
elles font de bois. On s’en fert pour ra'ffembler les
Coquillages qui font à la fuperficie. Il y en a de fem-
blables qui ont de longues dents, avec de fort longs
manches plians, & qui fervent pour pêcher en bateau.
Un grand rateau à dents de fer, dont on fe fert à
pied pour entamer le fable. Il y a au manche un
morceau de bois qui s’élève verticalement en appuyant
deffus ; on le faifit avec une main pour faire
entrer le rateau dans le fable , pendant qu’avec
l’autre on le traîne.
Un pic, qui fert à entamer les rocquets, roches
“pourries, & tuf endurci, pour en tirer des pitauts &
des vers plats qui s’y retirent.
Des herfes carrées ou triangulaires, femblables à
celles des laboureurs. On les traîne avec des chevaux
ou des boeufs, pour faire faillir les vers, les coquillages
, & quelquespoiffons qui s’enfouiffent dans le !
fable.
Un rateau à grandes dents, garni d’un fac de filet
à la tête pour pêcher des coquillages ; c’eft une ef-
pèce de drague.
Des pelles, pâlots, bêches, louchets, les uns de
bois, les autres de fer ; d’autres de bois, dont les
bords font garnis de fe r , pour aller chercher dans
le fable phmeurs fortes de poiffons & de vers. On
leur donne différentes formes, fuivant l’ufage des
différens pays.
Un croc ou grapin pour fe faifir des gros poiffons
qui font reftés dans les bas fonds, ou qu’on a peur
de laiffer échapper en les tirant de l’eau.
Un digon Ample , qui n’eft qu’une pointe de fer
ajuftée au bout d’une perche.
Un digon, dont le dard eft terminé comme la
moitié d’un fer de lance ; quelquefois le fer de lance
eft entier.
Desfouannes, fougnes, harpons, fourches, tridents
ou fichoires, à deux, trois ou quatre branches,
terminées en fer de lance ; quelquefois les
branches font plates & barbelées.
Il y a des fouannes de plufieurs efpèces. Les plus
groffes, qui ont fépt pointes barbelées, font pour
prendre des dorées : elles ne font plus d’ufage, parce
que ce poiffon ne fe trouve plus guère fur les côtes
de l’Océan.
Une autre fouanne moins groffe formoit une ef-
qjèce de croix ; il y avoit deux ou trois pointes fous
chaque branche , & une dans le centre.
Ces fouannes éfoient deftinées pour pêcher des
v ive s , qui font maintenant trop rares pour en
prendre à la fouanne.
Les petites fouannes dont on fait encore ufage,
n’ont que deux ou trois branches. Lorfque nos pêcheurs
défirent un plus grand nombre de dents , ils
les. montent fur une tête de bois, femblable à celle
des rateaüx.
Uefpadot eft une broche de fer d’environ deux
pieds & demi de long, dont le bout forme un crochet
qu’on ajufte à une perche longue d’environ
cinq pieds, qui augmente un peu de groffeur cfU
côté qu’on tient à la main.
Une gamelle dans laquelle les pêcheurs vérotiers
mettent les vers dans l’eau de mer pour les confer-
ver vivans.
Des paniers pour mettre les coquillages.
D ’autres paniers, c’eft quelquefois un feau, dans
lequel on les conferve en vie dans de l’eau.
Des paniers couverts ou glines, pour mettre le
poiffon.
Une cuiller de bois, dont fe fervent les pêcheurs
vérotiers pour vider l’eau qui remplit les trous qu’ils
ont faits dans le tuf ou les rocquets.
Une forte de drague qui fert en Provence pou*
pêcher des coquillages.
Des cordes, baujfes, lignes, empilesl
On fait, pour de petites pêches, comme à la
canne, des lignes fines avec du crin ou dé la foie ;
mais pour les grandes pêches, les maîtreffes cordes,
de même que les lignes & les empiles, font faites
avec de bon chanvre, premier brin, filé plus ou
moins fin, fuivant la groffeur que doivent avoir les
lignes. On commet ordinairement ces fils en auf-
fière, & rarement en grelin : les auflières font faites
de deux ou trois fils, ou trois faifceaux de fils Amplement
commis les uns avec les autres ; & les gre-
. lins font faits avec trois auflières commifes en-
femble. Au refte, on proportionne la groffeur des
cordes & celle des lignes , à l’efpèce de poiffon
qu’on fe propofe de prendre.
