
naire ; mais c’eft toujours à la faveur de l’acide
marin que les acides deviennent régalins.
L’acide nitreux & l’acide marin, chacun fépa-
rément, ne peuvent diffoudre l’or , & quelques
.autres fubftances métalliques ; mais par l’union de
ces acides on les difîbut facilement. C ’eft un phénomène
très-fingulier , dont on ne connoît pas encore
d’explication bien fatisfaifanre.
Il n’eft point ici queftion du vinaigre; cet acide
jetant l’objet de l’art des vinaigriers, nous en parlerons
à cet article.
Il nous refie à faire connaître ce qui concerne
en général la fabrique des différentes efpèces dW-
kalis, d’après les procédés indiqués par M. Mac-
jquer, de l’académie des fciences.
D e l* A l k a l i f i x e .
L’alfcali fixe eft une fubftance faline, qui paroît
compofée d’acide , de terre, & d’un peu de phlo-
giftique, dont les principes ont enfemble une moindre
adhérence, que n’en ont les uns avec les autres
ceux de l’acide.
Il y a différentes efpèces de fubftances falines
fllkalines, qui font Yalkali végétal, Yalkali minéral,
& Yalkali volatil ; elles portent toutes le nom d' alkali
> parce qu’elles ont des propriétés communes
£ntre elles.
De VAlkali fixe végétal.
On donne le nom Yalkali fixe végétal à tous les
alkalis fixes qu’on retire par la combuftion des matières
végétales quelconques; & qui n’ont point
les propriétés de l’alkali minéral qui fert de bafe au
fel commun.
La méthode générale de retirer les alkalis fixes
des fubfiances végétales, confifte à faire brûler ces
fubftances librement & en plein air, à laiffer en-
fuite confumer entièrement leur charbon ou braife,
<& à les réduire en cendres. Après quoi on leffive
ces cendres avec de l’eau très-pure jufqu’à ce que
cette eau forte infipide. On la filtre, on fait évaporer
cette leffive jufqu’à ficcité; ce qui refte eft le fel alkali
fixe de la plante qu’il eft bon de calciner à un feu
doux & long, pour#le priver de toute eau fura-
feondante, & d’une portion de phlogiftique & de
gaz auffi furabondant.
Les alkalis fixes tirés des matières végétales quelconques
, lorfqu’ils font bien préparés & exaâement
purifiés -, font exactement femblables les uns aux
autres, & ont abfolument les mêmes propriétés,
enforte qu’ils ne font tous qu’une feule & même
efpèce de fubftance faline.
L’alkali fixe végétal eft fous forme concrète ref-
femblant à une fubftance terreufe, d’un beau blanc
mat, fans aucune apparence ni forme criftalline &
régulière ; il n’a point d’odeur tant qu’il eft fec :
fi on l’humeâe avec de l’eau, on s’apperçoit d’une
légère odeur de leffive. Il a une faveur violente,
Âcre, brûlante, cauftique & uriueufe.
Alkali fixe du tartre'.
Le tartre, qui n’eft autre chofe, dit M. Macquer
i qu’un fel concret exiftant dans le moûr & dans le
vin , étant brûlé convenablement, fe change pref-
que tout entier en un alkali très-fort & le plus pur
de tous ; cet alkali fe nomme fe l alkali du tartre
ou Amplement fel de tartre.
Pour faire le fel de tartre, on enveloppe dans
des. cornets de gros papier mouillé le tartre qu’on
veut brûler ; on met ces cornets dans un fourneau
lits par lits avec du charbon ; on y met le feu &
on y fait brûler le tout jufqu’à ce qu’il ne s’élève
plus de fumée capable de noircir.
Comme le tartre fe change prefque tout entier
en fel alkali', il çonferve après fou inncinération
une certaine confiftanee, & retient la forme qu’il
avoit avant la combuftion , ce qui donne la facilité
de le recueillir proprement.
Mais il faut avoir attention lorfqu’on brûle ainfi
le tartre, qu’il n’éprouve point un trop grand degré
de chaleur; fans quoi l’alkali fe fondroit, coule-
roit au bas du fourneau, & fe mêleroit avec les impuretés
qui peuvent fe trouver dans le charbon.
