
Le coiiteau étant cimep'té, ch blanchit la lame en
la paffant fur la meule, & on la redreffè, parce que
la trempe la fait ordinairement courber. On fe fert
pour la redreffer d’un marteau qui a les deux extrémités
de fon fer taillées en forme de* diamant.
La lame redreflee, on la paffe tout-a-fait, -8c on
lui donne le tranchant.
On façonne le manche en fe fervant d’une râpe
& d’une îi-me ; on fait des filets ou autres ornemens
fur la virole, qu’on polit parle moyen d’un amorce au
de bois de noyer avec de l’émeri en poudre.
Le couteau en cet état , -on revient à la lame ,
que l’on paffe fur la poliffoire , qui eft une meule de
bois de noyer. On met enfuite la poliffoire en cour
leur avec la pierre noire, dont les fourbiffeurs fe
(ervent pour, brunir leurs ouvrages, 8c on y paffe
encore la lame, ,ce qui lui donne un poli plus vif
8t !j$lus trifibn«.’ “" ’’ " '
Enfuite du poliffage on fraye la lame., ce qui confiée
à faire une petite'rainure au bord du dos.1 •,
On finit le‘ manche avec le fecours du grateau ,
qui eft un inftrument tranchant, deftiné a effacer
tous les traits qu’à pu y faire la lime. Si ce manche
eft de bois', ofi le prèle ,* c’eft-à-dire, qu on le frotte
avec la plante 'appelée prêle , ce qui achevé de 1 unir
& : de le polir. Si l’on veut même donner plus de
luifant au b o i^ ô n le frotté avec de l’huile.
Enfin, on effuie bien le couteau ; on ôte le morfil
.de la lame en le paffant fur une pierre propre à cet
ufage ; pour lors le couteau eft entièrement fini.
Nous allohs'préfentement, avec l’aide de M. Perret,
diftinguer les différentes efpèces de' couteaux a.gaine ;
& entrer dans-quelques détails qui faffent connoitre
mieux les procédés de l’art.
i°. Pour forger une lame à queue, on prend u#e
étoffepréparée ou de l’acier étiré de cinq a iix lignes
d’épaiffeür, fur fep.t ou huit de largeur ; on donne
aine chaude gràffe ; on fait la pointe , qu on porte fur
la carre d€'r'eflclums;-onla'frappeavec la panne du
marteau , tantôt fur le plat , tantôt fur le côté,
jufqii’à-ce qu’on ait façonné la queue de la lame;
enfuite on coupe l’acier fur la tranche de la longueur
convenable ; ce qu’on appelle enlever.le couteau ,
lequel en ceV état fe nommé enlevure. -
Gela fait, on prend 1a queue entre les-tenailles ;
on donne encore une chaude graffe ; on façonne la
pointe; on porte Yenlevureixxx la carre dei’enclume;
& par des coups de panne , -on fait l’entaille de la
mitre, & on procède comme nous l’avons dit ,ci-
devant en parlant des étoffes, pour les lames. Nous'
ajouterons ici que pour relever; les mitres ou les
parties dè-fèr qùi fervent de couverture à l’acier * on
a une châffe, qui eft un outil de;fer aciéré par le bout,
& percé d’un trou carre pour recevoir la qtieue.de
■ lelame; c’eft une efpètede^/oMyèr* qui s’aj^ftedans
un tas. • • ~ ' t ;
Lorfque les .mitres font rele vees ou çtampees; on
Retire la lame ; on la fait-, chauffer ; on l’élargit fous
un marteau un peu bombé, en- commençant par. le
P as ; ou donne enfuite une çhaude pour étirer la
queue.’ Ceft ainfi à peu près qu’oh procède pour
forger une lame lorfqu’elle eft à queue.
2°-. Pour forger une lame à foie ou à plate femelle
avec un crampon ; il faut fe pourvoir d’une forte
étoffe , & y fouder un crampon de fer pour faire la
foie. Ce crampon eft deftiné à donner plus de corps
8c de confiftance au couteau..
Pour faire le crampon, il convient de fe fervir d’un
fer étiré en lames de huit ou dix lignes de largeur,
&. de trois ou quatre d’épaiffeur. On donne une
chaude graffe; puis on fait la.première pointe; on
entaille le crampon de la longueur néceffaire, en
forgeant l’autre pointe fur la carre de l’enclume; alors
on plie le crampon ; on en ferr.e la tête ; on met
l’étoffe au feu; on applatit un peq le bout, &
avec la panne du marteau , on y pratique une
ongle tte de[chaque côté; „on place le crampon, au
bout; on l’ajufte.jà l’étoffe ; on rabat les deux on-
glettes une.de chaque côté , ce qui tient le crampon
fixe. Le fu.ccès de cëtte opération dépend de la première
chaude , avec l’attention de bien forger à
petits coups de marteau, 8c que le tout foit foudé
folidement.. Quand on lait 1 \enlevure du couteau ,
c’eft-à-dire, quand on coupe la lame de la longueur,
qu’elle'.doit avoir , on a foki que les jonglettës du
crampon fe: trouvent .dans la joie ; du refte- , on
procède comme ci-deffus.
