VOYAGE
1837.
Décembre.
JOinopiiiénieiit
un Anglais obscur sur la voie de celte
iiTiporlaritc découverte, et dans ce moment même il
devait, selon toute apparence, se trouver sur le théâtre
de cette grande infortune. Combien je portais
envie à son sort ! Combien je déplorais la fatalité q u i,
dans le cours de ma campagne, ne m’avait pas permis
d ’avoir aucune connaissance des découvertes de
M. Dillon à rikopia! Du re ste , aucun de mes compagnons
de voyage n ’ajoutait foi à ces ra p p o rts , cl, ils
n’en parlaient guère qu’en plaisantant, comme d’un
conte toiit-à-fait apocryphe.
N ous reçûmes de bonne heure la visite de M. Franck-
la n d , aide-dc-camp du gouverneur. Ce jeune oflicier,
qui parlait fort bien l'raneais, venait me présenter les
complimcns du lieutenant-colonel Arthur, gouverneur
de la colonie, et en même temps scs offi'es de
service, assurant qu’il était disposé à me procurer
tous les objets dont je pourrais avoir besoin. A mon
tour, j ’envoyai M. Lottin près du gouverneur jjour
lui présenter mes devoirs et traiter du salut. Cet officier
reçut un accueil fort bomièle.
J e m’étais empressé de questionner M. Franckland
sur la mission de M. Dillon. Il me répondit en riant
que c’était un fo u , un aventurier, que sa prétendue
découverte n’était (ju’ime laltle, et qu’il avait eu, h son
passage dans la colonie, une al faire très-peu honorable
, pour laquelle il avait été juridiquement condamné
à un cm[)risoimemcnt. Cette version avait sin-
gidièrcmcnt refroidi mes espérances. Mais M. Kelly
m apporta le journal oû sc trouvait consigne tout au
long le rapport de M. Dillon, louchant sa découverte 182,.
à Tikopia. C’est ce même ra[)porL (jui parut en son Dc-cembre.
temps dans les journaux d’Europe, et que M. Dillon
a reproduit dans la relation de son voyage '.
Après avoir lu atlenlivcmenl celte relation, et avoir
bien pesé son contenu, elle me parut offrir, dans scs
détails, un caractère de sincérité qui me conduisit 5
penser qu’elle ne pouvait pas être dénuée de tout fondement.
En conséquence, de ce moment, mon parti
lut définitivement pris. J e renonçai à mes projets ultérieurs
sur la Nouvelle-Zélande, et me décidai à conduire
immédiatement tA strolabe à Yanikoro, qui
n ’était encore pour nous que Mallicolo, d ’après
M. Dillou. J ’étais convaincu qu’il importait essentiellement
à la gloire de notre mission, à l’honneur de
la marine et même de la nation française, de constater
ce qu’il [»ouvail y avoir de réel dans ces rapports,
ou même d’en établir la fausseté;
Une difficulté s’opposait âm es projets. M. Dillon
avait omis à dessein, et sans doute dans la crainte
d’ctrp prévenu, la vraie position de Yanikoro et même
la direction qu’il avait suivie pour se rendre de Tiko-
|ûa devant cette ilc. Mais la phrase où il disait que
Yanikoro n’était éloigné de Tikopia que de deux jo u rnées
de route eu pirogue sous le vent, me mettait sur
la voie. Dans cette partie de l’Oeéan-Pacifique, les
vents régnent habituellement du S. E. au N. E. Yanikoro
ne pouvait donc se trouver (ju’à quarante ou cin-
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