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La calcédoine faphirine eft la plus dure, la plus
te lle & la plus eftimée. On appelle ainfi celle d’un
■ gris bleuâtre où la teinte du bleu domine.
Il y a de ces calcédoines où il fe trouve aufli un
peu de jaune ou de pourpre fort agréable à la v u e ,
enforte qu’elle paroît de trois couleurs; & regardée
au foleil, elle paroît avoir les couleurs-de l’arc-en-
ciel , ce qui la fait alors appeller iris chalcedonia;
La calcédoine laiteufe ou la plus commune eft
d ’une feule couleur, d’un blanc pâle, ou blanc de
lait ; elle n’eft diftinguée de l’agate blanche, qu’en
c e qu’elle eft plus nebuleufe & moins dure.
La calcédoine rayée, tachetée, ou panachée, eft
reconnoiflable par de petites raies, de petits points,
tantôt gris , tantôt rouges fur un fond blanc laiteux.
Enfin, on donne le nom de pierres calcédoineufes
à toutes les pierres fines qui ont des nuages, ou des
teintes laiteufes irrégulières , qui en offùfquent la
tranfparence.
Girafol & Argentine.
Le girafol, qu’on appêlle aufli pierre du foleil, eft
plus dur que l’opale , & moins que le criftal. Il eft
d’un blanc laiteux, avec une teinte de bleu & de
jaune, réfléchiffant un peu les rayons de la lumière
lorfqu’il eft taillé en forme fphérique. .
Le girafol oriental vient de l’Afie mineure.
Le girafol occidental fe tire de Bohême & de
Hongrie.
On appelle argentine une efpèce de girafol, qui a
la couleur d’une lame d’argent bien nette. C ’eft
proprement un girafol chatoyant fur un fond argentin.
Opale. :
12opale eft une pierre dure, faifant feu avec
l’acier, luifante, prefque tranfparente , d’un bleu
laiteux, ou de couleur de nacre de perles , qui a la
propriété de réfléchir toutes les couleurs de l’arc-
en-ciel , par la réfraâion qui fe fait à la furface des
rayons du foleil. L’opale eft la feule pierre pré-
cieufe & fine, que l’art n’ait pu encore contrefaire.
On taille ordinairement l’opale en cabochon. On
diftingue plufieurs fortes d’opales.
12opale orientale eft aufii appellée opale à paillettes,
parce que lés lames, couleur de gorge de pigeon ,
■ qu’on y obferve, paroiffent comme autant de brillants
de différentes couleurs lorfqu’on la fait chatoyer.
Elle réfléchit, comme l’iris, les couleurs les
plus éclatantes de toutes les pierres précieufes. ,Les
Indiens l’eftiment autant que le diamant & le rubis.
O n eftime dans le commerce une belle opale orientale,
au double du faphir, à groffeur égale. Les plus
■ belles de cette efpèce viennent de l’ile de Ceylan.
I l y en a une fuperbe dans la riche colle&ioh de
ÂM. d’Augny.
12opale à flammes chatoie, comme s’il en fortôit
des feux par lignes parallèles.
12opale jaunâtre occidentale a un jaune qui la
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domine, au travers duquel on voit quelques cou-
leurs, mais foibles & comme éteintes. Elle ne chatoie
pas bien fenfiblement. On la tire de Chypre &
d’Arabie.
Il y a des opales noirâtres, qui viennnent d’Egypte
, mais fort rares. On y voit briller, à travers
une forte de vapeur, un éclat de rubis , à peu près
comme un charbon noirâtre qui feroit allumé d’un
côté.
11 y a encore quelques autres opales' de peu de
valeur, qu’on trouve en Saxe, en Bohême, en
Hongrie.
Afiérie.
12 a férié eft une pierre fingulière & extrêmement
rare , que l’on peut placer au rang des opales,
parce qu’elle eft de la même nature, de la même
pâte & de la même dureté. Elle n’a pas toutes les
petites lueurs de l’opale, mais elle a de grandes
lames de lumière, qui ondulent avec éclat fur
la furface , à peu près comme l’éclair quand il
perce la nue ; & fon fond de couleur eft d’un rouge
très-foncé, femé de petits points comme l’avantu-
rine 5< excepté que les fiens font blancs, & que ceux
de l’avanturine font d’or.