De Pajuflage du couteau.
Il fuffira d’indiquer fucceflivemerft & rapidement
ce qui concerne d’abord Yajujlage du Couteau à
queue.
On fait recuire la lame ; on dégroffit le manche
du couteau ; on y perce les trous ; on .prépare la
place de la virole ; on la pofe ; on écarrit le trou
d’environ un- pouce de longueur avec une petite
écouaine; on bat enfuite tm peu lalameà froid ; on
dreffe bien la queue; pn l’entaille; on la lime fur
les quatre faces dans la longueur d’un pouce près de
la lame * êc le refte à huit pans. La, lame étant
ajuftée fur le manche , on entaille la coquille ; on
dreffe l’épaiffeur du dos & celle du tranchant., .de
manière que l’un 8c l’autre fe rencontrent au milieu
du pan du man,che ; ©n blanchit la lame fur le plat;
on lui imprime la marque de l’ouvrier.
On fe fert alors du modèle dont nous/avons parlé
pour finir de limer ;- ou fi l’on n’a pas .de modèle,
on commence par le dos pour le mettre jufte à la
virole 8c le dreffer tout du long ; après quoi on travaille
1e tranchant ; on fait la pointe comme on la
defire, fo.it droite , foit rabattue. On ajufte le tour
de la mitre avec la virole;.on* dégroffit la coquille;
on la façonne .; on l’adoucit. ,
Après que la lame eft trempée & recuite, il s’agit
de cimenter la queue dansle trou dimanche, enfuite
de blanchir la lame, & de lui donner le tranchant;
il faut limer les pans du manche Jufte à la virole,
puis le gratter,. le façonner, lefrptter à la prêle Sc
£u tripoli ; enfuite, polir la lame avec l’émeri fur la
«poliffpjre ; bien effuyer fe couteau ;. dégraiffer la
" poilffoire
Ljlltfoirê Jvéc un charbon de bois ; on pafle la pierre
fcnéuine fur la poliffoire, pour donner le tuftre au
[ couteau ; après quoi on affile la lame » oC on la pâlie
au bufle. , , r . . ,__
I Cette efpèce de couteau a game fy à queue, dont
[ il eft ici queftion, doit être folide ; c eft pourquoi il
faut que le manche foit percé d’outre en outre, afin
[de pouvoir river la queue par le bout avec une
rofette. . . , , _ . . ,
I Les manches de bois de la Chine, ou de nacre de
perle, font fragiles, & fujets à fe caffer quand ils
t font creux dans toute leur longueur ; mais on pre- I vient cet accident en laiffant un pouce ou un pouce
demi de maffif au manche, 8c on ajufte la queue
fde la lame dans le trou, de manière à ne contenir
[ que très-peu de ciment.
! Le couteau à foie b à plate femelle s’a jufte un peu I différemment que celui à queue/impie.
j Quand la lame a été battue à froid, on lime un
I peu les mitres en entaillant du cote de la foie, enfuite
I du coté de la lame ; on dreffe l’épaiffeur du dos dans
la direction de la foie ; on a foin que le tranchant fe I trouve au milieu de l’épaiffeur de là foie ; on blanchit
I un peu le plat de la lame avec la groffe lime ; on
I marque le couteau ; on lime le tranchant jufqu’à la
I pointe ; on dreffe le dos du couteau d’un bout à
I l’autre ; on lime la foie du côté du tranchant 8c par
l i e bout arrondi. Après cela, on percé trois trous à
S la foie,au deffous & à une certaine diftance l’un de
* l’autre. On dreffe bien le couteau ; on adoucit la
Bmître ; on trempe la lame ; on la recuit,
f Si l’on veut faire le manche de corne, on choifit
I deux côtes fuffifamment deflechées ; on les dégroffit
I avec la râpe fur leur largeur & leur épaiffeur ; on I les évide urr peu en dedans en les rapant en long,
I afin qu’elles s’unifient plus intimement à la foie ; on I ajufte les bouts des deux côtes ; on les perce l’une
après l’autre avec un foret ; on fraife les trous; on
prend enfuite un fil de fer ; on l’apointe par un bout,
I & on fait une tête de l’autre ; on met un peu à force I ce clou dans le premier trou ; quand la tête eft I arrivée à la fraifure, on feie le fil de fer de manière
| à le river ; on fait la même opération au troifième
trou, & enfuite au fécond. Alors on rive les trois
I clous ; on achève de dégroffir le manche par les
K côtés ; on le façonne à la lime ; on le frotte à la
I moulée & au tripoli ; on brunit le tour de la foie ;
[ on frotte les mîtres au bois avec l’émeri ; on paffe
la lame fur la poliffoire ; on la repaffe à la pierre
fanguine, on l’affile, on la paffe au bufle ; enfin le
couteau eft fini.
