gouverné vers le fort Vittoria. Le capitaine Elgeri-
huizen est venu nous prendre à deux ou trois encablures
du mouillage, et nous avons laissé tomber
l’ancre vers une heure.
A deux heures, accompagné de MM. Elgenhuizen,
Guilbert, Dudemaine, Bertrand, Sainson et Lesson,
j ’ai été rendre mes visites aux diverses autorités. Au
gouvernement, j’ai d’abord vu M. Merkus qui m’a
accueilli avec la plus grande amabilité, et m’a promis
de remettre à l’instant à ma disposition tout ce qui
pourrait m’ètre utile dans la colonie. En outre, il m’a
annoncé qu’il allait incessamment- partir pour Batavia,
e t, apprenant que je ne connaissais point celte
ville, il m’a vivement sollicité d ’y faire une relâche
avec l’Astrolabe. Comme je représentais à M. Merkus
le pitoyable état où se trouvait notre équipage
et la terrible réputation d ’insalubrité dont jouit Batavia
aux yeux des Européens, il me répondit que
cette réputation était maintenant peu méritée, attendu
que depuis vingt ou trente ans Batavia avait totalement
changé de face, et qu’aujourd’hui le séjour de
cette ville, surtout dans le quartier de PTeltevredeti,
n’est pas plus dangereux que celui de la plupart des
autres places de ITnde.
Ensuite nous saluâmes tour â tour MM. Morrees,
Styman, Paoli, Bourss (nouveau secrétaire), E lg en -,
buizen, Rumboldt, Vankervern et Lang. Chez ce
dernier, nous trouvâmes notre jeune babiroussa encore
vivant, mais dans un état de marasme déplorable,
qui ne permettait pas d’espérer qu’il pût en
réchapper. M. Lang attribuait le dépérissement de
cet animal à ce qu’il l’avait laissé de trop bonne heure
près d’une jeune tru ie , avec laquelle il s’était épuisé
en efforts prématurés.
Le salut national de vingt-un coups de canon fut
fait à trois heures, et sur-le-champ rendu coup pour
coup. P a r la négligence du canonnier, un de nos valets
alla frapper dans le bastingage du brick Siva,
mouillé près de nous, presque aux pieds de la sentinelle
du passe-avant. Heureusement cet accident ne
fit de mal à personne.
Le Siva est un brick colonial commandé par un
lieutenant de vaisseau, et qui arrive en ce moment
même de Banda.
Tandis que nous nous promenions ensemble à bord,
sur les quatre heures, 51. Gressien a remarqué trois
ou quatre Malais qui apportaient à la tête du pont,
et de là lancèrent à la mer un objet très-pesant qui
m’a paru être un gros poisson. J ’en ai fait part à
M. Quoy, qui s’est empressé d ’aller voir avec le bot
de quelle espèce il pouvait ê tre , et il n ’a pas tardé à
revenir en le tramant h la remorque. P ar une rencontre
bien singulière, il s’est trouvé que ce poisson
présumé était un jeune douyong, mammifère amphibie
encore mal connu, et qui depuis long-temps était
l’objet des désirs de M. Quoy. Bien que cet animal
fût dans un état de corruption trop avancé pour qu’on
pût songer à le conserver, M. Quoy l’a étudié avec
soin, l’a fait dessiner par M. Sainson et en a préparé
le crâne. A terre, on a appris que ce douyong avait
i f i i S .
Juillet.