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 iSiS. 
 M a i. 
 doublci'  la  pointe  méridionale  en  (îlant  six  on  sept  
 noeuds,  avec une jolie brise d’E.  et un temps superbe. 
 Nous  avons remarque quatre grandes pirogues qui  
 venaient  de  la  partie  de  l’E. ;  deux  d’entre  elles  ont  
 passé  fort  près  de  nous ;  nous  avons  alors  reconnu  
 qu’elles  étaient montées  par des  Carolins  qui  allaient  
 faire une visite  à Gouaham. 
 Vers  dix heures  et  demie,  nous  prolongions  l’ile  
 aux  Cocos,  à  un  ou  deux  milles  de  distance,  et  à  
 onze  heures  nous  doublions  la  pointe  S.  O.  du  récif  
 à une encâblure au plus au large. E n su ite,  nous avons  
 serré le vent sous toutes voiles pour atteindre Umata.  
 Nous  apercevions  déjà  un  navire  anglais  mouillé  sur  
 la rade. 
 Plein  de  confiance  dans  le  vent  qui  me  paraissait  
 favorable, je me flattais  d’atteindre à la bordée le bon  
 mouillage,  pour  éviter  à  l’équipage  des  manoeuvres  
 pénibles. Mais en  arrivant  devant la  poinle Tonguen,  
 la  brise mollit et refusa en même temps ; de sox'te qu’il  
 me  fallut laisser tomber  l’ancre par quatorze brasses.  
 En  o u tre ,  les  voiles  n ’ayant  pas  été  serrées  assez  
 promptement,  bien  qu’on  eût  filé  sur-le-champ  quarante  
 b rasse s,  l’ancre chassa dans une risé e ,  et je vis  
 le moment  où  l’Astrolabe  allait  être  obligée  de  remettre  
 à  la  voile,  sans  savoir  quand  elle  pourrait  
 revenir au mouillage. Ce moment fut bien douloureux  
 pour tout  le monde,  et particulièrement pour les malades  
 qui,  les  yeux tendus  avec avidité sur le rivage ,  
 ne  semblaient  attendre  leur  salut  que  de  leur séjour  
 sur  cette  terre  tant  désirée. 
 DE  L’ASTROLABE.  3 5 3 
 Heureusement l’ancre s’arrêta par dix-huit brasses,  
 à quatre  cents  toises  environ du mouillage queje devais  
 occuper.  La  chaloupe  et  le  grand  canot  furent  
 mis  à  la  mer,  et  le  premier  élongea  une ancre à jet  
 vers le hâvre  avec  trois grelins  pour nous  to u e r,  dès  
 que le vent le permettrait. 
 Joseph  Flores,  alcade  d’üm a ta ,  vint  nous  adresser  
 les  questions  d’usage,  et  nous  fûmes  tous  bien  
 satisfaits  d’apprendre  que  le  gouverneur  actuel  des  
 Mariannes  était  de  nouveau  ce  noble  et  généreux  
 Âledinilla,  qui accueillit et traita  avec  tant de magnificence  
 et  de désintéressement M.  Freycinet et tous ses  
 compagnons  de voyage  en  1819.  Je  lui écrivis  sur-le-  
 champ pour lui annoncer notre a rrivée, et lui demander  
 l’autorisation  de  mettre les malades à  terre et  de  
 me procurer,  par les habitans, tous les vivres qui m’étaient  
 nécessaires  pour  de l’argent ou  des  objets  d’échange. 
   Je  ne  voulais  pas m’adresser directement  à  
 lui  pour cette  fourniture,  de peur qu’un sentiment de  
 libéralité  poussé  à  l’excès  ne  l’entraînât  de  nouveau  
 dans des dépenses  extraordinaires, comme celles qu’il  
 fit pour l’üranie,  el dont  il ne  voulut  point  accepter  
 de  remboursement. 
 Flores,  en nous  quittant,  nous promit de nous  envoyer  
 sur-le-champ  quelques  rafraîchissemens  pour  
 nos tables,  et  des  cochons,  dès  le  lendemain ,  pour  
 l’équipage. 
 Il était grandement  temps  d’arriver au mouillage ;  
 le  nombre des fiévreux n’avait pas sensiblement diminué, 
  el l’état de plusieurs  d’entre eux avait gravement 
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