Differentes autres fortes de couteaux à gaine.
Il y a plufieurs efpèces de couteaux à gaine que
M. Perret décrit , & qu’il fuffira d’indiquer.
Le couteau de boucher, appelé lancette à boeuf,
eft à tranchant fur fa convexité & bien pointu.
Le couteau de cuifine, à foie plate, doit avoir un
tranchant très-fort.
Le tranchelard doit avoir le tranchant fin & la
Arts b Métiers. Tome IL Partie L
lame allez mince pour faire le croiffant én la pliant,
6c fe remettre droit fans fe fauffer. Il faut que cette
lame foit d’acier pur 6c bien corroyé ; il faut qu elle
foit trempée avec foin, 8c recuite avec les tenailles,
de.manière que le dos devienne couleur d eau, le
milieu violet, 6c le bord du tranchant couleur d’or.
Le couteau à pointe rabattue qui fert à habiller les
agneaux. ^ Le couteau de ceinture, qui eft fait a virole 6c a
queue rivée au bout avec une rofette , doit être
bon 6c léger. On donne à la lame le recuit violet.
C ’eft le couteau.dont les cuifmiers fe fervent le plus
ordinairement. Il y a d’autres couteaux de ceinture
qui diffèrent par leur grandeur , leur force , leur,
largeur. ; . .
Le couteau de poche à gaine ; il y en a qui ont la
pointe au milieu de la lame, 8c d’autres qui ont la
pointe rabattue; ils font fufceptibles de divers ornemens
; tel qu’un manche d’ivoire à huit pans, garnis
d’une virole 6c d’une cuvette en cul-de-ïampe ; tel
encore qu’un manche de nacre de perle, garni d une
cuvette à la tartare ; ou tel qu’un manche de racine
de buis, façonné en pied de biche, 6c le bout garni
d’argent avec fix petits clous d’or ou de fimilcfr.
Couteau de femme ; il y en a de tres-propres, a
manche d’ébène cannelé en colonne torfe, garni
d’une virole 6c d’une cuvette plate.
Couteau de femme à jambe de princejje. Le manche
de cette efpèce de couteau eft orne d une virole à
la tartare 8c d’une bande d’argent ajuftée avec une
rofette qui marque en quelque^ forte la jarretière ;
une autre bande marque le coin du bas , le tout
incrufté dans l’ivoire ou dans la nacre de perle.
Couteau à tire-bouchon en crochet, ou en vis. Dans
le premier, la lame peut fervir de reffort au tire-
bouchon. Pour le tire-bouchon à mèche ou à vis du
fécond, on perce le manche un peu fur le derrière
du dos ; enfuite on évide le manche un peu fur le
devant ; on place un petit reffort , 6c on loge le
tire-bouchon dans la gouttière qui a ete pratiquée ;
on l’attache au manche par le moyen d un trou ;
de forte qu’ en ouvrant le tire-bouchon , il fe trouve
en croix avec le manche.
On fait aufli des couteaux qui portent un petit
fufil dans leur manche ; pour cet effet, la lame doit
ayoir une queue courte ajuftee dans un canon de fer
fait avec une bande de tôle pliée fur un mandrin
rond 6c brafé ; on perce au manche un trou pour
recevoir le canon ; on ajufte une virole en haut ; on
fait deux trous, un de face, l’autre de côte, 6c on
y met deux clous d’acier pour fixer la lame au
manche ; enfuite on arrange une cuvette en bas du
couteau, 6c on la perce pour recevoir le fufil, au
bout duquel on foude un bouton pour en facilite^
la prife qu^nd on veut s’en fervir.
Couteau àpiquans ou d’attrape ; ceft^un couteau
dans le manche duquel on a pratique de petites
pointes qui fortent lorfqu on appuie deffus en coupant;
ces pointesagiffent, quand on veut, au moye%