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Dont la baie est si mauvaise et le mouillage si dangereux.
Nous partîmes le 4 août et mouillâmes la nuit vis-à-vis le
village d’Alicoupang, dans lequel j’allai le lendemain passer
une heure : il n’offre rien de particulier d’avec les autres villages.
Là, comme ailleurs, les volailles, les cochons et tous les
comestibles sont à très-bon compte; et, sous ce rapport, l’île
Célèbes est d’une grande ressource pour les navigateurs dans
les Moluques. Pour donner une idée de ces avantages, il
suffira de dire qu’on a quatre ou cinq volailles pour un* roupie
ou quarante sous.
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Ce résultat est parfaitement conforme à la position de
la connaissance des temps.
Ce n’est ni un port ni une rade, c’est la côte de Java entourée
de bancs, de sables et de vase, marqués par des balises
au travers desquelles on navigue avec précaution pour ne pas se
jeter dessus; ce qui serait d’autant plus facile que la mer est
d’un blanc jaunâtre et que quelques-uns de ce.s dangers ne découvrent
ni ne brisent. Le mouillage est distant d’une lieue
et demie à deux lieues d’une côte basse que les arbres seuls
font ressortir; c’est là qu’est cette fameuse ville de Batavia,
cet ancien boulevard, cette clef, ce magasin général des Indes,
lorsque les Hollandais étaient presque seuls en possession du
commerce de cette vaste contrée. Une foule d’ouvrages parlent
de Batavia; il n’est pas un navigateur dont la relation soit
imprimée qui n’en fasse mention. J’en ai lu beaucoup ; mais
il paraît que j’en avais perdu le souvenir, car je fus très-étonné
de nous voir aussi éloignés de terre au milieu d’une trentaine
de navires de diverses nations.
Il faut deux beures pour entrer dans la rivière, dont le.s
eaux bourbeuses sont resserrées par deux très-longues jetées en
bois parfaitement construites; arrivés là , les canots se baient à
la cordelle; on descend aux magasins de la marine. Il s’y
trouve presque toujours des voitures qui vous conduisent à la
nouvelle ville; on les loue pour le jour entier, jusqu’à dix
heures du soir, ou pour une demi-journée.
La vieille ville, dont les rues sont immenses, n’est plus habitée
que par les Chinois et autres gens d’affaires. Par la forme
de ces maisons qui se touchent, par l’étalage de ces boutiques
qui contiennent mille productions diverses de l’industrie, on
.se croirait au milieu de ces vastes faubourgs de nos grandes
villes commerçantes. La principale rue, ou plutôt la grande
route qui conduit à toutes les autres, est plantée d’arbres, et
bordée de canaux qui reçoivent les immondices, et où nous
voyions cependant le peuple se baigner. Cette disposition rapprochée
des maisons de l’ancienne Batavia, sur un sol bas et
coupé de canaux, entouré de fortifications, au milieu d’une
chaleur aussi intense, devait en effet la rendre très-malsaine,
et détruire les populations que l’appât du gain y faisait s’entasser.
Aujourd’hui ce n’est plus cela, et, avec quelques précautions
que doivent prendre les Européens, cette contrée peut
être habitée sans y courir plus de risques que dans beaucoup
d’autres. La nouvelle ville est immense, parce que la plupart
des maisons sont isolées. Leur grandeur, la beauté de l’architecture,
1 éclat de leur blancheur sans cesse entretenue, font
de ces habitations comme autant de petits palais entourés de
cocotiers, de palmiers, de bananiers, et d’une foule de belles
plantes des tropiques. En y pénétrant on voit que tout est disposé
pour la libre circulation de l’air, afin de ne rien perdre
de ces brises salutaires qui soufflent à (jes heures réglées. La
propreté est cette propreté hollandaise qui est passée en proverbe,
et qu’ils portent partout dans leurs demeures. Parmi
cette quantité de beaux édifices, s’élève celui qui contient tous
TOME V .
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