1828.
Janvier.
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bles de pétrels bruns ont long-temps couvert la surface
de la mer.
Plusieurs personnes se plaignent de coliques violentes
; elles ont déterminé chez M. Sainson une véritable
entérite qui le fait beaucoup souffrir. Je suis
toujours tourmenté de mon rh um e , mais je compte
sur notre retour dans la zone torride pour dissiper
toutes ces affections.
Dans la journée le vent a varié au s u d , dans la nuit
il a passé au S. E. et même à l’E. Le jo u r suivant, il
s’est enfin établi au N. N. E ., où il a soufflé avec force,
ce qui nous a obligés de tenir le plus près bâbord
amures, sous une voilure modérée. Pour achever de
nous contrarier, le courant nous entraîne dans le S. E.
de quinze ou vingt milles par jour.
Toute la matinée nous luttons contre un coup de
vent du N. E. accompagné de pesantes averses; il
souffle avec une telle impétuosité que nous sommes
bientôt obligés de mettre à la cape, sous la voile d’étai
de cape et le petit foc. Mais celte tourmente est de
peu de durée. Dès quatre heures du soir, elle est
remplacée par un calme p la t, et peu après par un vent
de N. O. qui fraîchit rapidement et nous permet enfin
de remettre en route le cap au N. E.
La grosse houle du N. E. lutte contre les lames
naissantes soulevées par le vent du N. O . , et il en
résulte une mer très-dure, et parfois des secousses
très-violentes pour la corvette. Cependant la première
cède peu à p eu , et poussés par une brise puissante
qui passe par gradation insensible du N. O. à l’O . ,
au S. O . , au S. et même au S. S. E . , dans les journées
des 13 et 14, nous filons assez régulièrement
sept noeuds. Durant quatre heures même, notre corvette
naturellement peu diligente, chargée par de pesantes
rafales, en dépit d’une mer énorme, fournil
ses neuf milles à l’heure, sous la misaine seulement
et le grand hunier deux ris pris.
Le ciel se nettoie, la mer se calme et le vent s’apaise.
Mais comme s’il nous était impossible d’avoir
tout à la fois, le dernier rallie de plus en plus l’E.
Heureusement nous pouvons désormais laisser porter
plus au nord. Les journées des 16 et 17 sont belles,
et le vent nous favorise. Aussi le 18, à midi, nous
avions presque atteint 32° de la titu d e s. ; le thermomètre
est à 2 0 °, nous jouissons d ’une température
très-douce, et presque tous les malades des journées
précédentes sont complètement rétablis. Chacun de
nous ressent vivement le retour du beau temps et
d’une mer plus tranquille. On dirait qu’écbappés à
une existence de tourmens et d’ennuis continuels,
nous rentrons dans le cercle habituel de la vie.
Sans doute ces grandes navigations seraient trop favorisées,
si l’on n’avait pas à redouter ces longues
crises de fatigues et de souffrances; mais elles reviennent
trop souvent pour VAstrolabe, et jamais mission
n’aura éprouvé autant de coups de vent et de mauvais
temps que la nôtre.
Notre position devient d’autant plus satisfaisante
que nous avons désormais doublé la pointe septentrionale
de la Nouvelle-Zélande; nous sommes donc
1828.
Janvier.
18.