Mi §
1828.
Mars.
VOYAGE
de la plage. De retour auprès des cases dont j’ai déjà
parlé, Moembe me répéta que l’une d’elles était bien
la maison de l’Aloua, tandis que les autres n’étaient
que de simples balai ou cases pour manger et dormir.
Puis il me lit remarquer, près du trou de Tourlourou,
un terrain (raicliement remué , ajoutant qu’en cet endroit
avait été inhumé un grand personnage nommé
Loabo, son père ou son parent. Ce Loubo était VAtoua
auquel je devais une offrande.
Plus jaloux de me concilier l’affection du bon
Moembe que celle de son divin Loubo, je déposai en
guise d’offrande, sur la tombe de ce dernier, un morceau
d’étoffe. Cette action fut en effet très-agrcable à
Moembe q u i, d’un ton très-i-ecueilli, adressa un discours
assez long à son dieu Loubo, pour me recommander
à sa bienveillance, et lui expliquer que XAriki
Mara était son ami et celui de sa famille.
Cela fait, sur un des pieux qui servaient de montans
à la cabane, Moembe me m ontra un nid en terre, d’abeilles
maçonnes, ou de fourmis, car je ne saurais trop
affirmer à quel genre d’insectes il a pu appartenir, et
il m’assura avec beaucoup de sang-froid, et même avec
une gravité respectueuse, que dans cc nid résidait
un Mitre Atoua nommé B a n ie , non moins révéré
que Loubo.
Je vis bien qu’il fallait encore m’exécuter généreusement
à l’égard de ce nouveau dieu. En conséquence,
je lui offris un miroir et un collier que Moembe déposa
sur le nid en question ; puis il récita à Banie une
prière encore plus longue que celle qu’il avait faite à
Loubo. Moembe laissa durant quelques minutes les
olfrandes sur les gîtes de ses deux atouas, puis il les
reprit avec respect, les enveloppa avec soin dans un
morceau d’étoife, et les emporia avec lu i, plus avisé
du moins que ces hommes qui laissent inutilement
pourrir des objets de prix en l’honneur de leurs divinités.
Du reste, ces preuves authentiques de ma piété
envers les Atouas de Moembe achevèrent de me concilier
toute son affection, el je dois dire, qu’en effet
je n ai jamais eu à me plaindre des procédés de l’iion-
iiète Moembe.
Nous traversâmes ensuite les deux bras de la
liviere, el nous trouvâmes quatre ou cinq cases que
Moembe me désigna comme sa propriété particulière.
Celait a 1 endroit meme où notre nouvel observatoire
venait d’être établi. Moembe me fit entrer
dans lapins vaste el la mieux entretenue de ces cases,
el me fit comprendre qu’elle était entièrement à mon
service; je m’y reposai un moment avec lui, et je
tentai de l’interroger sur le naufrage des Maras, par
reritremise de Williams.
A cet égard, Moembe ne put me donner des détails
bien satisfaisans ; il déclara qu’il n ’avait vu ni le navire
naufragé, ni les Muras, attendu qu’il n’était alors qu’un
tres-petit garçon ; seulement il avait entendu dire que
les habitans de Vanou allèrent au vaisseau échoué
pour le p ille r, mais qu’ils furent repoussés par les
blancs qui firent feu sur eux et leur tuèrent vingt
hommes el trois chefs; à leur tour, les insulaires tuc-
rciit à coups de fleche tous les blancs quivoulurent
182S.
Mars.
!'