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 duits,  la  population  de  ces deux  derniers villages est  
 peu  considérable,  les maisons  sont  petites  et  annoncent  
 peu  d’aisance.  Au  reste ,  ce  l'ut  le  seul  endroit  
 où  nous  eûmes  la  société des  principales  femmes  du  
 pays.  51.  Pietermat  nous  les  présenta  au  nombre de  
 dix  ou  douze.  Quoiqu’elles  fussent  jeunes  et  assez  
 bien costumées, pas  une d’entre elles n’était agréable.  
 Comme  si  elles  eussent  été  plus  maltraitées  par  la  
 nature  que  les  hommes,  leurs  traits  n'exprimaient  
 guère  que  la  stupidité.  Une bouche très-éloignée des  
 narines,  un nez court et épaté,  des yeux sans aucune  
 expression  et  trés-distans  l’un  de  l’autre ,  une  face  
 aplatie  et  souvent  comprimée  du  haut  en  bas :  voilà  
 ce qu’on  remarquait dans  ces  pauvres  créatures ; or,  
 l’on  sait  qu’en général,  au moins  d’après Lavater,  ce  
 sont  là  des indices  d’une intelligence  très-bornée. 
 Je  fis  part  de  mon  observation  à 51.  5Ierkus,  qui  
 m’assura  que  ces  femmes  sont  pour  la  plupart  stupides, 
   sales  et  dégoûtantes.  Chaque  homme  prend  
 autant  de femmes  qu’il  peut  en  nourrir,  et  elles  sont  
 employées  à  la  culture  des  champs  et  à  tous  les  ouvrages  
 pénibles. Les chrétiens cependant n’ont qu'une  
 seule femme ;  e t ,  parmi  les  idolâtres,  il  n ’y  a  guère  
 que  les  hommes  riches  qui  en  prennent  plusieurs.  
 Ces  hommes  n ’ont  ni  temples,  ni  idoles,  ni prêtres,  
 ni culte proprement  dit.  Leur  religion  semble se réduire  
 à  une  espèce de manichéisme  comme celui  des  
 habitans  de  Tonga-Tabou;  ils  croient  à  des  esprits  
 malfaisans  auxquels  ils  adressent  des  voeux,  et  en  
 l’honneur desquels  ils s’imposent  des privations  analogues  
 au  tapou  des  Polynésiens.  En  un  mot,  leurs  
 empongs ont beaucoup  de  rapport avec les atouas de  
 la  Nouvelle-Zélande  ou  les  hotouas  de  Tonga.  Les  
 principales  fonctions  des  prêtres  consistent  dans  la  
 divination par le chant  et le  vol  des  oiseaux,  l’aspect  
 des  entrailles  palpitantes,  etc. ;  quelquefois  ils  plongent  
 leur tête entière dans le  ventre fumant de la victime, 
   puis  ils  prophétisent,  le visage tout barbouillé  
 de  sang.  Ces  prophéties  sont  d ’ordinaire  énoncées  
 dans  une  espèce  de  langage  poétique  et  cadencé.  
 Etonnant rapport avec ce qui  se  pratiquait jadis chez  
 les Grecs et  les Romains!,.. 
 Dès  avant  la  conquête,  les  différentes  tribus  qui  
 habitent  cette  partie de Célèbes  formaient  la  fédération  
 de  5Fanado;  dans  toutes  les  affaires de quelque  
 importance,  les  chefs  se  réunissaient  pour  discuter  
 en  commun  les  affaires  publiques.  Après  avoir  subjugué  
 ces  peuples,  les Hollandais les laissèrent suivre  
 paisiblement  leurs  lois  et  leurs coutumes;  seulement  
 ils  assujettirent  la  nomination  des  principaux  chefs  
 ou  kapaia-baiaks  à  la  sanction  du  gouverneur  des  
 5Ioluques qui  peut aussi les destituer;  les  kapala-ba-  
 laks nomment les hokkoums ou  chefs  de  village  avec  
 l’approbation du résident.  Aucun de ces  emplois n ’est  
 héréditaire.  Les  kapala-balaks  eux-mêmes  sont  sous  
 la  discipline  immédiate  du  résident  qui  les  met  en  
 prison chez lui au moindre sujet de mécontentement.  
 Aussi rien n’approche de  la  soumission  que  ces hommes  
 faibles  et  timides  témoignent  pour  tout Hollandais  
 investi de la moindre  parcelle  d ’autorité.  Quand 
 1S28. 
 Juillet.