Lorfque les piles ou les empiles doivent être
groffes, on les travaille ordinairement comme la
maîtreffe corde, avec la feule différence qu’elles
font plus menues. Mais quand les haims font petits,
on les attache immédiatement à la ligne qui eft faite
d’un fil retors , formé de deux bons brins de fil à
coudre; alors la ligne fert d’empîle : c’eft ce fil
double qu’on appelle du bitord.
Quand on fe propofe de prendre des poiffons qui
couperoient les empiles avec leurs dents, on fait
! les piles avec du crin. Quelques perfonnes trouvent
! plus avantageux de tordre les fils de crin pour en
former un cordonnet. Mais il vaut mieux faire ces
empiles avec du fil de laiton, tantôt Ample, tantôt
double , ou encore roulé en forme de cordonnet.
Quelquefois aufli, on fait avec ce fil une efpèce de
chaînette.
Sur la maîtreffe corde font attachées, par un noeud
qu’on nomme une double clef, des cordes latérales
femblables, qu’on nomment lannes, femelles, & en
Provence brejfcaux. C ’eft à l’extrémité de ces lannes
que font attachées les piles ou empiles : on donne
aufli le nom de lanne aux cordes qui attachent les
cailloux à la maîtreffe corde.
C ’eft aux piles que font attachés les haims»
Il y a des piles ou empiles Amples , d’autres
doubles : on les nomme piles ovales, & quelquefois
ejlroppës.
On attache quelquefois à la maîtreffe corde, un
caillou
caillou par une lanne au moyen d’un ncëud qu’on
nomme demi-clef ~ „
Quelquefois le caillou eft amarré à la maîtreffe
corde par une lanne double.
Quand la maîtreffe corde n’eft pas fort groffe, les
cailloux y font fouvent attachés immédiatement.
La plupart des lignes ou cordes qui font faites de
chanvre , font tannées , quelquefois même gau-
dronnéés : ce n’eft pas feulement pour les faire durer
plus long-temps, mais encore pour que le poiffon
trompé par la couleur, prenne la ligne pour du va-
re c , & en foit moins effarouché. C ’eft pareillement
dans .cette vue qu’on les teint quelquefois en vert.
On prétend que les Groënlandois empilent leurs
haims avec des lames fines & longues, prifes des
barbes de baleine, dont ils favent aufli faire des filets;
on ne voit.pas trop comment.
Au Bréfil &dàns plufieurs îles de l’Amérique, on
fait de très-bonnes lignes avec du fil de pitte :on
fait que ce font des filamens qu’on retire des feuilles
d’une efpèce d’aloès ou aloïdes.
Les voyageurs difent qu’en Guinée à la Côte-
d’or , on fait les cordes pour la pêche avec des
écorces d’arbres.
Suivant un mémoire du Canada, on fe fert indif-
tin&ement pour la pêche,, ou de cordes de chanvre
tirées d’Europe, ou de celles qu’on fait dans le pays
avec de l’écorce d’un bois blanc, qui, étant bien
préparées, font aufli régulières que celles du chanvre.
Ainfi elles reviennent à peu près aux cordes
qu’on fait en France avec l’écorce de tilleul ou celle
de mûrier. ' /
Sur la Méditerranée on fait quelquefois les maiftres
,de palangre avec une efpèce de jonc qui vient du
levant , & qu’on nomme aujfo , aujfc ou fparte.
Cette plante croît abondamment en Efpagne & à
Malthe, ou on en fait différens ouvrages, comme
paniers ou couffes, nattes, cordages, filets.
Dans quelques endroits, on fait de gros cordages
pour la pêche avec des farmens de vigne, ou avec ;
de jeunes branches pliantes de différens arbres ,
comme le faille, le peuplier, l’ofier, &c.
