cocotiers. Nous quittons le village à six heures et demie, et
après avoir laissé à droite la baie de Raoulé et Kayamo , nous
allons relâcher sur la petite île de Nanoun-ha, où nous arrivons
à neuf heures. L à , nous trouvons sous les arbres, aubord
de la mer, une jolie espèce nouvelle d’Auricule, de couleur jaune.
Nous buvons avec plaisir quelques verres d’une excellente
bière que nous avions achetée à Van-Diémen.
A dix heures, nous quittons l ’île de Nanoun-ha ; à onze
beuresun quart nous entrons dans le canal, ayant les récifs de
la poinle Manbili à quatre encâblures dans l’ouest. Nous traversons
la baie de Manévai, laissant à notre droite l ’ile de ce
n om, et à midi trente-cinq minutes nous étions de retour à
bord de l ’Astrolabe.
Nous sommes maintenant certains que Vanou el Payou sont
sur la même île que la baie d’Ocili. Cc ne sont point des îles
distinctes, comme on le croyait encore au départ, car le commandant
dit à M. Gressien : Vous ne ferez p a s le tour des îles,
vous vous contenterez de , etc.
Le 25 février, AIM. d’U rv ille , Guilbert, Lauvergne et
moi nous allons faire une visite au village de Tévai. Le
ré c if qui s’avance au loin rend notre débarquement assez
difficile. L ’aligui Néro nous reçoit dans ' sa cabane et nous
conduit dans la maison de Y Atoua. M. d’Urvillc lui fait présent
d’un collier blanc. Néro se montre peu bienveillant, et paraît
fâché de n’avoir pas reçu une hache pour premier compliment.
F ort exigeant dans les marchés qu’il propose, son attitude,
celle de son fils et de tout ce qui l’entoure est très-incertaine.
Peut-être avons-nous eu tort de venir sans armes.
La maison de l’Atoua, nommée baito A to u a , baïto tapou,
a six portes. Elle a onze pas de long sur neuf de large , et sa
hauteur au milieu est de quinze pieds environ. Elle est soutenue
par trois piliers.
Nous quittons le village de Tévai où l ’on compte une vingtaine
de cabanes, sans avoir obtenu aucune provision. Néro
nous a parlé du navire qui se brisa sur l ’ile de sable.
Nous nous dirigeons sur un des villages de Manévai. A
peine débarqués sur le ré c if, un grand nombre de naturels
viennent au devant de nous et nous reçoivent d’une manière
très-amicale. Ils nous prennent par les mains et nous conduisent
vers le village.
Les principaux chefs sont; Tamanon-hi, K a là i, Mouoni-hi
et Mérugo.
Quatre cercles d’hommes sont occupés à faire de la pâte
de taro , par la cuisson de cette racine sur un morceau de
bois.
Le vieux Tamanon-hi nous offre du poisson, du taro et des
cocos; il nous dit que c’est à V anou que les blancs (jBajaafan-/«)
ont été tués; que le capitaine D illo n , qu’il nomme Pita {à e son
nom de baptême P e te r ), a dormi dans sa maison.
Un vieillard de soixante à soixante-dix ans dit avoir vu deux
blancs provenant du naufrage, qui sont morts depuis très-
long-temps.
Un naturel me conduit, sur ma demande , à la maison des
esprits, où je vois trois têtes osseuses, dont deux placées à
droite, nommées K aha-outou, appartiennent bien évidemment
à la race noire océanienne. La troisième , plus grande, placée
à gauche, nommée Gala, a de plus belles dimensions, et
pourrait bien appartenir à la race jaune. A u milieu de ce tombeau,
on aperçoit du taro , de grands tritons et des pierres cn-
foncéès verticalement dans la terre.
Un peu plus loin que Manévai est un autre village nommé
Pamaou, dont le chef est une femme nommée CiaU. Ce village
est composé de neuf maisons ; le premier en contient une
quinzaine.
I c i, comme à Manévai, est une espèce de maison publique,
auprès de laquelle est le lieu où l’on fait sécher le taro , en le
suspendant à des traverses placées lesunes au-dessus des autres.
Cc lieu est également destiné à la danse. M, Guilbert et moi
nous dansons avec eux et à leur manière pendant quelques
instans ; ce qui paraît les amuser beaucoup, car il y a bientôt
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