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182S.
Décembre.
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(lu sol africain; nous avons long-temps conversé de
sujets scientifiques, comme de la direction à donner
aux recherches des navigateurs en général, pour les
faire servir le plus possible aux progrès des connaissances.
Dans ses saillies spirituelles et souvent sarcastiques
, j’eus lieu de remarquer que Jacquemont
avait une assez pauvre opinion de plusieurs personnages
de la capitale qu’on était convenu de placer à
la tète des sciences, et sans l’agrément desquels nul
ne saurait avoir du mérite ni des talens. Novice encore
dans le métier, je trouvais alors les jugemens de mon
compagnon un peu sévères ; mais une connaissance
plus approfondie des hommes et des choses m’a
prouvé qu’ils étaient encore indulgens.
Jacquemont est venu déjeuner avec moi, et nous
avons passé quatre ou cinq heures à nous entretenir
encore des sujets qui nous intéressaient. Ayant essayé
de le sonder sur les matières qui allaient exciter
particulièrement son attention dans l’important
voyage qu’il entreprenait, il me sembla que la géologie
et certaines observations thermométriques seraient
particulièrement le but de ses recherches. La
philologie dont je lui parlai avec intérêt parut lui être
fort indifférente, et les branches d’histoire naturelle
étrangères à la géologie ne l’occupaient que très-secondairement.
En tout cas, comme c’était un garçon
plein d’esprit et d’un caractère toujours disposé à saisir
le côté le plus piquant de ce qu’il voyait, je jugeai
que sa narration serait d’un vif intérêt, particulièrement
pour les gens du monde.
Ensuite j ’ai été faire une visite au gouverneur Lowry
Cole et à sa dame lady Francis, qui m’ont accueilli
avec beaucoup d’aménité, et se sont sur-le-
champ rappelés m’avoir vu quatre ans auparavant
à Maurice. Puis, accompagné de MM. Quoy et J a c quemont,
je me suis rendu chez le marcliand-natura-
liste Villet, qui nous a montré ses collections; nous
avons bientôt reconnu qu’elles se bornaient presque
entièrement à des produits du continent africain,
maintenant bien connus des savans, mais encore recherchés
par les amateurs. M. Villet nous a raconté
qu’un naturaliste hollandais nommé Vanderberg s’était
procuré avec beaucoup de peine et de frais un
babiroussa vivant, qu’il conduisait à M. Cuvier, auquel
il comptait le vendre fort cher; on lui avait promis,
disait-11, au moins vingt mille francs; mais son
navire se perdit au fond de Symon’s-Bay, et le pauvre
babiroussa s’était noyé, ce qui avait désolé son
maître. La peau de l’animal avait été assez mal préparée
; on n’en demandait cependant pas moins de
trois cents piastres. M. Villet fut bien étonné d’apprendre
que nous possédions à bord deux de ces
quadrupèdes en parfait état de santé.
Tous les voyageurs qui ont visité le Cap ont entendu
parler de ces rafales furieuses qui naissent
presque subitement sur les sommités de la montagne
de la Table, et se précipitent avec une violence extrême
sur les eaux de la baie, où elles font souvent
courir des risques aux navires qui s’y trouvent mouillés.
Nous étions destinés à essuyer une de ces impé-
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