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CHAPITRE XXXIX.
TRAVERSEE DE H L K -D E -F R A N C E AU CAP DE BO N N E -E S TÉ r a NCE , E T SEJOUR
SUR LA BAIE DE LA TABLE.
, 828. Au moyen d’une petite brise d’E. S. E ., nous avons
18 novembre, mis à la voile à six heures du matin; mais presque
aussitôt nous avons touché, ce qui nous a retardés
encore une heure. Enfin, nous avons fait définitivement
route, le pavillon a été dépassé, et nous avons
cinglé vers Bourbon. Au large nous avons trouvé une
houle du sud très-creuse, et le vent nous a peu favorisés.
t(). Cependant le jour suivant, aux premières lueurs
du crépuscule, nous aperçûmes la pointe sud de
Bourbon dans l’ouest à huit ou dix lieues de distance.
Vers sept heures, nous accostâmes la terre à
l’endroit nommé les Cascades, puis nous prolongeâmes
la côte à moins d’une lieue de distance, chassés
par une forte brise de S. E. A quatre heures et
demie, parvenu devant le Barachois, je mis de bonne
heure en travers pour attendre le pilote qui se dirigeait
vers la corvette, afin qu’il put me conduire au
mouillage. Mais son canot était si mal armé el il manoeuvrait
si mal, qu’il ne put nous accoster, et Je dérivai
considérablement sous le vent ayant qu’il pût
nous joindre. J ’essayai de courir un bord ou deux
pour me relever, mais le courant qui portail au nord
était si fort que nous tombâmes de plus en plus sous
le vent. Enfin, vers cinq beures et demie, je fus obligé
de laisser tomber l’ancre par vingt brasses devant les
falaises escarpées du gouffre. Celte position était fort
mauvaise, mais le pilote m’assura qu’il fallait attendre
la brise de nuit et le reversement de la marée pour
regagner le mouillage, car avant ce moment tous mes
efforts seraient inutiles.
Le capitaine du port, M. Desplanches, ne fut pas
plus heureux que le pilote pour atteindre le bord ; il
eut même beaucoup de peine à regagner la ville, tant
son embarcation était mauvaise et mal armée. Certes
il y avait une différence énorme, el qui n’était nullement
à l’avantage des Français, entre la manière dont
les établissemens de la marine étaient tenus à Bourbon
et à Maurice. Ici tout annonçait l’ordre, le soin,
la vigilance et l’opulence du gouvernement. Là tout
accusait la négligence, l’indifférence et la pauvreté de
l’administration.
Pas une chaloupe, pas une embarcation ne fut envoyée
pour m’aider à regagner le mouillage, bien
qu’on connût l’état de faiblesse où se trouvait l’équipage
de r Astrolabe. En vérité, si je n’avais pas vu le
pavillon français flottant vers le bout de la jetée et les
maisons de Saint-Denis, j’aurais pu croire queje me
182S.
Novembre.
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