
 
        
         
		1.  Le  lieutenant  de  vaisseau  Cap p aje ,  en  i 8i 5 ,  avec  25  
 hommes. 
 2.  Major  Campbell,  avec  29  hommes,  arrivé  en  septembre  
 1821.  Parti  en mars  1824. 
 3.  Colonel  Nicolls,  avec  222  hommes, arrivé en mars  1824.  
 Parti  en  octobre  1828. 
 4.  Capitaine  Ba te ,  avec  224  hommes,  arrivé  en  novembre  
 1828. 
 PA G E   5 8 2 . 
 O ù  je  m 'o c cup a i sur-le-champ  de  la  réd ac tion  des maté 
 riaux  recueillis dans  le  cours  de  la  campagne. 
 Ainsi  s’est terminée  une  des  plus périlleuses  campagnes  des  
 temps modernes ;  la  plus périlleuse  peut-être,  lorsqu’on  récapitule  
 les  contrariétés  que  l’Astrolabe  a  éprouvées  et  les  terribles  
 dangers  qu’elle  a  courus. 
 1°.  A   la   Nouvelle-Zélande,  dans  la  passe  des  Français,  où  
 elle  a  fortement  touché deux  fois.  Elle  pouvait y   rester,  et  l’équipage  
 se  sauver  dans  quelques  embarcations. 
 2».  Sur  la même  île  ,  dans  le fond  de  la  baie d’Abondance ,  
 où elle fut surprise  la nuit par un très-violent coup de vent qui  
 la  porta  sur  des  récifs.  L à ,  la  perte  eût été  totale  :  on  n’aurait  
 même jamais su  ce  qu’était  devenue  l’expédition. 
 3”.  Sur les  récifs de Tonga-Tabou,  où elle resta trois jours et  
 demi  en  perdition.  L ’équipage  se  serait  sauvé  pour  tomber  
 entre  les  mains  des  naturels,  être  dépouillé  et mener  une  vie  
 ,  plus misérable  que la mort. 
 4".  La  nuit,  sur  les  récifs  des  îles  Viti.  Quelques  minutes  
 plus  tard,  et  tout  était  perdu.  Peut-être  que  quelques-uns  des  
 meilleurs nageurs  auraient pu  se  sauver,  pour  demeurer  dans  
 une  sorte  de  captivité  indéfinie. 
 5®.  Sur  la  Nouvelle-Irlande,  à  l’entrée  du  havre  Carteret,  
 par une  pluie  terrible,  l’Astrolabe  fut  jetée  sur  l ’île Leigh.  Le  
 naufrage,  pendant  dix  minutes  qu’on mit  à  la  doubler,  fut des 
 plus  imminens.  Perte  du  navire et  de  beaucoup  d’hommes.  Le  
 reste  ne  pouvait  que  mourir  de  misère  sur  une  terre  qui  ne  
 produit  rien. 
 6°.  Enfin  sur  les récifs du détroit de  Dampier,  entre la Nouvelle 
 Bretagne  et  la Nouvelle-Guinée,  l'Astrolabe  toucha  fortement. 
   Si  elle y  fût  restée,  par  le  vent  qu’il  fît,  il  aurait  fallu  
 s’embarquer  dans  les  canots,  faire  trois  cents  lieues  sous  un  
 soleil  ardent.  Il  serait mort  beaucoup  de  monde ,  et  l’expédition  
 eût  été  en  partie  perdue. 
 Dans  cette  énumération,  je  ne  parle  ni  des mauvais  temps,  
 ni  des  coups  de  vent,  ni  des anxiétés  qu’on  avait  quelquefois  
 de se  voir  engagé  sur des  cotes  Inconnues  où  l ’on  pouvait  être  
 jeté.  C’est  ainsi  que  nous  passâmes  une  nuit  au  mouillage  de  
 la baie Tasman ,  et  une autre  sous une  des  îles V iti. 
 Certainement l’équipage de l'Astrolabe a eu de grands travaux  
 à  faire,  de longues  fatigues à  supporter, puisqu’il a  été plus  que  
 décimé,  et  mérite  par  cela  même  cent  fois  les  récompenses  
 qu’on devra lui donner. Je serais bien plus satisfait si je pouvais,  
 sans  restriction,  lui  rendre  ju stice ,  mais  il  s’en  faut  de  beaucoup  
 que  les  matelots  aient  rempli  les  conditions  d’hommes  
 jeunes  embarqués  de  bonne  volonté  pour une  expédition  q u i,  
 par  sa  longueur  et  son  but  seul,  est  capable  de  former  un  
 homme  quel  qu’il  so it,  et  de  lui  élever  le  caractère.  La  manière  
 même  dont  on  s’est  conduit  à  leur  égard  devait  les  faire  
 s’attacher  à  l’expédition.  Il n’en  fut  rien. Avant même  les  premiers  
 dangers,  ils  désertèrent;  ils  devaient  encore  le  faire  en  
 grand nombre  à  Tong.a-Tabou parmi des sauvages.  Deux  hommes  
 y   demeurèrent.  Ils  devinrent  pusillanimes,  criards,  sc  
 plaignant,  comme s’il  leur avait manqué quelque chose.  Jamais  
 équipage  ne  fut  ni  mieux  traité  ni  mieux  nourri.  Lorsqu’on  
 compare  ces matelots  à  ceux  q u i,  au  travers  de  mille  privations, 
   contribuèrent  à  ces  grandes  et  hardies  navigations  des  
 XV*  et xvi° siècles,  on  est  tenté  de regarder  ces  derniers  comme  
 des  êtres  surnaturels  par  leur  ténacité  et  leur  constance  dans  
 l’abnégation  d’eux-mêmes.