
s amaffe autour des mines de foufre aux environs
du Mont - Véiu ve ; 6c fuivant M. Fougeroux de
Bondaroy, de l’Académie des Sciences de Paris,
c eu une compofition connue à Naples fous le nom
de Giallohno , dont un particulier a le fecret. Cet
académicien prétend de plus avoir découvert par
les recherches chimiques, que ce jaune fe compofoit
avec de la cérufe;, de l’alun, du fel ammoniac 8c de 1 antimoine diaphorétique. Quoi qu’il en foit , ce
peau jaune s’allie très bien avec les autres couleurs
oc les adoucit. Il faut le broyer fur un porphyre Ou
fur un marbre , 8c le ramaffer avec un couteau
d ivoire , d’autant que la pierre & l’acier le font
verdir.
Le fafran bâtard ou carthame, donne une couleur
qui, bouillie dans l’eau, tire fur l’orange , 6c feft à
mettre en couleur les parquets d’appartemens. Il
faut choifir ce fafran haut en couleurs. L’All'ace 6c
la Provence, fourniffent du carthame ; mais le plus
beau vient du Levant.
Le fafran des Indes , auffi appelé terra mérita, ou
curcuma longa, eft une petite racine de la.figure 6c
de la groffeur à peu près du gingembre. Cette racine
elt jaune en dehors 6c en dedans ; il faut la choifir
nouvelle, odorante , compa&é 6c pefante , 6c de
couleur fafranée Le jaune-qu’elle produit, s’emploie
pour peindre les parquets.
On compofe un jaune en fil-de-grain, err teignant
dans une décoÔion de graine d’Avignon , ou l’on
mele un peu d’alun commun , une elpèce de craie
ou marne blanche de Troyes, dont on fait des pâtes
ou petits pains qu’on fait récher.
0 e ftilde-grain fe broie pour la détrempe 6c pour 1 huile. Sa bonne qualité eft d’êtrè tendre , friable j
& d e cou,eur jaune dorée. On en fait de jaunes de
différentes nuances, en le mêlant avec plus ou moins
de blanc. La graine d’Avignon, qui fait la bafe de
ce fini - de -grain, provient d’un àrbrîffeaù nommé
petit noirprun , qui croît aux environs d’Avignon.
On peut faire encore des ftil-de-grains^ en fubfti-
tuant a la graine d’Avignon des infufions de gaude,
qui eft une plante qù’on cultivé dans plufieurs provinces
de France, 6c qui devient jaune en féchant.
On a eu de l’Orient, parla compagnie des Indes,
une graine qu on appelloit dans le commerce graine
d’Ahoua, qui, employée en ftil-de-grain, donne un
très-beau jaune en peinture, qui fe foutient mieux
que lorpin , 6c qui nen a pas les inconvéniens.
Pierre de fiel. La pierre de fiel.fe trouve dans les
amers ou fiels des boeufs, plus ou moins groffe, ronde
ou ovale; étant broyée fur le porphyre très-fine,
die fait un jaune doré tres-beau. Elle s’employe à
Thuile , quoique rarement : fon plus grand ufage
étant 'pour la miniatare on détrempe. ‘
Jaune couleur i>’or. Cette couleur fe fait avec
le plus ou le moins de Flanc de cérufe, te plus ou
le moins de jaune de Naples 6c d’ocre de. Berry.
On peut y joindre un peu d’orpin rouge pour fourn
ir le ton de l’or. Cette' compofition s’emploie
également ou à l ’huile ou à la détrempe.
Jonquille. On compofe cette couleur avec de
la cérufe 6c du ftil-de-grain de Troyes.
Marron ( couleur de ). Avec le rouge d’Angle»
terre , 1 ocre de rue, 6c le noir d’ivoire , on obtient
le marron foncé : on l’éclaircit en y mettant moins de
noir 6c plus de rouge. Cette couleur, ainfi compofée,
peut être employée en détrempe ou à l’huile.
Noir. Cette couleur eft en général le réfultat
charbonneux des matières qu’on a brûlées , avec la
précaution de ne point à laiffer le charbon fe con-
fumer à l’air.
Le noir d’ivoire fe fait avec des morceaux d’ivoire
que Ion met dans.un creufet ou pot de terre bien
lute avec de la terre des potiers, qu’on place dans
le four ou ils cuifent leur poterie. Ce charbon d’ivoire
donne un très - beau noir , employé à l’huile ou au
vernis.
Le noir d’os provient d’os de moutons brûlés' &
préparés comme les morceaux d’ivoire. Lés os brûlés
font fort durs, quoique dans un état charbonneux.
