VOYAGE
182S.
IMai-s.
aussi défavorables. Le grelin de gomotou acheté à
Amboine nous a rendu les plus grands services ; dans
cette circonstance critique, j’ai été à même d’apprécier
à toute leur valeur ces utiles eordages. Leur extrême
légèreté leur donne un grand avantage sur ceux de
chanvre, sans rien leur enlever en solidité, ni en flexibilité.
Je ne saurais trop en recommander l’emploi aux
capitaines appelés à faire des voyages semblables à celui
de l’Astrolabe, et qui auraient l’occasion de s’en
procurer aux Moluques ou à Java.
2. Comme il faisait calme p la t, à six heures du matin,
je partis dans la y o le , pour aller reconnaître la partie
du bassin où nous serions le mieux placés et le plus à
proximité de toute espèce de ressources. Après avoir
franchi une seconde passe formée par les brisans de
l’ile Manevai el un récif qui s’étend au large de la côte
opposée, je trouvai un hâvre très-sûr avec quinze à
P l. CLxxxi. vingt brasses de fo n d , derrière l’île Manevai. Le brisant
opposé défendait ce bassin contre les houles de la
baie extérieure, e t , pour ne lui laisser rien à désirer,
une jolie riviere venait sejeler à la mer précisément en
cet endroit.
Mon choix fut bientôt arrêté. Je retournai à b o rd ,
les ancres furent sur-le-champ dérapées ; et à l’aide des
avirons de galères et de trois canots de l’avant, nous
atteignîmes en moins de deux heures le mouillage de
Mangadai. Toute lente qu’elle était, cette navigation
était bien plus satisfaisante que celle des deux journées
précédentes; à la joie qui régnait à bord, aux cris d’allégresse
des matelots qui nageaient dans les canots,
DE L’ASTROLABE. 175
on eût dit que l’Astrolabe exécutait une marche triomphale,
tandis que les manoeuvres des journées antérieures
semblaient être les tristes et pénibles efforts
d’un équipage qui cherche à se soustraire au danger
le plus imminent. En ce moment, qui eût pu deviner
que la scène changerait si tôt d’aspect!..
Arrivé au poste que j’avais choisi, mon premier soin
a été d’y établir de nouveau la corvette sur trois amarre
s ; opération qui n ’a été terminée qu’à quatre heures
et demie du soir. Puis on s’est occupé sur-le-champ de
pi’éparer la chaloupe et la baleinière qui seront expédiées
dès demain vers Païou, pour relever quelques débris
importons du naufrage, lever le plan de cette partie
de File el ramener M. Gaimard et Hambilton. Après
le retour de l’embarcation, je compte moi-même me
rendre à Vanou, Nama et Païou, pour interroger
les n a tu re ls, examiner les localités et parvenir, s’il est
possible, à de nouveaux renseignemens sur le sort des
Français. La yole a été envoyée vers la rivière ; après
l’avoir remontée jusqu’à une certaine distance, elle en
trouva l’eau potable et très-facile à faire, découverte
qui nous a été fort agréable.
Au moment où nous avons mouillé, tous les naturels
qui jusque-là nous avaient paisiblement-accompagnés
dans leurs pirogues, au nombre de quinze ou
vingt, ont monté à bord et nous ont de nouveau témoigné
toute leur satisfaction de nous voir sur leur
territoire. Les chefs el plusieurs naturels m’ont donné
le salut de respect ( qui consiste à baiser le dos de la
main), et je leur ai fait quelques présens. Le vieux
1S28.
Mars.
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