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 fallut qu’il  ne fût enlevé, mais  il dut son salut au  courage  
 de  quelques  marins  qui  se  retirèrent  dans  les  
 hunes,  d’où  ils  firent feu suç  les  naturels,  el surtout  
 à  la présence d’esprit d’un  n è g re ,  qui  était le  coq du  
 bâtiment. Avec sa large cuille r,  il puisa dans les chaudières  
 de  l’huile bouillante dont il  aspergea copieusement  
 la  face  el  les  épaules  des  assaillans.  Ceux-ci  
 confondus  par  ce  nouveau  genre de  combat,  et vaincus  
 par la  douleur que leur causait l’huile.bouillante,  
 renoncèrent  au pillage  qu’ils  avaient  déjà commencé,  
 et  s’enfuirent  en  poussant  des  hurlemens  de  rage  el  
 de  douleur. 
 »  Les  deux  matelots  anglais  que  nous  laissâmes,  
 en juillet 1824 ,  sur l’île  P is ,  dans le groupe d’Hogole 
 u ,  se  rendirent  à  Gouaham  en  avril  1825,  et  y  
 donnèrent des nouvelles  de  la Coquille; l’un d ’eux  y  
 est  encore.  J ’ai  témoigné  le  désii’  de  voir  cet  homme  
 pour en  tirer  des  renseignemens  sur  les  moeurs  des  
 naturels ,  et Anderson  m’a  promis  de me l’envoyer  à  
 bord de l’Astrolabe ; mais il m’a prévenu que cet Anglais  
 n ’avait aucune  espèce d’intelligence. 
 » Un baleinier qui se trouvait ici peu de temps avant  
 nous  avait  à  son  bord  deux  naturels  des  îles  Male-  
 lotas et deux autres  des îles Saint-David..— Tout bâtiment  
 de  commerce qui mouille sur la  rade d’ümala  
 paie  dix-sept  piastres  de  droit  d’ancrage;  un  tiers  de  
 cette somme revient à Anderson qui reçoit en outre le  
 prix de  son pilotage d’Umala sur la rade  d’Apra. 
 »  Les  vents  d’O.  el  de  S.  O.  ne  se  font  sentir  à  
 Gouaham  qu’à  la  fin  de juillet ou  au commencement 
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 d’aont.  Ils sont peu violens,  et il y a même des années  
 où il n ’y en  a pas du  tout.  La tenue est si bonne sur la  
 rade  d’ümala,  que  le  baleinier  qui  s’y  trouvait  lors  
 de notre arrivée  a été obligé  d’y laisser son ancre avec  
 cent  brasses de chaîne,  n’ayant pu  venir  à  bout de  la  
 relever. 
 »  Ce baleinier avait perdu  son capitaine à Coupang  
 sur Timor,  plusieurs  hommes  de  féquipage  étaient  
 morts et d’autres avaient d éserté,  ce qui l’avait rendu  
 très-faible...  Il a quitté hier au soir la rade d’Apra,  de  
 sorte  que  nous  sommes  actuellement  le  seul  navire  
 étranger mouillé  à Gouaham. 
 »  Les  matelots  des  navires  baleiniers  n’ont  point  
 communément de paie fixe,  ils sont à la part. Le capitaine  
 ,  quand il n ’a  pas d’actions, a le douze pour cent  
 de l’huile  recueillie  durant  le voyage ,  plus  ses  pacotilles  
 et  le  gain  qu’il  fait  sur  les  fournitures  qu’il  se  
 charge de  faire aux matelots  de  son  bord.  Aussi  ces  
 hommes  tiennent  fort  peu  à  leur  navire  ;  dès  qu’ils  
 s’aperçoivent que leur capitaine ne conduit pas bien sa  
 barque,  ou  que  la pêche n’est point heureuse,  ils l’abandonnent  
 et vont chercher fortune ailleurs.  Souvent  
 même,  plutôt que de  suivre leur navire,  ils préfèrent  
 rester  sur  les  îles  où  ils  abordent,  et  vivre  avec  les  
 sauvages, sauf à s’embarquer sur le premier bâtiment  
 qu’ils  verront,  pour  retourner  plus  tard  dans  leur  
 patrie.  » 
 J ’ai  remis à Anderson  le  fusil  à percussion  qui appartenait  
 à la mission,  pour  l’offrir  de  notre  part au  
 gouverneur.  C’était l’unique objet de quelque prix que 
 1828. 
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