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VOYAGE
1828.
Mai.
certaine distance d’Agagna, car les bateaux du gouvernement
sont lourds, grossiers, et naviguent fort
>1. cxcvm. mal. Il est bien surprenant qu’ayant sous les yeux les
charmans et rapides pros des Carolins, les habitans
actuels des Mariannes ne puissent construire que
d’aussi mechantes barques.
Sur les dix heures, les trois pirogues des Carolins
ont repris la route d’Agagna avec dom Tiburcio, que
j ’ai chargé d’une lettre de remerciemens pour le gouverneur.
Dans l’après-midi, l’alcade a commencé à
nous envoyer le bois à brûler. Il consiste presque entièrement
en petits rondins ôihibiscus, bois très-léger
et qui brûle comme des allumettes.
J ’ai reçu la visite de Baptiste qui m’a raconté que le
gouverneur était fort inquiet sur la nature de la mala-
DE L’ASTROLABE. 263
die qui régnait à bord de l’Astrolabe. Il parait qu’on a
fait à cet égard des rapports exagérés ; et le baleinier,
qui est parti d’Umata le jour même de notre arrivée,
a voulu lui persuader que cette maladie était un mal
contagieux, du caractère le plus effrayant, qui pouvait
compromettre le salut de l’île entière. Sans doute,
en répandant ce b r u it, ce rusé pécheur de baleines,
poussé par un sentiment de malveillance, a eu l’inten-
tion de nous rendre suspects aux yeux de Yledinilla
et de nous aliéner ses dispositions hospitalières.
On doit se rappeler ce jeune Medióla, l’un des
(|ualre naufragés de Laguemba que je. reçus l’année
dernière à bord de l’Astrolabe, et qui, à Amboine,
voulut rester avec nous. Après avoir partage toutes
nos traverses, après avoir été aussi frappé par la maladie,
il vient enfin de revoir sa patrie, et il a eu le
bonheur de retrouver en bonne santé ses parens qui
le croyaient mort depuis long-temps. Mcdiola s’est
promptement rétabli, cl il est venu me rendre visite
avec deux de ses parens, pour me remercier des
bontés que j ’avais eues pour lui. Il m’apportait aussi
en présent des fruits et des volailles ; je n’ai accepté
([lie quelques oranges, et je lui ai dit de garder le reste
pour lui-même. Du reste, j ’ai été bien aise de trouver
de la reconnaissance dans ce jeune homme, dont la
conduite à bord a toujours été Irès-rcgulièrc. Je lui ai
fait solder son décooqile qui montait à une trentaine
de piastres, el cette somme en espèces sonnantes lui
a constitué une petite fortune dans son île.
Après mon déjeuner, j ’ai été faire un tour à terre
1828.
Mai.
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