
parce qu*il fert à peindre en o r , ou aux dèffins en
or : ce vernis eft compofé de moitié de Tchao-tjî ÔL
moitié de Kin-tjî. •
”Travail du vernis•
La première chofe qu’il' faut faire , ceft de paffer
le vernis pour le purifier le plus qu?il eft poffible de
toute'ordure & pouffière ; pour cet effet on prépare
du coton, comme quand on veut faire une courtepointe
; on met trois lits de coton ainfi préparé ; on
les étend fur un morceau de toile claire; fur ces lits de
coton on verfe le vernis, foit Yang-tji, foit Kouang-
tji évaporé , & on l’enveloppe bien exa&ement avec
îe coton lit par lit, retranchant, s’il eft néceffaire $
dans les plis un peu de coton, pour qu’il fe couche
plus aifément & plus uniment : qüand les-trois lits
de coton ont été ainfi couchés fur le vernis lès uns
après les autres, on enveloppe- le tout de la toile
pour exprimer le vernis qui y eft enveloppé. La
machine dont fe fervent les Chinois pour cette opération
eft fort fimple, & meparoît commode. Quand
H ne découle prefque plus de v e rn is o n ouvre la
toile & l’on dépèce avec fes doigts les trois lits de
coton, pour derechef en exprimer ce qu’on pourra ;
on réfière cette manoeuvre deux à trois fois , jufqu a
ce qu’il n’y ait plus de vernis : on jette enfuite le
coton,, & l’on recommence la même opération avec
trois autres lits de coton neuf ; on paffe une troi-
fième fors le vernis ; à cette troifième~& dernière
fois, on ne fe fert pas de coton, mais d’un lit de
Sée-mien. Le Sée-mien eft fait du deiTus du parchemin
qui .enveloppe Ta nymphe du ver à fbie : on étend
fur la toile claire, au lieu de coton * fept ou huit
doubles du Sée-mien, on en enveloppé le vernis
comme on a fait aux autres expreliions avec le coton,
8c on l’exprime : le vérnis ainfi paffé eft cenfé très-
ptir. Pour cette opération, il faut être dans un endroit
bien net, & où il n’y ait aucune pouffière a
craindre , de peur que dans la faite if ne'tombé
quelque grain de pouffière fur ce vernis ainfi purifié.
.Lès Chinois,- après l’avoir reçu quand il çouloit, en
l’exprimant dans uif vafe de porcelaine bien net \
couvrent le vafe déifie feuille de papier dit Mao-teou-- ’
tchï, dont j’ai parlé, &'îe' mettent dans un endroit
propre , jufqü’a cé qu’ils Veulent s’en fervîr : alors ils
ne découvrent pas tout le vafe ? mais ils' lèvent feulement
un coin du papier, qui lë'èouvre.
Dans le Mémoire plus détaillé que j’enverrai ,
s il y a occafion , y joignant des' modèles & échantillons
de chaque chofe qui entré dans' le vernis '
comme favois fait dans le pr'eiïiièr ' envoi qufa péri
à Belle' - Iflé ; je décrirai au long" la bafe dont fe
fervent les Chinois pour appliquer le vernis fur ies
tables , chai fes & autres meubles : un modèle que je
joindrai, facilitera beaucoup Intelligence'-de cefte
opération. Le fond de cette bafe eft de la poudre dé
brique, ou de la poudre de charbon de- lapin qui
vaut encore mieux. Il y en a qui emploient au lieu
de cela, de la fciure ou mçulur e de bois, qu’ils fricaftent
auparavant dans une poêle de fer pour lui
faire jetter fon huile ou réfine (æ).
La meilleure de toutes les matières pour ces fortes
de bafes font les cendres de bois de cerf : on en trouvera
la raifon dans mon Mémoire détaillé.
On délaie des cendres, pouffière ou moulure de
bois avec du vernis , ou avec du fang de porc préparé
avec de la chaux.
Application du ternis.
Le laboratoire doit être un endroit extrêmement
net, autant qu’il fepèut à l’abri de toute pouffière:
pour cet effet on le tapiffe de nattes ; par deffus ces
nettes on colle du papier exactement par-tout, tellement
qu’on n’apperçoit pas le plus petit endroit des
nattes : la porte même au laboratoire qui doit fermer
bien jufte, eft tapiffée & collée comme le refte.
