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 spectacle,  et  les  habitans de Sainte-Hélène en jouissaient  
 pour la première fois. 
 La ville n ’avait point changé d’aspect depuis quatre  
 ans  que je  l’avais  vue.  Seulement  depuis  un an  environ  
 ,  l’honnête  M.  Walker,  dont  j’avais  reçu  beaucoup  
 de  politesses,  avait  pris  sa  retraite,  et  se trouvait  
 remplacé  par  le  général  Dallais  dont  on  disait  
 aussi  beaucoup  de  bien.  M.  Dillon  avait  passé  à  
 Sainte-Hélène trois  ou  quatre mois avant  l’arrivée de  
 !’Astrolabe. 
 Vers neufheures du matin,  six personnes de l’état-  
 major,  MM.  Quoy,  Gressien,  Guilbert,  Pâris,  Sainson  
 et  Dudemaine,  sont  parties  pour Long-Wood.  
 Pour moi,  inquiet  au  sujet  des  risées  qui  soufflaient  
 parfois  avec  quelque  force de l’E.  S.  E.,  et  peu  rassuré  
 sur  le  mouillage  que  le  pilote  nous  avait  fait  
 prendre, je jugeai  qu’il serait plus  prudent  de  garder  
 le bord ;  d’autant plus que je souffrais assez vivement  
 d’une  douleur  au  pied.  Au  moment  de  notre départ  
 du  Cap,  les marins  qui  démontaient  le cabestan  laissèrent  
 tomber  son  chapiteau  sur  mes  pieds,  ce  qui  
 en  meurtrit  grièvement  quelques  doigts,  et je  souffrais  
 encore  de  cette contusion. 
 Vers  midi,  dans  les  rafales  assez  vives  qui  passèrent, 
   on  crut  un  instant  que  nous chassions,  et je  
 m’apprêtais déjà à mettre  à  la  voile, mais l’ancre tint  
 bon.  Nous  étions  mouillés  trop  au  large;  la  bonne  
 place est par douze et treize brasses  d’eau seulement. 
 Dans le cours  de la journée,  deux bricks et un navire  
 à trois mâts ont mouillé sur la rade.  Pour chacun 
 d ’eux, le fort d ’en  haut  tirait un  coup  de  canon  pour  
 l’annoncer,  et  celui  d’en  bas  en  tirait  un  autre pour  
 lui  intimer  d’envoyer  un  canot  à  la  batterie de  l’entrée, 
   afin  de  raisonner,  quand  il  ne  faisait  aucune  
 disposition  pour mettre  en  panne. 
 Sur  les  cinq  heures  du soir, j ’ai reçu divers rafraîchissemens  
 qui m’étaient adressés  par le gouverneur,  
 avec  un billet  fort  poli  pour m’inviter  à  passer quelques  
 jours chez lui à Plantalion-House. A son retour,  
 M.  Quoy  me  dit  que M.  Dallais  l’avait  parfaitement  
 accueilli,  ainsi  que  tous  ses  compagnons;  au  repas  
 un  toast  avait  été  porté  en  l’honneur  du  voyage  de  
 l’Astrolabe  et de son capitaine. M. Dallais avait enfin  
 exprimé  le  vif regret  de  ne  m’avoir  pas  vu  à Long-  
 Wood,  assurant que, s’il avait connu que j ’étais blessé  
 au  pied,  il m’aurait  envoyé  une de ses  voitures. 
 Du  reste,  ces  messieurs  avaient  accompli  leur pèlerinage. 
   Mais  les  modestes  bâtimens  consacrés  par