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 1828. 
 i'c v r ic iv 
 habituellemeiU C11  guerre avec les  habilans  du  village  
 situé sur la pointe  orientale de lîle Tevai,  village cpii  
 porte  spécialement le nom de Vanikoro. Ces  derniers  
 se serviraient de sarbacanes pour lancer leurs llèches,  
 si  1 on  a bien  compris  les  gestes  de  nos  sauvages ,  et  
 ils auraient tué dans ces  derniers temps neuf hommes  
 aux  habilans  de Tevai. 
 Naguère  un  village  se  trouvait  aussi  sur  la  plage  
 d’Ocili,  et l’on en voil encore les ruines.  Mais  les ha-  
 bilaiis ont été  exterminés  à la suite  de  quelques combats, 
   el  leur  territoire  est  tombé  au  pouvoir  de  la  
 tribu de Tevai. 
 Dans  leur grande toilette,  les hommes sont ridiculement  
 surcharges d’anneaux en coquillages blancs ou  
 en  écaille de  to r tu e ,  entrelacés  les  uns  dans  les  autres  
 ,  et  suspendus  aux  oreilles,  à la cloison  des  narines, 
   aux  b ra s ,  aux  poignets,  à  la  ceinture,  aux  
 genoux,  cl jusqu’à la  cheville  des  pieds;  tandis  que  
 les femmes imrtent rarement de  ces  ornemens  et toujours  
 en  petite quantité.  En masse,  comme tous ceux  
 de la race  noire océanienne, ce  peuple est dégoûtant,  
 fainéant,  stupide, farouche,  avide et sans  qualités ni  
 vertus  que  je  lui  connaisse.  Notre  force  seule  lui  
 impose,  et  je   pense  que  notre  existence  serait  fort  
 compromise,  si  nous  étions,  ou  s’ils  nous  croyaient  
 les plus faibles.  Il fut sans doute bien cruel pour notre  
 illustre  Lapérouse  de  succomber  d’une  manière  si  
 malheureuse  sur  la  fin  de  sa  brillante  expédition  ;  
 mais  s’il  eut  le  temps  de  connaître les  êtres  hideux  
 entre les mains desquels  son  mauvais sort Lavait précipilé, 
   avant  de  périr,  son  naufrage dut lui  paraître  
 dix  fois  plus  déplorable encore.  P artout  ailleurs,  au  
 milieu des peuples  de la race  polynésienne,  comme  à  
 Taïti,  Tonga,  Rolouma,  Tikopia,  e tc .,  le  premier  
 moment  d’inquiétude  et  d’effroi  de  la  part  des  sauvages  
 passé,  il eût pu  traiter avec  e u x ,  et en  obtenir  
 des  égards  et  même  des  secours  et  des  vivres.  Les  
 anthropophages  de  la Nouvelle-Zélande  se sont  eux-  
 mêmes  montrés  quelquefois  hospitaliers  envers  les  
 Européens  naufragés  sur  leurs  plages. Mais  à Vanikoro  
 les compagnons  de Lapérouse ne durent trouver  
 (}ue  cupidité,  barbarie  et perfidie. Malgré  nos  offres  
 nous ne pouvons  obtenir,  des  habitans  de Tevai,  que  
 des  noix  de  cocos  et  quelques  bananes,  tant  leurs  
 prétentions  sont  excessives  pour  les  autres  ptroduc-  
 tions.  Quant aux cochons, ils  paraissent  décidés à ne  
 pas en céder,  quel que soit le prix qu’on leur propose. 
 Malgré les chaleurs étouffantes qui régnent à Vanikoro, 
   et les travaux forcés en tout genre que vieunent  
 d ’exécuter nos hommes ,  il  est  très-remarquable  que  
 pei'sonne  ne  souffre  ni  de  la  fièvre  ni  de  la  dyssen-  
 lerie. M.  Sainson  e lle   maître  d’équipage sont  même  
 parfaitement rétablis ;  je  suis  le  seul dont  la santé ne  
 soit pas  aussi satisfaisante que  celle  des  autres. Mais  
 mon  état  paraît  tenir à des  affections d’entrailles  qui  
 durent déjà depuis long-temps. 
 La  chaloupe  a  apporté  le  reste  du  bois  à  biûler.  
 Tous  les  hommes  de  féquipage  sont  allés,  en  deux  
 bordées, à terre pour  laver leur  linge et leurs hamacs  
 dans  le ruisseau de faiguade.