Quand les ouvriers ont à appliquer quelques-
couches de vernisfur-tout, la dernière, fi c’eft dans
une faifon où il n’y ait pas à craindre de prendre du-
froid, ils lie portent que des caleçons, pas même de
chemifes, de crainte de porter de la pouffière dans le
laboratoire : fi la faifon ne permet pas de.fe dépouiller
ainfi de fes habits , on a grand foin dé les bien fecouer
avant que d’entrer dans-le laboratoire■ : on ne porte
en outre que dés habits für lefquels la pouffière ne
s’attache pas aifément ; on a attention dene pas trop
remuer dans le laboratoire & de n’y -pas fouffrir de
gens inutiles.
La première chofe que font les ouvriers , c’eft d e .
bien nettoyer les broffes dont ils veulent fe fervir ;
ils ont dans une petite jatte un peu d’huile,, dans
laquelle ils les nettoient, de-peur qu’il n’y ait dans
les broffes quelque grain de pouffière ; on effuie
enfuite foigneufement les brodes ,.afin d’en enlever
toute l’huile : les broffes étant bien nettes , on découvre
un coin de la jatte où eft le vernis qui a été
paffé ,trois fois, comme je l’ai dit.. Pour prendre le
vernis- avec la broffe, on ne fait que l’effleurer &
eh retirant la main; on tourne deux ou trois fois la
broffe pour couper le filet que. laiffe 'après foi le
vernis. On fait que pour appliquer du vernis quel
qu’il foit-, il faut paffer d’abord là broffe en tous fens,
appuyant également par-tout; en finiffant, il faut
paffer la broffe par-tout dans.le même fens.
Chaque couche de vernis n a au. plus que l’épaif-
feur du papier le plus fin : fi le vernis-eft trop épais ,
il fait des rides en féchant ; pour manger ces rides ,
il eh coûte, on eft même quelquefois obligé de les
enlever avec un.cifeau, au lieu de s’amufer à les
polir avec des hâtons compofés de poudre de brique,
dont je parlerai dans la fuite. Quand même il ne fe
ferait pas formé de rides, le vernis aurait beaucoup
de peine à fécher. Avant que d appliquer une fécondé
couche, de vernis , iî , faut que. la première
couche foit bien sèche , Ë| ait été polie avec des bâtons
compofés de poudre de brique.
(a) N. S i Que le vernis ne peut ibuffrir aucune huile dans
ton alliage îi elle-n’efi bien ficcative , autrement jamais il né
fécheroit parfaitement, Note deM, Waxin*
i . Pour mettre fécher lés-pièces’ devenus à nïefure
|qu’on 'les travaille , on a pratiqué autour du laboratoire
des étagères du haut en bas; on y place les pièces fur lefquelles on vient d’appliquer une couche
de vernis, les mettant plus ou moins bas, félon
qu’on veut quelles pèchent plus ou moins vite. L’humidité
de la terre les sèche plus tôt ou plus tard, félon
qu’elles en font plus ou moins éloignées. Quand
elles font abfolument sèches , on les met fur les éta- oères les plus élevées , on les y laiffe fi on le juge a
propos. A Peking oùl’air eft extrêmement fec ,pour lécher le vernis , il faut.néceffairement l’expofer
dahs un endroit humide entouré de nattes (a ) que l’on arrofe d’eau fraîche , autrement le vernis ne fé- , cher oit pas. Si c’eft une pièce mife en place qu’on ne
puiffe détacher, ils font obliges de 1 entourer ainfi de
linges mouillés. ,
. Quand la première couche de vernis eft bi en sèche,
il faut la polir ; fi elle n’étoit pas bien sèche, en po-
liflant on enleyeroit quelques endroits. Un jour après
qu’on a mis une pièce fécher. fuY l’étagère d’en bas
du laboratoire , on la vifite pour voir fi elle eft sèche :
pour cela on pofe doucement le bout du doigt deffus ;
li en le retirant il laiffe une tache comme de graiffe,
[le vernis n’eft pas affez fec pour fouffrir le poli. On
l ne rifqüe rien de laiffer une pièce plufieurs jours:
[ plus le vernis fera fec, &. mieux il fe polira. Il faut
[ feulement avoir attention dans les temps, humides ,
I que le vernis ne contrarie pas trop d humidité ; car
falots il fe ternit .& jamais if ne revient; fi c’eft une
I dernière couche , elle eft perdue, il faut la polir &
| en ajouter une autre. Pour remédier à cet inconvé-
! nient, on ne met point alors les pièces fecher fur
l’étagère d’en bas, mais fur la féconde ou la troi-
fième : il vaut, mieux que le vernis sèche plus lentement.
