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vent refter mattes, évitant d’en laifter entrer dans
les fonds.
1 1 e. Frotter. Les trois couches d’afliette sèches,
Frottez avec un. linge neuf & fe c , dans les grandes
parties unies , les endroits qui doivent refter mats :
ce qui fait que l’or que l’on ne doit point brunir s’étend
, devient brillant, & fait couler l’eau deffous
fans tacher quand on dore.
Donnez enfuite fur les parties qui n’ont point été
frottées avec le linge, & qu’on veut brunir, deux
couches de la même aftiette , détrempée à la colle,
dans laquelle vous verferez une petite goutte d’eau
pour la rendre plus douce : l’ouvrage alors eft prêt à
recevoir l’or.
12e. Dorer. Prenez de l’or très-beau, d’égale couleur
& point piqué : il s’en vend en livret depuis
le prix de foixante-dix livres le millier des feuilles,
‘julqu’à cent cinquante ; les ors les plus ufités dans
k dorure, font depuis quatre-vingt jufqu’à cent
yingt livres.
Vuidez un livret d’or fur votre couffin , enfuite
avec des pinceaux de différentes groffeurs, propor •
tionnés à la place que vous voulez dorer, mouillez
votre ouvrage avec de l’eau claire , pure, nette,
& fur-tout très-fraîche; car dans l’été on y ajoute
de la glace : il faut changer d’eau de demi-heure
en demi-heure, ne mouillant qu’à mefure la place
où vous voulez pofer l’or ; obfervez de dorer les
fonds avant les parties fupérieures -&• éminentes.
La feuille polée, faites paffer avec un pinceau de
l’eau derrière la feuille que vous venez de pofer,
en appuyant fur le petit bord, évitant qu’il n’en
paffe par deffus, ce qui taeheroit l’or, fur-tout aux
parties qu’on veut brunircette eau étend la feuille;
enfuite on halète deffus légèrement: retirez l’eau
qui auroit pu s’amaffer avec le bout d’un pinceau,
car elle fetoit détremper l’affiette & les apprêts de
deffous.
13 e. Brunir. Laiffez fécher la partie dorée pour
brunir celles difpofées à cet effet, ayant foin que
l’ouvrage ne foit trop fe c , ce qui rendrait le bruni
moins beau, mais auparavant paffez la-pierre dans
les filets carrés pour appuyer l’or , qui quelquefois
s’élève en cloche.
Paffez encore un pinceau de poils longs & très-
doux , bien légèrement fur l’ouvrage, pour ôter la
pemffièrequi pourroit y être tombée ; enfuite avec
votre pierre à brunir, allez & revenez deffus votre'
ouvrage, appuyant le pouce gauche fur la pierre
même pour la maintenir , de-crainte qu’elle ne s’échappe
& n’aille toucher les parties qui ne doivent .
pas être brunies ; mouillez l’endroit bien légèrement
avec un petit pinceau, appliquezry un petit morceau
d’o r , que vous brunirez quand il fera fec.
14e. Matter. Vos parties brunies, il faut matter
les autres , ce qui fe fait en donnant avec un pinceau
une couche légère & douce de colle de parchemin
, belle , nette, fans aucune partie terreufe
bien taraifée, d’une confiftance moitié forte dë la,
colle pour le jaune, & chaude, fans qu’elle le foit.
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trop, de crainte d’enlever l’o r , ne paffant qu’uns
feule fois deffus l’o r , & entrant bien dans les petits
fonds & refends de fculpture , ce qui matte &
appuie l’or.
15e. Ramender. Il arrive'quelquefois’que le doreur
a oublié de mettre l’or dans des petits fonds ©u
qu’en paffant la colle il enlève qusdques petites parties
d’or ; alors il faut en couper une feuille fur le
couffin par petits morceaux, le pofer avec un pin.
ceau à ramender , après avoir mouillé la place ou
il manque avec un pinceau un peu trempé ; lorfque
le ramendage eft fe c , paffez un peu de colle fur
chaque endroit ; c’eft ce qui s’appelle ramender.
16e. Vermeillonner. Trempez dans votre vermeil
un pinceau très-fin, & vermeiHonriez tous les refends
, les carrés & les petites épaiffeurs, ayant
grand foin de n’en point mettre trop à nage, ce
qui formerait des noirs : il faut paffer légèrement
avec goût & propreté , ne faire que gliffer Amplement
fur l’or : cette opération donne à l’ouvrage du
reflet, & une couleur d’or moulu.
