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 I ' i 'M' 
 182S. 
 Décembre. 
 24. 
 (lu  sol  africain;  nous  avons  long-temps  conversé  de  
 sujets  scientifiques,  comme  de  la  direction  à  donner  
 aux  recherches  des  navigateurs  en  général,  pour les  
 faire  servir  le  plus  possible aux progrès  des  connaissances. 
   Dans  ses  saillies  spirituelles  et  souvent  sarcastiques  
 ,  j’eus  lieu  de  remarquer  que  Jacquemont  
 avait  une  assez  pauvre  opinion  de  plusieurs  personnages  
 de  la  capitale  qu’on  était  convenu  de  placer  à  
 la  tète  des  sciences,  et  sans  l’agrément  desquels  nul  
 ne saurait avoir du mérite ni des talens. Novice encore  
 dans  le métier, je  trouvais  alors les jugemens de mon  
 compagnon  un  peu  sévères  ;  mais  une  connaissance  
 plus  approfondie  des  hommes  et  des  choses  m’a  
 prouvé  qu’ils  étaient  encore indulgens. 
 Jacquemont  est  venu  déjeuner  avec  moi,  et  nous  
 avons  passé  quatre ou  cinq  heures  à  nous  entretenir  
 encore  des  sujets  qui  nous  intéressaient.  Ayant  essayé  
 de  le  sonder  sur  les matières  qui  allaient  exciter  
 particulièrement  son  attention  dans  l’important  
 voyage  qu’il  entreprenait,  il  me  sembla  que  la  géologie  
 et  certaines  observations  thermométriques  seraient  
 particulièrement le  but  de  ses  recherches.  La  
 philologie dont je lui parlai avec intérêt parut lui être  
 fort  indifférente,  et  les  branches  d’histoire naturelle  
 étrangères  à  la  géologie  ne  l’occupaient  que  très-secondairement. 
   En tout cas,  comme  c’était  un  garçon  
 plein  d’esprit et d’un caractère toujours disposé à  saisir  
 le  côté  le  plus  piquant de ce qu’il voyait, je jugeai  
 que  sa  narration  serait  d’un  vif  intérêt,  particulièrement  
 pour  les  gens  du monde. 
 Ensuite j ’ai été  faire  une  visite  au  gouverneur  Lowry 
 Cole  et  à  sa  dame  lady  Francis,  qui  m’ont accueilli  
 avec  beaucoup  d’aménité,  et  se  sont  sur-le-  
 champ  rappelés  m’avoir  vu  quatre  ans  auparavant  
 à Maurice.  Puis,  accompagné de MM.  Quoy et J a c quemont, 
  je me suis rendu  chez le marcliand-natura-  
 liste Villet,  qui  nous  a montré  ses  collections;  nous  
 avons  bientôt  reconnu qu’elles  se  bornaient  presque  
 entièrement  à  des  produits  du  continent  africain,  
 maintenant bien connus  des  savans, mais  encore  recherchés  
 par  les  amateurs.  M.  Villet  nous  a raconté  
 qu’un  naturaliste  hollandais  nommé Vanderberg  s’était  
 procuré  avec  beaucoup  de  peine  et  de  frais  un  
 babiroussa  vivant,  qu’il  conduisait  à  M. Cuvier, auquel  
 il comptait le vendre  fort  cher;  on lui avait promis, 
   disait-11,  au moins  vingt  mille  francs; mais  son  
 navire  se  perdit  au  fond  de  Symon’s-Bay,  et  le pauvre  
 babiroussa  s’était  noyé,  ce  qui  avait  désolé  son  
 maître.  La  peau  de  l’animal  avait  été  assez  mal  préparée  
 ;  on  n’en  demandait  cependant  pas  moins  de  
 trois  cents  piastres.  M.  Villet  fut  bien  étonné  d’apprendre  
 que  nous  possédions  à  bord  deux  de  ces  
 quadrupèdes  en  parfait  état  de  santé. 
 Tous  les  voyageurs  qui  ont  visité  le  Cap  ont entendu  
 parler  de  ces  rafales  furieuses  qui  naissent  
 presque subitement  sur les sommités  de la montagne  
 de  la Table,  et  se  précipitent  avec  une  violence  extrême  
 sur  les  eaux  de  la  baie,  où  elles  font  souvent  
 courir des risques aux  navires qui s’y trouvent mouillés. 
   Nous  étions  destinés à essuyer  une de  ces  impé- 
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