Il faut les broyer d’abord à l’eau ; 6c quand la poudre
eft bien sèche , on la broie aifément à l’huile. Le
noir provenant des os eft rouffâtre, mais d’un ton
fort doux à la vue.
Le noir de pêche, provenant de noyaux de pêches
brûles , pilés 6c broyés, fert à faire les gris.rouf-
; fatres ; on peut l’employer à l’eau.
Le noir de cjiarbon ordinaire, fe fait avec des morceaux
de charbon bien nets 6c bien brûlés , qu’on
fait fécher , qu’on pile dans un mortier, qu’on broie
enfuite à l’eau lur un porphyre , en poudre très-fine ;
on peut 1 employer à l’huile. Ce noir eft bon pour
peindre en détrempe. Il donne un beau gris étant
mélangé avec du blanc.
Le- noir de vigne fe tire des farmens brûlés. Il pafte
pour le plus beau de tous les noirs. Plus on le broie,
plus il donne d’éclat. Les peintres s’en' fervent de
préférence pour les tableaux.
Le noir de fumée eft un beau noir qu’on recueille
de différentes façons, de la mèche d’une lampe, d’une
chandelle , d une bougie. Celui provenant de la poix
eft le meilleur. Ce dernier eft une fuie de réfine
qu’on obtient en mettant tous les petits morceaux
de rebut de toutes les efpèces de poix dans de grands
pots ou marmites de fer qu’on place dans des chambres
bien fermées de toutes parts, 6c tendues de
toile ou peaux de moutons ; on met le feu à la poix,
6c pendant qu’elle brûle , la fumée fe condenfe en
une fuie noire qui s’attache aux toiles On ramaffe
cette fuie, 6c on la garde en poudre dans des barils,
ou en maffe.
Le noir de fumée s’incorpore parfaitement avèc
l’huile , mais ne fe mêle point avec l’eau pour la
détrempe.
Quand on-veut employer.le noir de fumée, on
le détrempe avec du vinaigre, ou.de la colle figée..
Il rougit communément, 8c n’eft pas bon dans les
couleurs. On en fait principalement ufage pour les
fers.
Le noir S Allemagne fe fait avec de la lie devin
brûléê, lavée enfuite dans de l’eau , puis broyée
dans des moulins faits exprès. Il faut le choifir leger,
le moins fableux poflible, luifant, doux, friable, plus
lourd que le noir de fumée. Il procure un noir velouté.
On tire ce noir en poudre de Francfort , de
Mayence, de Strasbourg, Ôcc.
On fait avec Tamande qui fe trouve dans la noix
d’Acajou-, un très-beau noir. Four cela, on prend
l’amande, on ôte la pellicule qui eft deffus ; on la
calcine D feu , 6c on l’éteint auffitôt dans un linge
mouillé d’eau-de-vie ou de vinaigre.
Du refte, ce noir fe prépare comme les autres couleurs,
obfervant de broyer à plufieurs reprifes6cde
laiffer fécher chaque fois.
Compofition de V Encre dont les Anglois fe fervent en
guife de celle de la Chine.
Prenez fix onces de colle de poiffon , que vous
réduirez en une colle liquide, en la faifant diffoudre
fur le feu dans le double de fon poids d’eau de
rivière ; prenez enfuite une once de fuc de régliffe
d’Efpagne, que vous ferez également diffoudre dans
une quantité d’eau pefant le double de fon poids,
6c délayez-y une once de noir d’ivoire, le plus beau
que vous pourrez trouver. Ajoutez ce mélangé a la
colle quand elle fera chaude, 8c remuez lous ces
irigrédiens avec une fpatule, jufqü’a ce quHs foient
incorporés. Faites enfuite evaporer toute leau dans
un bain marie, 6c verfez ce qui refte de la com-
pofition dans des moules de plomb bien graiffes,
auxquels vous donnerez la forme que vous jugerez
à propos. La couleur de cette, compofition eft auffi
bonne que celle donnée par l’encre de la Chine. La
colle de poiffon , mêlée avec les couleurs , s’emploie
auffi bien avec le pinceau que cette dernierè
encre. Enfin, le fuc de régliffe d’Efpagne rend l’un
6c l’autre très-faciles à fe diffoudre dans l’eau, quand
on la frotte contre le fond du vafe qui la contient.