Quelque polie que foit la bafe fur laquelle on
applique le vernis, il s’y trouve toujours quelques
petites inégalités qu’une ou deux couches de vernis
ne pourraient effacer-, c’eft pourquoi on eft obligé
de polir chaque couche; le vernis qui fer oit trop
mince ferait fujët à.être facilement enlevé. Quelque
foin que; l’on prenne , il fe trouve encore quelques
grains de pouffière dans le vernis , qui font autant
de petites inégalités que le poli enlève ; d’où il
fuit que fi à chaque Couche on ne poliffoit pas, la
dernière couche ferait la«-,plus imparfaite.
Pour polir le vernis on forme de petits bâtons
compofés de poudre de brique pafféç au tamis fin ,
& lavée en trais eaux claires: après l’avoir remuée
dans l’eau jufqu’à la rendre trouble on décante cette
eau dans un antre vafe, & l’on jette ce qui s’eft précipité
comme trop groffier. On répète trois fois cette
opération , & on laiffe bien repofer l’eau ; quand
elle eftbièn repofée, on la verfe par inclinaifon ; on
couvre le vafe où eft leffédiment, & on l’expofe au
t loleil pour fécher: étant sèche, on la paffe par un
tamis fin , on la délaie avec le tong-yeou, où il
entre du tou-tfe, & un peu plus de moitié'de fang
• (a) Cette obfervation bous paroit conue toute expérience.
Note de WM Waûn*
de cochon préparé avec de l’eau de chaux. Pour former
des bâtons, on roule de cette matière dans de
la toile, on leur donne la forme que 1 on veut, &
.enfuite on les met fécher à l’ombre fur une planche
couverte d’un papier, dè peur que la pouffière grof-
fière ne tombe deffus , ce qui en poliffant le vernis
formerait des raies; fi l’on mettoit fécher les petits
bâtons au foleil, ils fe fondraient.
La préparation du fang de cochon avec l’eau de
chaux fe fait ainfi on prend une poignée de paille
battue & groffièrement hachée, de la longueur de
trois ou quatre pouces ; avec cette paille on manié,
le fang , comme font les chaircuïtiers pour ôter les
grumeaux, de fang, après quoi on le paffe par un
linge : on verfe dans ce fang à peu près un tiers
d’eau de chaux toute blanche, fans la laiffer repofer :
on fait cette eau fur le champ & on la verfe auffitôt.
On conferve le fang ainfi préparé dans une terrine
couverte.
Tour polir le vernis, on trempe dans l’eau le bout
des petits bâtons de poudre de brique, & l’on frotte
affez ferme par-tout pour enlever les petites inégalités
caufées par quelques petits grains de pouffière qui
fe feroient trouvés dans le vernis ou dans les broffes ;
& de temps en temps on paffe une broffe à longs
poils trempée dans de l’eau , tenant la pièce au
deffus du vafe où l’on trempe la broffe, pour la laver
&. ôter la boue qu’a fait le bâton de poudre de brique,
afin de voir s’il y a encore, quelques petits défauts ,
& lès polir avant d’appliquer la fécondé couche de
vernis. On polit cette fécondé couche comme la première
, quand elle eft bien sèche ; enfin on applique
la troifième couche : c’eft fur-toutpour cette couche
qu’il faut apporter tous lès foins pcffibles d’éviter les
grains de pouffière.
Il n’y a que peu d’années, fous l’Empereur régnant,
que le fecret du yang-tjî, ou du vernis qui
imite le brillant de celui du Japon , a tranfprré hors
du palais. Il y a environ trente ans qu’un particulier
de Sou-tcheon, une des villes où fe font les plus belles
pièces de vernis de la Chine, trouva ce fecret, ou
plutôt le tira de quelques Jàponois ; les marchands de
Sou-tcheon ayant commerce avec ceux du Japon. Il
feroit à fouhaiter qu’ils en euffent auffi tiré ce fecret
de préparer leur tchao-tjî y qui remporte infiniment
fur celui de la Chine. L’empereur Yong-tching, père
de celui qui règne préfentement, voulut avoir ce
fecret, & ne voulut pas qu’il fortît de fon palais ; en
effet, ce fecret eft demeuré inconnu au dehors pendant
plufieurs annés; Enfin, Kien-l.ong, actuellement
régnant, n’étant pas fi curieux de vernis que fon
père , ne s’eft pas embarraffé que ce fecret tranfpi-
rât au dehors. Je lé fais d’un des ouvriers qui.travaillent
au palais , qui l’a fait devant moi |el que j.è
l’ai décrit dans ce mémoire ; c’eft de ce même ouvrier
qui a travaillé près de trois mois chez nous que
je fais ce que j’écris du vernis. Il eft chrétien & moh
pénitent , j’ai lieu de croire qu’il ne me trqnipe
Ci-devant, les Chinois ne faifoient que du venus