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 18 2 S . 
 Juin. 
 Gass et Kekek ;  nous  passâmes à cinq milles  de  cette  
 dernière;  puis  nous  prolongeâmes  la  partie  orientale  
 de Gass à deux  ou trois lieues  de distance. 
 Vers  deux  heures  après  midi,  un  korokoro,  que  
 nous  avions  eu  en  vue  depuis midi,  passa  à  deux  ou  
 trois encâblures à tribord de la corvette,  faisant route  
 vers  le  nord.  On  remarquait  sur  ce  bâtiment  deux  
 ou  trois  individus  en  costume  malais  qui  se  tenaient  
 sur  la  plate-forme,  tandis  qu’un  grand  nombre  
 d’hommes nus,  et qui nous parurent être des Papous,  
 à la couleur  du  corps  et  à  la  forme  de  la  chevelure,  
 agissaient sur les pagaies.  Sur l’avant et sur l’arrière,  
 flottaient des pavillons bleus,  avec un triangle  rouge  
 entouré  de  figures  bleues  semblables  aux  carreaux  
 du jeu  de  cartes ;  il  y  avait  en  outre  trois  ou  quatre  
 de  ces  carreaux  dans  l’intérieur  du  triangle  :  sur  le  
 milieu  du  korokoro  flottait  un  troisième  pavillon  
 blanc  beaucoup  plus  grand  et  portant  vers  le  centre  
 une  sorte  de  double  coutelas  dont  les  tranchans  se  
 regardaient.  Sans  doute le rajah,  auquel  appartenait  
 cette  pirogue,  avait  adopté  pour  armoiries  le  double  
 p a ra n g ,  car  on  sait  que  c’est  le  nom  malais  des  
 couperets  usités parmi  ces peuples. 
 Comme  de  coutume,  la musique  du  lamtam  et  du  
 goumgoum  résonnait  continuellement  pour  charmer  
 les  ennuis  des  maîtres  et  la  fatigue  des  rameurs.  
 Comme  ces  navigateurs  ne  firent  aucune  tentative  
 pour  nous  accoster,  et  que  de mon  côté  j ’étais impatient  
 de  vider  le  détroit,  je  passai  près  d’eux  sans  
 m’arrêter. 
 Nous avons ensuite serré  le vent  bâbord.  Le  28  au  
 matin,  nous  avons  aperçu  la  chaîne  des  hautes montagnes  
 de  Ceram,  et  j ’ai  voulu  gouverner  au  S.  E.  
 pour  atteindre  la  baie  de  Savaï,  que j ’eusse  bien  désiré  
 visiter  dans l’intérêt  de  l’histoire  naturelle. Mais  
 la brise variable  et  contraire,  le  courant  de  l’e s t,  e t,  
 plus que  tout  cela,  l’état des malades,  m’ont  fait  re noncer  
 à  ce désir,  et dans  l’après-midi  j ’ai mis  le  cap  
 sur  le  détroit  de Bourou. 
 En  effet,  le  rapport  du  médecin  m’a  convaincu  
 qu’il était urgent de gagner  une  relâche  en  pays  civilisé. 
   M.  Guilbert,  un  des  huit  ou  neuf heureux  qui  
 avaient échappé aux fièvres de Vanikoro, venait d’être  
 attaqué  de  cette  maladie;  M.  Lottin  éprouvait  une  
 rechute;  MM.  Quoy,  Gaimard  et  Bertrand  étaient  
 toujours  souffrans ; M.  Dudemaine  ne  se sentait  pas  
 bien. Dans l’équipage,  divers individus,  comme Bou-  
 tin ,  Della-Maria,  Vigneau,  e tc .,  éprouvaient  aussi  
 des rechutes. Enfin la dyssenterie poursuivait ses progrès. 
   Dans  la nuit du  29  au  30,  cette maladie  enleva  
 le  novice Maille- 
 Dans cette même  nuit,  nous prolongeâmes les îles  
 Bonoa,  Kelang,  Manipa,  et  nous  nous  présentâmes  
 devant  le  détroit  de  Bourou  ;  il  soufflait  alors  une  
 brise  très-fraîche  du  S.  S.  E.  qui  soulevait une mer  
 clapoteuse  et  assez  dure.  A  cinq  heures  vingt  minutes  
 du  matin,  nous  aperçûmes  un  navire  à  trois  
 mâts qui,  en  passant  près  de  nous,  hissa  le  pavillon  
 des Etats-Unis. 
 A  dix  beures  et  demie,  la  brise  devint  si  fraîche, 
 1828.  
 28  ju in . 
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