O r , c’eft ce que l’on ne pourroit pas faire, s’il n’y
avoit que de la colle de poiffon qui fe mêle difficilement
avec l’eau. Le fuc empêche encore que cette
efpèce d’encre , faite -à l’imitation de celle de la
Chine , ne fe gerce 8c ne fe fende en fe féchant.
O live ( couleur d’ ). L’olive, pour être employé
en détrempe, fe fait avec dû jaune de B e r ry , de
l’indigo , 6c du blanc de Bougival ou d’Efpagne ;
mais fi l’on veut vernir deffus , il faut y fubftituer
le blanc de cérufe.
vend communément dans le commerce ~3 a acquis
cette couleur par la calcination. Il faut la choifir
nette, fragile, 8c haute en couleur.
On tire d’Angleterre un rouge brun, ou brun rouge,
qui s’emploie également en détrempe 8c à l’huile. Il
fert comme l’ocre rouge , à peindre les carreaux
d’appartemens , les charriots , 6cc. Etant mélangé
avec le plâtre , il donne les couleurs de brique.
L’olive f pour être employé à l’huile , fe fait en y
broyant du jaune de Berry, un peu de verd-de-gris
6c du noir qu’on détrempe à l’huile coupée d’effence.
Plus ou moins de verd-de-gris 6c de noir, donnent
le ton de l’olive. ;
Le rouge de Prujfe eft une terre calcinée donnant
un rouge qui, imite le vermillon. Il eft plus v if 8c.
plus beau que le brun rouge. On s’en fert pour mettre
les carreaux en rouge, 6c les peintres en font quelquefois
R ouge. L’ocre rouge, le rouge brun, le rouge
de Pruffe , le minium , le cinabre , le vermillon , le
fafran bâtard, les laques, le carmin, procurent le
rouge 6c fes nuances.
L’ocre rouge eft une terre rouge plus ou moins
foncée , dont on fe fert pour là groffe peinture,
foit en huile, foit en détrempe. L’ocre rouge, qu’on
ufage pour leurs tableaux.
Le minium eft une chaux de plomb qui devient
d’un rouge orangé fort v if, par une longue calcination.
On peut l’employer à la détrempe 6c à
l’huile.
Le cinabre eft une matière minérale, dure, compare
, ‘ pefante , brillante , criftalline , très - rouge,
compofée de foufre 6c de mercure extrêmement
unis, 6c fublimés par l’a&ion du feu. On diftingue
deux fortes de cinabre, le naturel 6c l’artificiel.
Le cinabre naturel fe trouve dans les mines de
mercure ; 6c l’artificiel fe compofe en mêlant du
mercure avec du foufre , 6c faifant fublimer ce
mélange, qui s’attache au haut du vaiffeau en maffe
dure par longues aiguilles tirant un peu fur le violet
hrun.
Cependant la fublimatîon n’eft pas une condition
eflentielle pour la compofition du cinabre ; car on
en peut faire , dit M. Macquer dans fon Diêlionnaire
de Chimie , de très - beau, par la voie humide, en
appliquant, foit au mercure feul, foit aux diffolu-
tions de mercure par les acides, mais fur-tout par
l’acide nitreux, les différentes efpèces de foie de foufre.
Il faut choifir le cinabre artificiel en belles pierres,
fort pefantes, brillantes , à longues 8c belles aiguillettes
, 6c d’une belle couleur rouge. Lorfqu’il eft
broyé long-temps, il fe réduit en poudre fine, 8c
donne une des plus belles couleurs rouges qu’il y
ait. On l’appelle alors vermillon. Il ne faut pas confondre
ce vermillon avec le vermillon d’Angleterre,
qui nous vient en poudre d’un rouge moins beau ,
plus pâle, que M. Wattin croit n’être autre chofe
qu’un mélange de mine 6c de cinabre bien pulvérifés
enfembie , plus ou moins-beau fuivant la dofe de
mine. C ’eft du vermillon d’Angleterre dont on fe
fert communément pour rougir la cire d’Efpagne 0
pour teindre les tranches des livres , 6c pour peindre
les trains , d’équipage.
Le vermillon fe détrempe facilement à l’huile , ou
avec la colle quand on veut s’en fervir en détrempe,
6c avec la gomme arabique pour la miniature.
On compofe auffi des rouges avec des laques.
La laque eft en général une efpèce de craie à
laquelle on a donné une teinture. La laque fine de
Venife eft faite avec de la cochenille. Voye^ C armin.
La laque rouge dont on fe fert pour les décorations
, eft faite avec de la craie teinte de bois d’écarlate
, de bois de Bréfil 6c autres. Il faut choifir cette