De la façon de fabriquer les cordes, lignes & empiles
pour la pêche.
Les principales cordes ou. les empiles pour les
gros hains, font faites par les cordiers qui choififfent
le meilleur chanvre, & le travaillent avec tout le
foin dont ils font capables;
Les peilles, piles ou peies, auxquelles pendent les
hains des pêcheurs-cordiers, ne font autre chofe que
des bouts de bitord. Rien ne feroit plus aifé que de
retordre & doubler ces bouts de fil à la main, pour
en faire du bitord propre à empiler les hains, comme
font les charretiers pour mettre des touches à leurs
fouets. Mais à la quantité qu’il en faut aux pêcheurs-
cordiers , cette opération feroit fort longue ; au lieu
quelle devient très-courte au moyen d’une machine
affez Ample , dont fe fervent quelques femmes qui
y endent les peilles toutes faites aux pêcheurs. Cette
Ans & Métiers, Tome II. Partie 11%
machine j quelles nomment un carré, peut former
dix-huit à vingt peilles à-la-fois en huit ou dix minutes.
' I f
Le carré eft compofé d’une pièce de bois, évidee
dans le milieu de fa hauteur, & foutenue plus ou
moins haut, fuivant la longueur des peilles que 1 on
veut faire, par fes tenons, au moyen des chevilles
mobiles, fur deux pans évidés de même, qui font
fixés à quelque foliveau du plancher. Dans le vide
eft un rang de plufieurs poulies de bois, faites en
manière de bobines, & nommées en Picardie tou-
lettes. Elles font fixées par de l’étoupe , chacune à
leur broche verticale qui porte un crochet. Ces
broches peuvent tourner librement dans les trous
haut & bas, qu’elles enfilent dans une pièce de bois ;
il y a deux autres toulettes qui tournent librement
autour de leurs axes fixés horizontalement dans la
même pièce de bois, & qui font uniquement 1 office
de poulies de renvoi.
On paffe un fil fans fin fur la poulie : on fait en-
fuite faire à ce fil une révolution autour de chaque
toulette, toujours d’un même fens, pour revenir
par la poulie ; & en 'tirant continuellement ce
fil,. toutes les toulettes tournent continuellement
fur leurs centres, d’un même fens ; & avec ^elles,
leurs axes ou broches à crochets. Elles font ici 1 office
des molettes des rouets dont fe fervent les cordiers.
On donne à ce carré plufieurs autres formes qui
ne changent rien à fon ufage. On obferve plufieurs
attentions fur le choix du bois des toulettes, fur la
façon de les faire porter pour qu’elles tournent librement,
&c. Il faut remarquer que la première toulette
n’eft point fixée fur fon axe ; c’eft fon axe qui
eft fixé par de l’étoupe dans la pièce de fupport.
Cette toulette ne fait que l’office de poulie pour
maintenir le fil dans la direéfion du milieu des autres
qui ont des broches à crochets, & qui doivent être
en nombre pair.
On a des poids de plomb , plus ou moins lourds
fuivant la groffeur du fil à retordre , qui ^ porte
chacun une broche à crochet, & font rangés à terre
fous les toulettes, en nombre qui foit moitié de
celui des toulettes..
On ajoute une règle de bois léger, nommee la
falette, fur l’épaiffeur de laquelle on a ménagé des
appendices à rainure en demi - cylindre , c’eft-à-
dire , figurées comme des demi - poulies , & qui
doivent être efpacées entre elles proportionnément
aux toulettes du carré.
L’ouvrière ayant fa pelotte de fil ou de ficelle
auprès du carré, dans un petit baquet avec de l’eau,
attache le bout de ce fil par un noeud au crochet de
la première toulette à broche : de-la le fait pafl'er
dans le crochet du premier plomb qui eft à terre
le ramène au crochet de la fécondé toulette, ou
elle le noue, & tout de fuite le paffe au crochet fuivant;
de-là au crochet dû fécond plomb, le ramène
& le noue à d’autres crochets, jufqu’au bout du
carré. Enfuite avec un couteau elle coupe le fil dans
le s intervalles des toulettes ; & alors, en terme de.
U u h a h