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Nü\einbi’C.
J ’ai reçu la visite du lascar Joe, que la Bayonnaise
a amené de Tikopia. Je lui ai demandé pourquoi il
avait consenti à suivre M. Le Goarant, tandis qu’il
s’était opiniâtrement refusé à toutes nos instances, et
pourquoi les habitans de Tikopia avaient aussi mal
accueilli la Bayonnaise. Joe me conta que, peu de
temps après notre passage, une maladie épidémique
avait attaqué la petite population de Tikopia, et avait
fait périr cent quinze naturels en peu de temps ; sa
l'emme s’était trouvée de ce nombre, et ce motif l’avait
engagé à quitter Tikopia pour passer en France, où
il espérait que le roi lui ferait des présens. Mais il a
changé d’avis depuis quelques jours ; il va se diriger
maintenant vers Calcutta, d’où il retournera à Tikopia,
pour rejoindre un fds âgé de dix ou douze ans
qu’il a laissé sur cette île.
. Cette maladie a été aussi la cause pour laquelle les
babitans de Tikopia n’ont pas voulu que les marins
de la Baijonnaise missent le pied sur leur île ; car ils
sont persuadés que cette maladie leur a été donnée
par le méchant esprit que nous leur avions apporté,
et lorsqu ils ont appris que la Bayonnaise appartenait
à la même nation que l’Astrolabe, dans la crainte
d’un nouveau malheur, ils se sont refusés à laisser
les Français descendre sur leur sol.
Joe m’a dit en outre que Nero, chef de Tevaï, lui
avait raconté que nos cinq passagers de Tikopia
avaient péri dans la nuit orageuse qui suivit leur départ
de \ anikoro. Il est certain du moins qu’on ne les
revit point à Tikopia. Enfin, Joe m’a assuré que notre
îuausolée était parfaitement tapou pour les habitans
1828,
de Vanikoro, et qu’ils n ’avaient aucune envie de le Novembre,
détruire.
Tous nos travaux sont enfin terminés, notre gréement
14.
a été visité en entier, notre arrimage refait, et
le navire a été peint de frais extérieurement et intérieurement.
Aussi a-t-il maintenant une toute autre
tournure, et les habitans ne peuvent plus le reconnaître.
J ’accorde le 15 et le 16 à l’équipage pour se
reposer, et lundi 17, nous devons remettre à la
voile.
Comme je dînais chez Adam, je m’y suis trouvé
avec le capitaine Guilbaud du beau navire de Nantes
le Messager de Bourbon. Il a fait sa traversée en
quatre-vingt-trois jours, et m’a donné quelques nouvelles
de France. Ces navires apportent à l’Ile-de-
France des mules qui se vendent très-bien, car ces
animaux remplacent très-avantageusement les esclaves
pour une foule de travaux de force. O r, la rareté
croissante des esclaves fait beaucoup hausser leur
prix, et les colons font tout ce qu’ils peuvent pour
ménager leur existence.
Le grand canot a ramené de l’hôpital les hommes
de l’équipage qui s’y trouvaient encore, savoir ; Reynaud,
Rancurel, Grasse, Boutin, Jean-Jacques, Lisnard,
Vignau et Karavel. Les cinq premiers sont encore
assez mal, et resteront probablement à Bourbon.
J ’ai dîné chez M. Telfair avec quelques officiers de
l’Astrolabe; nous y avons trouvé le commandant et
les divers capitaines de la division anglaise. Tous ces
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Cil