, pour
mettre le lavoir à fac : s’il refte quelque peu de
fable , le bocqueur l’enlève avec une pelle de bois ,
ou le fait écouler par le petit empellement m; alors
un autre bocqueur fait travailler le boeard , tandis
que le premier enlève du baflin le minerai lavé ôç
dépofè dans une place ménagée à côté de la machine
, pour enfuite être porté au fourneau.
Lorfque l’on veut doubler le travail d’un boeard
pour de plus amples provifions, on établit deux
huches X X , Y Y , placées bout à bout fur la même
P d d d ïj