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 Janvier. 
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 bles de pétrels bruns  ont  long-temps couvert  la  surface  
 de la mer. 
 Plusieurs  personnes  se  plaignent  de  coliques violentes  
 ;  elles ont déterminé chez M. Sainson une véritable  
 entérite  qui  le  fait  beaucoup  souffrir.  Je  suis  
 toujours  tourmenté  de  mon  rh um e ,  mais  je  compte  
 sur notre retour  dans  la  zone  torride  pour  dissiper  
 toutes  ces affections. 
 Dans  la journée le vent a varié au s u d ,  dans  la nuit  
 il  a passé au  S.  E.  et  même à l’E. Le jo u r  suivant,  il  
 s’est enfin établi au N. N.  E ., où il a soufflé avec force,  
 ce  qui  nous  a  obligés  de  tenir  le  plus  près  bâbord  
 amures,  sous  une voilure modérée.  Pour  achever  de  
 nous contrarier, le courant nous entraîne dans le S.  E.  
 de quinze ou vingt milles  par jour. 
 Toute  la  matinée  nous  luttons  contre  un  coup  de  
 vent  du  N.  E.  accompagné  de  pesantes  averses;  il  
 souffle avec  une  telle  impétuosité  que  nous  sommes  
 bientôt obligés  de mettre à la cape,  sous la voile d’étai  
 de cape  et  le  petit  foc.  Mais  celte tourmente  est  de  
 peu  de  durée.  Dès  quatre  heures  du  soir,  elle  est  
 remplacée par un calme p la t,  et peu après par un vent  
 de N.  O.  qui fraîchit rapidement et nous permet enfin  
 de remettre  en route  le cap  au N.  E. 
 La  grosse  houle  du  N.  E.  lutte  contre  les  lames  
 naissantes  soulevées  par  le  vent  du  N.  O . ,  et il en  
 résulte  une  mer  très-dure,  et  parfois  des  secousses  
 très-violentes pour la corvette. Cependant la première  
 cède  peu à p eu ,  et  poussés  par  une  brise  puissante  
 qui passe  par  gradation  insensible  du N.  O.  à  l’O . , 
 au S. O . ,  au S.  et même  au S.  S.  E . ,  dans  les journées  
 des  13  et  14,  nous  filons  assez régulièrement  
 sept  noeuds. Durant quatre heures même,  notre corvette  
 naturellement peu diligente,  chargée par de pesantes  
 rafales,  en  dépit  d’une  mer  énorme,  fournil  
 ses  neuf milles  à l’heure,  sous  la misaine  seulement  
 et le grand hunier deux ris pris. 
 Le ciel se nettoie,  la  mer  se  calme  et  le  vent  s’apaise. 
   Mais  comme  s’il  nous  était  impossible  d’avoir  
 tout  à  la  fois,  le  dernier  rallie  de  plus  en  plus  l’E.  
 Heureusement nous pouvons désormais laisser  porter  
 plus  au nord.  Les journées  des  16  et  17  sont  belles,  
 et  le  vent  nous  favorise. Aussi le  18,  à  midi,  nous  
 avions presque atteint 32°  de la titu d e s.  ;  le  thermomètre  
 est  à  2 0 °,  nous  jouissons  d ’une  température  
 très-douce,  et presque  tous  les  malades des journées  
 précédentes  sont  complètement  rétablis. Chacun  de  
 nous  ressent  vivement  le  retour  du  beau  temps  et  
 d’une  mer  plus  tranquille.  On  dirait  qu’écbappés  à  
 une  existence  de  tourmens  et  d’ennuis  continuels,  
 nous  rentrons  dans  le  cercle  habituel  de  la  vie.  
 Sans  doute  ces  grandes  navigations  seraient  trop  favorisées, 
   si  l’on  n’avait  pas  à  redouter  ces  longues  
 crises de  fatigues  et de souffrances; mais elles reviennent  
 trop souvent pour VAstrolabe, et jamais mission  
 n’aura éprouvé  autant de coups de vent et de mauvais  
 temps  que  la nôtre. 
 Notre  position  devient  d’autant  plus  satisfaisante  
 que  nous  avons  désormais  doublé  la  pointe  septentrionale  
 de  la  Nouvelle-Zélande;  nous  sommes  donc 
 1828. 
 Janvier. 
 18.