Pour éviter cet inconvénient, il faut fe fervir
d’un fourneau tout ouvert, dans lequel le charbon
puiffe brûler librement, mais fans courant d’air
rapide qui donnêroit trop d’a&ivité au feu. D’un
autre cote , comme, proportion gardée fur la quantité
néceffaire de matières combuftibles, le feu eft
en général beaucoup plus fort en grand qu’en petit,
il faudrait, fi l’on vouloir brûler à la fois une grande
quantité de tartre, diminuer la quantité du charbon
pour éviter fa trop grande chaleur & la fufion
qui pourrait s’en fuivre.
La méthode de M. Rouelle étoit de faire brûler
dans des chaudières ou marmites de fer le tartre
qu’il vouloir alkalifer, & il obtenoit par ce moyen,
une plus grande quantité, d’alkali fixe que par la
combuftion à travers les charbons.
Lorfque le tartre eft fuffifamment brûlé, il faut
en faire la leffive jufqu’à ce que l’eau forte infipide
; filtrer, évaporer, deffécher & calciner pour
obtenir l’alkali du tartre dans fa plus grande pureté*
Alkali fixe du nitre.
Le nitre ayant pour bafe un fel alkali fixe de
la nature de l’alkali végétal, & l’acide de ce fel
étant fufceptible de fe décompofêr & de fe détruire
totalement par la combuftion , on parvient, en
faifant brûler ou détonner le nitre avec les matières
combuftibles, à obtenir féparément fon alkali, qui
porte en général le nom de nitre alkalifé ou de
nitre fixé.
Comme cette combuftion du nitre eft très-rapide,'
& que dans fa détonnation il eft alkalifé en un nf-
tant, on a donné auffi à cet alkali du nitre le nom
(Yalkali extemporané.
Les matières les plus ufitées & les plus commodes
. pour l’alkalifation du nitre, font fe charbon & lu
tartre. L’alkali du nitre fait par les charbons, fe
nomme nitre fixé par les charbons,
Le nitre & le tartre qu on brûlé enfemble lament
un alkali très-fort, mêlé dé l’àlkâli du tartre & de
celui du nitre qui font abfolument de même nature.
On les confond fous, les noms de nitre fixé
par le tartre OU de flux bldiic.
t Pour purifier cês alkalis par l’évaporation & la
déification des lelfives alkalines,. il faut fe fervir
de vaiffeaüx d’argent * ou de- vaifl’eaux de verre,
ou de porcelaine, ou dé grès.
L’alkali fixe bien préparé doit être confervé, foit
fec foit ért liqueur , dans des flacons de criftal,
bouchés en criftal. Il faut avoir attention lorfqu’on
veut fe fervir de celui qui eft en liqueur, de le
décanter doucement de deffiis le dépôt qui fe forme
toujours au fond des flacons.
Alkali minéral y ou Alkali marin.
L’alkali minéral, nommé auffi alkali marin , eft
une fubftance faline, alkaline & fixe, qui fert de
bafe à l’acide du fel commun , & qui forme avec
lui le fel neutre naturel connu fous le nom de fel
marin ou fel commun.
Le feu! moyen de pratique qu’on ait de fe procurer
cet alkali en grande abondance, eft l’incinération
des. plantes maritimes. Ces cendres très-riches
en fel alkali marin, font connues en général fous
le nom de foude.
A l k a l i v o l a t i l .
Les fels ammoniacaux font eompofés d’un acide
combiné jufqu’au point de faturation avec de l’alkali
volatil.
Le plus ufité dé ces fels eft le fe l ammoniac,
dont l’acide eft le même que celui du fel commun.
C’eft auffi celui qu’on déeompofe par préférence
dans les laboratoires, pour en obtenir l’alkali volatil
féparê de l’acide : mais cette féparation ne
peut fe faire fans le fecours de quelque intermède.