17e. Repajfer. Avec de la colle à matter, paffez:
fur tous vos mâts ,.une fécondé couche décollé plus
chaude que la première ; cela s’appelle, repayer : c’eft
ce qui appuie & termine l’ouvrage.
On n’aura pas de peine fans doute à croire après
dé pareils détails que la dorure en détrempe demande
une attention bien vigilante & Hn temps infini
, fur-tout lorfqu’on conüdère que chaque opération
exige d’affez. longs intervalles.
Manière de dorer dijferens orsi
Comme on a fu donner à l’or différens tons,',
on peut de même, fuivant ces tons , varier les nuances
de la dorure ; le goût doit diriger ces opérations:
tous les apprêts font les mêmes que ceux que nous
venons de décrire jufqu’à la huitième opération,
mais on change les fonds fuivant la couleur de
l’or ; obfervez feulement qu’en couvrant l’ouvrage
de jaune, il faut réferver en blanc, qui é ff le fond,
de la dorure, les parties qui doivent être, d’or verd,
ou d’or citron;
Pour dorer en or verd,. donnez fur ce "blanc ré-'
férve & qui n’a pas été jauni, une couche d’un
peu de blanc dê cérufe, broyé très-fin à l’eau, d’un
peu de bleu de Pruffe tendre , & d’un peu de ftil-
de-grain , tous deux auffi broyés à l’eau ieparé-
ment, lefquels combinés entr’eux donneront mi
verd d’eau de la couleur de l’or verd ; détrempez
le tout avec de la même colle dont vous vous êtes
fervi pour le jaune ; laiffez-le repofer, & ne vous
forvez que du deffus-, qui doit vous donner une
teinte claire.
Si vous préférez une teinte c i t r o n chargez le
fond delà cérufe d’un peu de ftil-de-grain, que vous
broyerez de même très-fin à l’eau, & détremperez,
à la colle-; mettez- une couche fur rendrait réfervé-.
en blànc.
L’ouvrage fini & doré, il faut de même faire des-
vermeils verds ou: citrons ; pour le verd x compo*
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fez-le avec de la gomme gutte, & très-peu de bleu
de Pruffe, pour lui donner le ton verd : pour le
citron, éclairciffez le vermeil , en introduifant du
jus de gomme gutte que vous y aurez fait fondre ;
paffez de ces vermeils dans les petits refends.
Manière de dorer un fallon.
Lorfqu’on veut dorer un fallon, pour donner du
reflet à l’or , on le peint ordinairement en un beau
blanc de roi. Il faut d’abord apprêter de blanc- les
lambris, les corniches, les ornemens & toutes les
parties qu’on veut peindre & dorer : tous les apprêts
de blanc finis, il faut, avant que de peindre les
fonds, procéder à la dorure ; car fi l’on commençoit
par peindre les fonds, on courrait rifque de les
felir en y jettant de l’eau ; & fi l’on jettoit du-vernis
fur les apprêts de blanc de dorure, on les gâterait.
Quand les parties:deftinées à être dorées le font,
©n peint les fonds de la teinte décidée , en recham-
piflant avec de petites broffes, & prenant garde de
jetter des couleurs fur l’or , qu’on ferait dùparoitre.
En approchant des parties dorées, on pofe la
couleur avec de petits pinceaux très-fins, en coupant
bien nettement l’or qui paraît kavocher...
De la dorure d'or mat repajfë.
Dans les ouvragés preffés, ou lorfqu’on ne veftt
pas engager du blanc dans de très-belles fculptures,
on ne rait que donner un encollage blanc, clair, à
deux couches feulement ; enfuite on nettoie proprement
les grains de l’ouvrage , en adoueiffant légèrement:
on couche de jaune, & l’on pofe l’or comme
ci-deffus ; on donne deux couches de colle à matter
par deffus. On 'conçoit que cette dorure ne peut
jamais avoir la beauté ni le fini de celle décrite ci-
deffus, puifqu’elle ne reçoit aucun apprêt, & qu’elle
ne préfente par-tout que des parties mattes: c’eft-ee
qui lui a fait donner le nom d’or mat repajje.
De la dorure a la grecque, pour meubles.
