
 
        
         
		372  NOTES. 
 s’il  ne  s’est  assuré  auparavant  que  ,  sous  le  rapport  de  la  force  
 physique,  son  ennemi  ne  lui  est point  inférieur,  attendu  qu’il  
 aurait  horreur  d’abuser  de  sa  faiblesse.  Pour  l’industrie  ,  l ’activité, 
   la  gaieté  et  la  persévérance,  aucune  comparaison  ne  
 peut  être  établie  entre  ces  naturels  et  ceux  d’aucune  des  îles  
 de  l’Océan-Pacifique  que  j’ ai  eu  l ’occasion  de  visiter.  Les  
 hommes,  les  femmes  et  les  enfans  sont  tous  en  mouvement  
 depuis  le  lever  du  soleil  jusqu’à  son  coucher,  occupés  à  la  
 pêche  ou  à  la  fabrication  des  armes,  des  ustensiles  de  p ê ch e ,  
 des  étoffes,  des  habitations  et  des  pirogues.  To ut  ce  qu’ils  
 font  est  exécuté  avec  beaucoup  de  goût  et  d’adresse,  bien  
 qu’ils n’aient à leur disposition  que des instrumens en coquilles,  
 en  pierres  et  en  dents  de  poisson.  Par  leurs  lo is ,  il  leur  est  
 expressément défendu de rester couchés après  le  lever  du  soleil,  
 excepté  en  cas  de  maladie  ou  d’infirmité  corporelle;  aussi,  la  
 dyspepsie,  les  maladies  de  foie  et  les  mille  et  un  maux  qui  
 affligent les  races civilisées,  sont  inconnus aux  naturels  de  ces  
 heureuses  îles. 
 En  décrivant  les vertus et les aimables  qualités  de  ces  insulaires  
 ,  je  ne  prétends  pas  faire  entendre  qu’il  n’y   ait  point  
 d’exemples,  ni  de  circonstances  isolées  où  les  lois  ne  puissent  
 être violées.  Un  état  parfait  de  la  société n’existe point et peut-  
 être  n’existera  jamais  sur  ce  globe  si  riche  en  anomalies.  La   
 néce.sslté  même  des  lois  indique  le  contraire.  Frapper  une  
 iemme est  à juste  titre  considéré  par les naturels  du groupe  de  
 Bergh  comme  une  action  inhumaine  et  barbare,  quelle  que  
 soit  sa  faute.  Mais  si  une  femme  devient  rebelle  et  désobéissante  
 envers  son  mari,  qu’elle  le  maltraite,  et  que  les  
 moyens  de  la  douceur  ne  puissent  la  faire  ch an g e r ,  elle  est  
 transportée  sur une  petite  île  du  gro up e,  où  nul  n’habite  que  
 des  femmes;  l ’homme qui se permettrait d’enlever  l ’une  d’entre  
 elle s,  sans la  permission  du  gouvernement,  serait mis  à  mort.  
 Des punitions  encore plus  sévères sont infligées  à  l’homme  qui  
 maltraite sa  femme. 
 Pour  les tours  de  force,  d’adresse et  d’a g ilité ,  quelques-uns  
 de  ces  naturels laisseraient bien loin  derrière  eux  les  hommes 
 qui  se  donnent en  spectacle  chez nous.  Ils  feront avec  rapidité  
 une  foule  de  pirouettes  en  avant  et en  arrière  ,  sans  avoir  rien  
 d’élastique sous  leurs pieds ;  ils sont également habiles a courir,  
 sauter,  grimper  et  lancer  des masses pesantes,  etc.  Ils  monteront  
 à  la  cime d’un  cocotier  h a u t ,  droit  et  poli  comine  le  mât  
 d’un  navire,  en  apparence  avec  autant  d’aisance  et  d’agilité  
 qu’un  marin  monterait  le  long  des  enflécbures  des  haubans  
 quand  elles  viennent  d’être  reprises.  Ils  excellent  aussi  dans  
 l’exercice  de  la  natation,  et  semblent  aussi  à  leur  aise  dans  
 l ’eau  que  les  requins  et  les  tortues.  Ils plongeront à  la  profondeur  
 de quinze toises,  et rapporteront une demi-douzaine d huîtres  
 perlières  avec  tout  autant  de  facilité  que  quelques-uns  de  
 nos  meilleurs  nageurs  iraient  à  trois  toises  pour  rapporter  
 quelque  chose  du  fond. 
 A   l ’égard  des  idées  religieuses  de  ces  insulaires,  le  peu  de  
 renseignemens qu’il m’a été  possible d’obtenir peut  être  exposé  
 en  quelques mots.  Ils  pensent  que  tout  a  été  créé  par  un  certain  
 être  sage  et  puissant  qui  dirige  et  gouverne  tout,  et  dont  
 la  résidence  est au-dessus  des  étoiles  :  qu’il  veille  sur  tous ses  
 enfans  et  sur  toutes  les  choses  animées  avec  un  soin  et  une  
 affection  paternelle,  qu’il  pourvoit  à  la  subsistance  des  hommes, 
   des  oiseaux,  des  poissons  et  des  insectes,  le  plus  petit  
 animal  étant  destiné  à  servir  de pâture  au  plus  g ran d ,  et tous  
 devant  servir  au  soutien  du  genre  humain  ;  que  le  créateur  
 arrose ces  îles  de  sa  propre main ,  en  laissant  tomber d’en haut  
 les pluies en temps opportun ;  qu’il a  planté le  co co tie r ,  1 arbre  
 à  pain  et  tous  les  autres  arbres,  ainsi  que  les  buissons,  les  
 plantes  et  les  touffes  d’herbe ;  que  les  bonnes  actions  lui  sont  
 agréables,  mais  que  les  mauvaises  actions  l ’offensent;  qu’ils  
 seront  heureux  ou  misérables  par  la  su ite ,  suivant  leur  conduite  
 en  celte  v ie ;  que  les  bons  vivront alors  sur  un  groupe  
 d’iles  délicieuses,  encore  plus  belles  et  plus  agréables  que  les  
 leurs,  tandis  que  les méchans seront  séparés  des  bons et  transportés  
 dans quelque île  rocailleuse  et désolée ,  où  il n’y  aura  ni  
 cocotiers,  ni  arbres  à  p a in ,  ni  eau  fra îch e ,  ni  poisson,  ni  
 aucune  trace  de  végétation.  Ils  n’ont ni  temples,  ni églises,  ni 
 b  f 
 â  i