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R e s c h a m p ir ; en terme de doreurs en détrempe,
c'eft réparer avec du blanc de cérufe les taches que
le jaune ou l’aflîette" ont pu faire en bavochant
fur les fonds que l’on veut conferver blancs.
R if l e r ; c’eft l’aftion d’adoucir au rifloir, plus ou
moins rude, une pièce qu’on veut- blanchir.
R if l o ir ; efpèce de lime rondetaillée & courbée
par les deux bouts , dont les argenteurs & doreurs
fe fervent pour apprêter leur ouvrage.
S a n g u in e ; terre rouge, pefante, compa&e ,
unie , douce au toucher, qui entre dans la compo-
fition de l’alliette.
S p a t u l e ; outil à manche , dont le fer eft large &
arrondi par l’extrémité tranchante ; elle fert à réparer
dans les moulures.
T a p e r ; on met le blanc en tapant, quand c’eft
pour dorer des ouvrages de fculpture , c’eft-à-dire,
qu’on le couche en frappant plufieurs coups du bout
du pinceau, afin de mieux faire entrer la couleur
dans les creux des ornemens.
T e n a il l e s a b o u c l e s ; font des tenailles dont
les mâchoires renverfées en dehors , repréfentent
la-lettre T : elles fe ferrent dans l’étau , & fervent
à apprêter les boucles; elles font d’une grandeur
proportionnée aux boucles.
T ê t e d e m o r t ; les peintres & doreurs du pont
Notre-Dame & du quai de Gêvres, appellent ainfi
les bordures de bois uni, qui ont fix pouces de
hauteur, fur quatre ponces neuf lignes de largeur:
D O R
le u r nom v ien t de ce que les prem ières eftampes
pour' lefquelles. on les f it, repréfentoient une tête
de mort.
T r a n c h e ; petite bande d ’o r , p o ur faire les
bords des livres qu’o n relie en veau & qu’on dore
T ravers; ce mot , parmi les doreurs fur cuir
& les relieurs, fe dit d’un filet d’or qui va le Ion»
du côté du dos d’un livre relié en maroquin, en
veau , en bafane, ou autrement.
V é l in ; les maîtres peintres & doreurs du pont
Notre-Dame & du quai de Gêvres, nomment ainfi
des bordures de bois u n i, qui fervoient autrefois à
encadrer des images de vélin d’une certaine grandeur,
qui ont fervi depuis de modèle déterminé pour
toutes les eftampes de leur volume.
V e r m e il ; c’eft une compofition faite de gomme
gutte , de vermillon, & d’un peu de brun-rouge,
mêlés enfemble , & broyés avec du vernis de Ve-
nife & de l’huile; de térébenthine : quelquefois ce
vermeil fe fait avec la feule laçque fine , ou le feul
fang-de-dragon appliqué, en détrempe, ou même
à l’eau feule. Lès doreurs s’en fervent pour jetter
un éclat d’orfèvrerie -fur leurs, ouvrages ; c’eft la
dernière façon qu’ils leur donnent.
V e r m e il l o n n e r o,u V e rm il l o n n e r ; fe dit de
l’a&ion de mettre une couleur de vermillon & de
bleu d’Inde , fur une pièce d’ouvrage dorée &
brunie. Cette couleur relève l’éclat de l’o r , & lui
donne un plus beau luftre.
E A U X - F O R T E S ,
( Art de la Diftillation & Fabrique des )
E T A U T R E S A C I
E T A L
D ans la delcription que nous allons donner de
l’A rt du Diftiilateur d'eaux-fortes & autres acides
minéraux, nous ne pouvons choifir un meilleur
guide que M. de Machy, habile chimifte, qui a
traité cet objet à la fatisfaélion de l’académie royale
des fciences & du public. Nous ne le fuivrons point
jufques dans les plus petits détails de cet art qu’il
a approfondi ; mais nous tâcherons de ne rien omettre
d’effentiel & d’utile pour la pratique, en ajoutant
même à fa doârine quelques obfervations pui-
fées d’ailleurs.
On voit dans un livre Italien, imprimé à Venife
en 1550, intitulé la Pyrotechnia di Biringuccio , la
gravure d’un appareil ou modèle de galère, ce qui ;
D E S M I N É R A U X
K A LIS.
fait préfumer que la diftillation des eaux-fortes fe
pratiquoit dès-lors en Italie.
Mais ce commerce étoit paffé dans les mains des
Hollandois & des Flamands ; &. ce n’eft guère
qu’au commencement de ce fiè.cle Que la fabrique
s’en eft établie en-France., comme oh en peut juger
par-les ftatuts des diftillateurs.
D e l’E a {?~f o r t e ou A c id e n it r e u x .
L’eau-forte 3 que l’on.nomme aufli efprit de nitre)
ou acide nitreux, fe tire du nitfe ou falpêtre par
le moyen.de l’acide vitriolique, des argiles & de
plufieurs des vitriols,, principalement du vitriol oe
mars ou couperofe verie.
E A U
Mais entrons dans l’atelier du diftiilateur d’eau-
forte ; examinons fes fourneaux, fes uftenfiles, &
étudions avec ordre fes différens procédés.
Ateliers, fourneau# & uftenfiles des diftillateurs
d’eaux-fortes.
Après avoir choifi un emplacement convenable
fuivant la quantité & la grandeur des fourneaux ou
calères qu’on veut conftruire , il faut élever fur les
quatre murs de l’atelier, à fix ou huit toifes du fo l,
une fimple charpente recouverte de tuiles.