Les alkalis fixes non cauftiques ou caüftiques,
les terres calcaires non calcinées, ou dans l’état de
chaux vive ; enfin la plupart des fubftances métal-
liques ou leurs chaux, font autant d’intermèdes
quon peut employer pour dégager l’alkali volatil
du fel ammoniac.
Si l’on fe fert pour cette dêcompofîdon de fail
l i fixe végétal ou minerai qui n?ait point été rendu
cauftique par une très-longue calcination ou par
la chaux, l’alkali volatil qu’on obtient n’a lui-même 3u(e la moindre caufticité qu’il puiffe avoir en qua-
M d’alkali ; il eft naturellement difpofé à fe criftal-
hfer & à fe préfenter fous une forme folide & concrets;.
ta aecompofition du fel ammoniac, les alkalis fixe
Végétal ou minéral, rendus parfaitement.cauftiqu
Pa* *a chaux ; ou la chaux elle-même.
L alkali. volatil qu’on obtient alors ,,eft donc de
plus grande caufticité, & il eft tellement déliquescent,
qü’il eft irfipoffiblé ; fans le faturer de quelque
matière, de le privèr de l’eau qui le tient d if-
fous, & qu’on ne peut jamais l’avoir que fous la
forme d’üne liqueur.
L’àlkali volatil préparé de Cette manière, prend
les noms Yalkali volatil caujlique, ou Yalkali volatil
fluor.
O r , voici le procédé dont on fe fert communément
pour Obtenir cét àlkdli volatil fluor
On mêle promptement, dans un mortier d‘e marbre,
une partie dé fel ammoniac en poudre, avec
trois parties de chaux éteinte à l’air ou à l’eau, auffi
réduite en poudre. On évite dé s’expofér aux vapeurs
qui en fôrtent en abondance ; ori entonne
tout dé fuite ce mélange dans une cornue de grès,
qu’on peut emplir jnfqu’au bas du co l, & on y
ajoute un peu d’eau ; on la place dans un fourneau
de réverbere, & on y lute un ballon avec le lut
gras recouvert de celui de chaux & de blanc d’oeuf r
ce ballon doit être percé d’un petit trou.
On laiffe l’appareil en repos & fans y mettre de-
feu pendant quelques heures, parce que lès premières
portions d’efprit volatil n7en ont pas beloini
pour fe dégager.
On échauffe enfuité la cornue avec beaucoup1
de ménagement & de lenteur; on fait diftillerpeu
à peu en débouchant de temps en temps le petit:
trou du ballon, jufqu’à ce qu’il ait paffé à peu près
autant de liqueur qu’on a employé de fel ammoniac.
On verfe dans un flacon ce qui eft contenu dans
le ballon-, en prenant toujours le déffus du v en t,.
pour n’être point incommodé dé ,1a vapèur fuffo-
cante de cet efprit. Il faut boucher promptement:
le flacon avec ion bouchon de criftal.
. Lorfqu’on veut faire en une feule opération:
une quantité un peu confidérable de cet efprit volatil,
il eft fort à propos, comme le recommande1
M. Baumé , de partager en trois , quatre, & même
en plus grand nombre de parties le fel ammoniac,,
ainfi que la chaux en autant de parties dans la-
même proportion, pour avoir la facilité de ne pas-
faire le mélange en une feüle fois; parce que , fans
compter la quantité de vapeurs nuifibles & infou-
tenables qui s’exhalent dès le commencement du
mélange, quand on a un certain volume de matières
à mêler , comme ce mélange eft alors nécefi-
fairement plus long-temps à faire, on perd, beaucoup
du premier efprit volatil qui eft le plus fort
& qui s’exhale en pure perte.
On peut auffi, comme le pratiquOit M. Rouelle r
mêler promptement le fel ammoniac avec la chaux,
très-vive & très-fèche en poudre, mettre le mé-
< lange dans une cornue tubulée , ajuftér promptement
les vaiffeaüx, & verfër à plufieurs reprifes de
l’eau pure par. la tubulure de la cornue. Cette eau
' éteignant la chaux promptement, fait dégager une-
grande quantité d’efprit volatil fans feu. Comme
; on eft maître de n’ajouter que la quantité' d’eau;