Cependant, fi on ne l’approche pas fort près
du grand jour ou de la lumière, & fi on ne la
remue pas, on n’apperçoit aucune ondulation, &
elle paroît couleur de marron, fans aucun agrément
pour la vue.
Cette pierre eft plutôt une pierre de curiofité &
de-cabinet, qu’une pierre agréable, quoiqu’on l’appelle
pierre du foleil. Elle eft tendre comme l’opale
orientale. On la taille en goutte de fuif.
Afiroïte.
Il y a une autre pierre comme de l’ivqire , par-
femée de petites étoiles noires, qu’on nomme af-
troïte ; mais elle eft fi peu eftimée, qu’elle eft pref-
qu’inconnue. -
Pierre de lune.
La pierre de lune eft une efpèce d’agate nébuleufê,
ou plutôt une opale foible d’un blanc de lait, qui
réfléchit la lumière comme fait la lune, d’où lui
vient fa dénomination. Il y en a d’orientales d’un
chatoyant blanc fur un fond bleu , dont l’effet eff
très-agréable.
U Iris . '
12iris eft formée par criftallifation, & femble-
roit par-là devoir être claffée avec les pierres pré-
cieufes ; mais fon effet eft fi femblable à celui de
l’opale, qu’on la met à la fuite des opales dans la
claffe des pierres fines:.
L’iris a une criftallifation hexagone.; elle eft d’une
couleur de gris de lin, tirant fur le rougeâtre, ayant
la propriété de réfléchir les couleurs dé l’arc-en-ciel,
à peu près comme le girafol, quoiqu’elle en diffère
effentiellement par fa nature & fa tranfparence*
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1 On trouvé cette pierre dans l’île de Sumatra. On en
fait en Pologne & dans d’autres pays, des manches
d’armes, des vafes, des ouvrages d’ornemens, &c.
On taille l'iris en cabochon pouf faclliter.fon jeu , j
comme l’opale.
Pierres chatoyantes.
On appelle pierres ckatoyantes, celles qui, comme
les yeux du chat, dont elles tirent leurs noms, jettent
dans une certaine expofition à la lumière,
un ou plufieurs rayons brillans, colorés ou non
colorés, au dedans ou à la furface, partant d’un
point comme d’un centre, s’étendant vers les bords,
& difparoiffant à une autre expofition de lumière.
Nous avons déjà parlé de plufieurs pierres précieufes
, qui font quelquefois chatoyantes ; mais
celles qui ont effentiellement cette propriété, font
Y oeil de chat, efpèce d’agate très-fine, d’un gris de
paille, ou de jaune, ou Verdâtre. Plufieurs ont un
point dans le milieu, d’où partent en rayonnant
des traces verdâtres, v ive s , couleur de poireau,
entremêlées détachés dorées, dontl’enfemblerend
affez bien la figure & le brillant de l’oeil d’un chat.
La difficulté eft de trouver dans ces pierres le jufte
milieu & le point central pour en former un oeil
dans toutes les proportions, que les Italiens appel- ;
lent alors beVocchio. 12oeil de chat vient de l’Egypte
& de l’Arabiè.
Il y a plufieurs de cette efpèce de pierres qui font
d’un gris verdâtre , & qui n’offrent qu’un chatoiement
en long, pourquoi les lapidaires les taillent
en ovale.
(EU du monde, caillou très-rare d’un gris rouf-
fâtre ou cendré, entrecoupé de veines jaunâtres,
qui réfléchit fi fortement les rayons de la lumière,
qu’étant expofé au foleil, il reluit, & en rend l’image
entière avec un éclat étonnant. Une fingularité de
cette pierre , c’eft qu’elle devient tranfparente dans
l’eau, & qu’elle reprend peu. à peu fon état d’opacité
en féchant. On trouve ce caillou en Egypte
& en Arabie.