Cette façon de dorer, à laquelle on a donné le
nom de dorure à la grecque , n’a reçu cette dénomination
que parce qu’elle a été mife en ufage durant
le règne très-court d’une mode, qu’on appelloit il
y a dix à douze ans à la grecque. ,
Cette dorure d’invention très-moderne , a fes
avantages & les inconvéniens ; elle exige moins
d apprêts que For bruni, confequemment les feulp-
tures & moulures ne font pas fujettes à être autant
engorgées de blanc. Le bruni qu’elle fouffre eft
moins brillant, mais auffi fes mats font plus beaux:
. aut® hù vient de ce que ces .mats fe font,
a 1 huile, après le bruni, & qu’enfuite on les. vernit.
Enfin, cette dorure, qu’on emploie plus communément
pour les meubles, a l’avantage inefti-
mable de ne point s’écailler, d’être flexible au coup
, marteau, & de pouvoir être lavée. Son inconvé-
ment eft d’être tres-dangereufe à la fanté des our
vners ; les calcinations des matières qu’on y fait
crvA ôccafionnent fouvent des maladies très-aiguës,
voaime nous ne voulons rien laiffer ignorer fur
la dorure^ nous allons décrire, toujours d’après
M. Watin, les procédés de cette dernière.
i°. Donnez un encollage à la colle d’a il, commô
à la dorure d’or bruni.
20. Calcinez extraordinairement de la fanguine ]
jufqü’à ce qu’elle ait perdu fa dureté. Calcinez auffi
du blanc de cérufe & du talc; broyez chacune de
ces drogues féparément, très-fin , à l’eau pure &
nette, mêlez-les enfemble, & rebroyez-les de même
à l’eau.
30. Détrempez ces couleurs ainfi broyées avec de
la colle très-chaude & très-forte, plus forte que la
colle du blanc de dorure ; mêlez-y un tiers de blanc
d’Efpagne, auffi infufè à la colle.
4°. Donnez deux ou trais couches de cette teinte
dure en tappant, & une troifième en adoucifîànt.
50. Dégorgez l’ouvrage avec des fers, réparez-
les, & adouciffeztoutes les parties, de même qu’on
adoucit le blanc de-dorure. ■
6°. Couchez l’affiette fur les endroits que vous
voulez brunir , de même qu’à l’or bruni.
7°. L’affiette couchée, appliquez l’or aux endroits
que vous avez deftinés à brunir ; laiffez-le fécher ,
paffez enfuite un pinceau légèrement deffus, pour
ôter la pouffière , & bruniffez.
8°. L’ouvrage bruni, il faut, fur les parties qu’oa
veut matter, donner trois ou quatre couches de;
vernis à la gomme laque : quand elles font sèches ,
poliffez-les avec un peu de prêle, prenant garde de
gâter les parties brunies.
90. Couchez bien exactement For-couleur, le
mordant ou la mixtion, pénétrez darfs les fonds ,
en bordant bien j,ufte les endroits brunis.
io°, Lorfqu’il eft bien fe c , il faut, ainfi qu’à For
mat, appliquer For.
i i °. Quand l’or eft à fon tour bien fec, pofez
un vernis à l’or , à l’efprit-de-vin, qu’on chauffe à
mefure qu’on l’applique avec un réchaud de doreur ?
en-fuite donnez deux ou trois couches de verrais
gras* :
Il faut.obferver avant que de vernir, que s’il y
avoit quelques parties qui n’euffentpas voulu prendre
For , comme le fond eft brun, il faudrait pofer
de l’or en coquille avec un petit pinceau, pour
paffer dans les petits fonds.
De /’Argenture.
On argente les ouvrages de fculpture de même
qu’on les dore; lés apprêts font les mêmes que
ceux de l’or bruni. Quand l’ouvrage eft bien apprêté,
adouci, réparé : r°. Donnez une couche de beau
blanc de plomb broyé bien fin à l’eau, & détrempé
à la colle, ce qui fe fait comme lorfqu’on jaunit.
2°. Broyez enfuite du blanc de plomb très-fin à
l’eau, & détrempez-le avec de la colle plus foi-
ble ; donnez-en deux couches fur lès panies que
vous voulez brunir,. ce qui fervira d’afiîette.
30. Argentez Fouvrage avec de Fargent eu
feuilles. ©
40. Bruniffez les parties..