On fait enforte que la porte foit ouverte dans
le milieu d’une des faces des galères,. qui font toutes
alignées vers le milieu du laboratoire, afin que l’air
du dehors les frappe uniformément.
On doit ouvrir fur le toit une douzaine de faîtières
environ, pour donner une libre iffue aux
fumées. '•■ •*.' ■
Le fol eft en terre battue ; on fufpend au milieu
de l’atelier, vis-à-Vis l’entrée, une petite lampe à
deux mèches, qui eft fuffifante pour éclairer les ouvriers
lorfqu’ils pouffent leur travail dans la nuit.
11 eft avantageux que l’atelier foit dans une
grande cour, & qu’à la proximité il y ait d’autres
petits bâtimens pour y tenir les divers matériaux
néceffaires au fervice des fourneaux.
On nomme galère le fourneau dans lequel on
fait la diftillation des eaux-fortes. Ce nom vient
de ce que. les récipiens y font rangés' fur deux
lignes de droite & de gauche, à peu près comme
les forçats dans un bâtiment marin.
Il y a des galères de grandeur & de capacité
différentes ; la plus ordinaire porte trente - deux
vafes, c’eft-à-dire, feize de chaque coté ; & c’eft
celle-là qui va nous fervir de modèle.
On fait d’abord un premier maflif en moêlons
ou en pierres de tuf & ciment ; on lui donne trois
pieds de profondeur en terre, & lorfqu’il eft au
niveau du fo l, on achève de l’élever en pierres
taillées à un demi pied au deffus.
Le maflif doit avoir quatre pieds fix pouces de
face, afin qu’on puiffe pratiquer un trottoir d’en-
.Viron un pied de large aux deux côtés de la galère.
On range fur le maflif, ou fur le fo l, fi on
ne veut pas de trottoir, un preipier lit de briques
de douze pieds de long fur vingt-huit à trente
poufces de face.
Sur ce premier lit on en établit un fécond, en
pofant les briques debout au lieu de les pofer à
plat, ce qui doit fournir à peu près neuf à dix
pouces d’élévation au deffus du maflif ou du fol.
A cette hauteur on divife là largeur de la galère
en trois parties égales, dont le milieu doit reffer
yuide.
On place fur la face un çhâflis de fer fondu,
lequel porte fur fa droite deux forts pitons pour y
lulpendre une porte de tôle garnie d’un loquet qui
va fe fermer dans une mentonnière placée à gauche.
Ce châflis porte dix pouces de haut fur onze de
*arge i & détermine la hauteur des deux parties
EAU 277
latérales qui fe bâtiffent, ainfi que tout le refte du
fourneau, à briques & à ciment.
Lorfque la conftmétion eft aufli élevée que le
cadre de fer, on bâtit en plein fur la face de l’é-
paiffeur de trois briques , & on donne neuf à dix
pouces d’élévation.
Quant aux deux murs latéraux du fourneau, on
les élève en diminuant leur épaifl'eur d’environ
deux pouces de chaque côté ; & on met le tout
de niveau.
On peut garnir de bandes de fer la tête & les
côtés du fourneau, fi l’on veut en affurer davantage
la folidité.
Le fond de la galère eft appuyé- contre les murs
de l’atelier où elle fe termine par un contre-mur en
briques, dont les proportions font les mêmes que
celles de la tête.
D ’après cet expofé, il faut fe repréfenter une
galère comme un carré long compofe d’un maflif,
de deux murs latéraux, d’un mur de face , & d’un
mur de face dans lequel on a ménagé la porte.
Si l’on divife cette galère en deux parties , on
trouvera que la plus profonde jufqu’à là hauteur
de la porte , a quatre pouces de mofns
large que la partie fupèrieure. Telle eft la ‘conf-
tru&ion à demeure d’une galère, mais nous verrons
qu’il y a une autre portion efféntielle qui fe
fait & fe défait à chaque travail? ’
On a calculé que la bâtiffe d’une galère telle qiie
nous venons de la décrire, peut coûter quatre cens
cinquante livres; elle ne travaille*qu’un tiers de
l ’année; elle peut durer jufqu’à vingt ans, avec
un entretien peu coûteux.
On place contre les murs des efpèces de châjjîs
de fer tondu d’un feul je t, qui ont à peu près un
pouce d’ècarriffage, de manière à avoir les quatre
angles de cet écarriffage en lofange, placés haut &
bas & latéralement.
On a aufli dés chevrettes qui font des fers pareillement
fondus d’un feul je t, portant environ neuf
pouces de long fur deux pouces d’écarriffage , &
montés à la hauteur de trois pouces fur quatre petits
pieds de fer ; dont l’ufage eft d’ être placées tranf-
verfalement à la tête de la galère, à peu de distance
de la porte, pour recevoir les bûches & les
foutenir au deffus du fol.
Il eft encore nécëffaire d’avoir une tige de fer
proportionnée à la longueur de la galère, & emmanchée
par Une de fes extrémités qui fait la douille
à un morceau de bois rond, léger, facile à empoigner
, & de la longueur de deux pieds environ.
L’autre extrémité de cette barre eft terminée en
crochet, formant une courbure d’à peu près dix
pouces. Cet uftenfile eft connu fous le nom de
fourgon ou rable.
On a un autre infiniment appellé rate au, qui eft
une tige de fe.r de la même longueur à peu près que
le rable, laquelle, au lieu d’être en crochet, eft garni
d’un morceau de fer plat de fept pouces de long