Le cacholong eft une agate blanche, dure & compare
, un peu opaque & demi-tranfparente, laquelle
prend un beau poli, / & fe vitrifie au feu. Cette
pierre eft chatoyante. On la trouve fur les bords
d’une rivière appellée Cache par les Kalmouques,
qui nommoient chalong'toutes les pierres ; d’où s’eft
formé le mot de cacholong.
Plume de Paon.
Quelques joailliers font mention de la plume de
paon, laquelle, difent-ils, eft une agate tendre ,
quoiqu’orientale , rayée comme les barbes d’une
plume & d’une couleur verdâtre, qui paroît pourpre
à la lumière.
Le Jade.
Le jade eft une pierre verdâtre ou olivâtre, ou
laiteufe, avec une nuance de bleu, dé la nature de'
l’agatè & du filex ; d’une telle dureté qu’on a de la
peine à la travailler même avec la poudre de diamant.
Elle ne peut point recevoir un poli bien v if ,
parce qu’elle eft rude & grenue, qu’elle paroît greffe
hnUeufc, avec une teinte toujours .offusquée, .
Le jade oriental eft d’un blanc laiteux , mat ,
peu tranfparent & extrêmement dur.
Le jade d’un verd clair, dont la couleur eft olivâtre
ou céladon, étoit nommé par les anciens pierre
divine ou néphrétique, à caufe des propriétés mer-
veilleufes qu’ils lui attribuoient.
Le jade d’un verd foncé, reflemble a la prime
d’émeraude par fa couleur. On l’appelle aufli pierre
des Amazones, parce qu’elle fe trouve fur les bords
de la rivière des Amazones.-
Aventurine.
Il y a l’aventurine faélice, dont nous parlerons
Ci-après ; mais il y a aufli Y aventurine naturelle, par-
femée de petits points d’or chatoyans & très-bril-».
lans, qui réfléchit l’image entière du foleil.
Tourmaline.
La tourmaline eft d’une tranfparence lourde Sé
d’un jaune obfcur, qui tient du verd & du noir.
Cette pierre fingulière n’eft connue en Europe que
depuis 1717. Le duc de Noya l’a rendue célèbre
par fes expérience, & fa lettre adrèffée à M. de
Buffon en 1759. Suivant cette lettre, la tourmaline
paroît inaltérable à un feu médiocre, auquel on
l’expofe,.pour voir l’effet fingulier qu’elle a d’attirer
& de repouffer la cendre, & même la poufiière
de charbon. Un feu violent & brufqué la fend &
diminue fes propriétés. Elle s’éleftrife par le feu
beaucoup plus que par le frottement ; elle attire
& repouffe même à travers le papier ; elle n’eft
point attirée par l’aimant, & perd fon éleélricité
lorfqu’élle eft trop échauffée.
Turquoife.
Les turquoifes, félon M. deRêaumur, font des
os & des dents d’animaux pétrifiés. En effet, on les
trouve filamenteufes, & quelques-unes font percées
d’alvéoles ou d’ouvertures pour les nerfs. Des parties
offeufes durcies dans la terre, & imprégnées
d’un fuc cuivreux, forment donc les turquoifes. On
voit au cabinet du jardin du Roi de France, une
main convertie en turquoife.
Les joailliers diftinguent cette pétrification en
turquoife orientale ou de vieille roche, & turquoife
occidentale ou de nouvelle roche. L’orientale tire fur
le bleu célefte; elle eft très-dure-, & fufceptible
d’un beau p o li, quôiqu’opaque. On l’apporte de
Necapour, à trois journées de Mêched en Perfe ;
on en apporte aufli de Turquie, d’où lui vient le
nom de turquoife. Cette pierre fe trouve dans la
mine en forme femi-orbiculaire.
L’occidentale eft moins dure, & tire plus fur
le verd que fur le bleu. On en trouve en Efpagne #
en Allemagne, en Languedoc.
J Une belle turquoife orientale de la groffeur-d’une