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Juillet.
Je voulais appareiller dans la matinée, et j ’avais
meme commencé à faire virer sur l’ancre, quand le
vent a sauté au S. E ., et soufflé de manière à annoncer
qu’en dehors il devait être très-frais. Ce motif m’a
fait ajourner le départ au lendemain.
Le rajah Abdoul m’a raconté que les Papous, dont
les Malais de Caïeli redoutent le plus les incursions,
viennent des îles Salwatty, Battanta et Gammen; ce
sont des hommes féroces et anthropophages. Les naturels
de Guebe sont, dit-il, aussi Papous et anthropophages.
Mais les habitans de Ceram et de Guilolo
sont des Harfours, hommes pacifiques et point cannibales;
ils se contentent de couper les têtes de leurs
ennemis pour les conserver comme trophées de leurs
victoires. Oby n ’est point peuplé. Abdoul ne connaissait
point les noms deLoukissong, Gass, Kekek, etc.,
ce qui m’a paru assez étonnant, attendu la proximité
où ces îles sont de Bourou \
ï Voye z note 4 .
A une heure et demie après midi, nous avons mis 1828.
sous voiles, mais la brise était si molle et si variable ® ju iiie i.
que nous n ’avons pu faire route qu’à quatre heures.
Une heure après, nous avions doublé la pointe Pela,
et, à onze heures du soir, la bordée nous avait portés
très-près de Manipa. Toute la nuit, nous avons louvoyé
dans le détroit contre le vent de S. el S. S. E.
Tandis que nous sortions de la rade de Caïeli, ses
eaux étaient chargées à une assez grande profondeur
d’une incroyable quantité de grosses méduses blanches.
Leur présence donnait à la baie un aspect tout-
à-fait extraordinaire; on l’eùt volontiers prise pour
un immense banc à fleur-d’eau parsemé de galets
arrondis et blanchâtres, ou bien encore pour un bassin
couvert de blocs de glace qui eussent commencé
à se fondre.
Au jour, j ’ai reconnu avec joie que le courant nous 7 .
avait beaucoup favorisés dans nos efforts ; nous nous
trouvions déjà très-près de la pointe S. E. de Bourou
et de l’ile Amblou. Malheureusement les calmes sont
survenus, et nous ont retenus toute la journée et la
nuit entre les terres d’Amblou et d’Amboine.
Nous avons eu des torrens de pluie, avec des vents «.
du sud à l’e s t, qui nous ont encore retenus toute
celte journée au large. Dans la suivante, nous nous
étions déjà présentés à l’entrée de la baie ; cependant
ce n’a été que dans la journée du 1 0 que nous avons
pu définitivement entrer. A huit heures et demie du
malin, nous avons rangé à une demi-encâblure de distance
les rochers de Noessa-Niva, puis nous avons