NOT E S .
quand il est très-bas de faire ses besoins sans être dérangé. Sur
ces litières sont suspendus de grands éventails en feuilles de
pa lmier , que le patient peut facilement mettre en mouvement
au moyen d’une ficelle. Ils ont aussi des nattes tres-bien travaillées,
destinées particulièrement aux repas, que l’ on lave
chaque fois qu’elles ont servi. En un mot, sous le rapport de
la propreté personnelle et domestique , ces insulaires l ’emportent
de beaucoup sur tous les peuples que j’ai jamais vus; et
ma femme me dit souvent que, pour son instruction dans la
science du ménage, elle est redevable aux leçons qu’elle a reçues
des dames du groupe de Bergh.
Leurs maisons sont disposées par groupes ou petits villages,
rangées régulièrement, et séparées par des rues de cinquante
toises en\iiron de large. Chaque maison a un verger spacieux
qui en dépend, entouré d’une palissade en bambou qui permet
la libre circulation de l’air. Au centre de chaque village , est
la résidence d’un chef qui dirige toutes les affaires en qualité
de magistrat. Toutes les querelles locales sont soumises à son
jugement, mais on a le droit d’appeler de sa sentence à celle du
roi ou du principal chef de la tribu.
Ces îles sont d’une élévation modérée ; chacune d’elles est
haute au centre, et le sol s’abaisse par degrés pour se terminer
en belles vallées et prairies fertiles qui s’étendent de toutes
parts le long des rivages ; partout on voit couler vers la mer des
torrens d’une eau limpide. On concevra facilement qu un
groupe d’îles ainsi placé près de l ’équateur, couvert d’un terrain
profond et peu compacte , et sous l ’influence du soleil des
tropiques, doit offrir une végétation rapide et perpétuelle. En
effet, on peut observer sur le même arbre , et souvent sur la
même branche, des fleurs et des fruits mûrs, mêlés avec des
fruits dans toutes les phases de leur croissance. Chaque feuille
qui tombe est presque immédiatement remplacée par une nouvelle
, tandis que les fruits, parvenus à leur maturité, sont
obligés de céder la place à de nouveaux germes. Là , le printemps,
l ’été et l ’ automne se disputent continuellement l ’empire
de la nature. L ’hiver apparaît à peine un instant dans cette lutte
N OTES. 379
et se retire avec un sourire v ivifian t, plus doux encore que
celui des autres saisons.
Si les babitans de ces îles possédaient quelques petites connaissances
en agriculture , et qu’ils voulussent y consacrer une
étincelle du talent et de l ’babileté qu’ils déploient dans leurs
ouvrages habituels d’une moindre importance , ces îles pourraient
bientôt devenir les plus beaux jardins du monde. J’ose
me flatter de l ’espoir d’avoir pu contribuer à fonder les bases
d’une révolution aussi désirable. Je leur ai donné à cet égard
tons les renseignemens possibles, eu égard à la courte durée de
notre séjour, à l ’aide d’interprètes, dont le dialecte naturel
était si semblable an le u r , qu’ils pouvaient converser ensemble
sans la moindre difficulté. Je leur procurai aussi diverses sortes
de graines , qu’ils promirent de planter et de cultiver suivant
mes instructions. Dans ce nombre étaient des pommes , des
p o ir e s , des pêches, des prunes, des melons, citrouilles , ignames,
pommes de te rre , oignons, choux , betteraves, carottes,
panais, haricots,' pois , etc. Je n’hésite pas à croire que le café,
le p o iv re , la canne à sucre et les épices des diverses especes
réussiraient facilement et peut-être sans culture sur ces îles.
L ’abondance et l ’épaisseur des forêts est une preuve évidente
de la richesse du sol qui couvre la surface de ces belles îles. Je
sais que les terrains élevés produisent du bois de sandal, mais
je ne pourrais affirmer en quelle quantité. Partout on trouve
un grand nombre et une variété de belles plantes , non seulement
dans les plaines et les v allé e s, mais encore sur les hauteurs
et jusque sur leurs cimes. Plusieurs étaient étrangères
pour mo i e t il y en a , je pense, qui ne sont pas bien connues
dans ce pays. Quelques-unes, j’en suis sûr, seraient fort estimées
par nos amateurs d’objets scientifiques. Les cocotiers et
les arbres à pain viennent ici d’une taille énorme , et leurs
fruits sont bien plus gros et bien plus savoureux que ceux que
j’ai été habitué à voir dans les autres îles de ces mers.
Les naturels du groupe de Bergh sont favorisés de l’eau a
plus pure qui descend en torrens limpides des sources de leurs
montagnes ; mais ils la boivent rarement sans qu’elle ait monté
I. 'l'i
:i'k' ;
■ l \
I i