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prendre de ces amphibies, et que les matelots en retournaient
sur le dos souvent beaucoup plus qu’ils ne pouvaient en emporter;
ils périssaient dans cette position;
Depuis leur arrivée, les Anglais se chargent seuls d’en
donner, d’en vendre ou d’en échanger avec les navires qui en
ont besoin. Pour cela, ils ont agrandi, sur le bord de la mer,
un réservoir naturel, dans lequel l’eau se renouvelle à chaque
marée. Il peut contenir en réserve une centaine de tortues.
Pendant six mois de l’année, ces animaux semblent accourir
de toutes les parties de l’Atlanliquc pour déposer leurs oeufs
sur les petites plages sablonneuses de l’Ascension. C’est la nuit
qu’ils choisissent pour cette pondaison. Des sentinelles cachée.»
préviennent de leur arrivée, et des hommes armés de leviers
les renversent.
Comme ce ne sont que des femelles, on a soin de les laisser
pondre en partie avant de les prendre, afin de ne pas arriver
trop promptement à la destruction de l’espèce. Malgré
cela, nous en avons eu à bord qui contenaient de quatre à cinq
cents oeufs.
On a la précaution d’écarter tout ce qui pourrait les empêcher
d’aborder. A cet effet, on ne reçoit ni on ne rend le salut,
parce que le bruit du canon leur est contraire. On va même
jusqu’à empêcher de fumer sur le rivage, parce qu’on s’est aperçu
que cela les écartait. Enfin, ces animaux trouvent encore sur les
bords de cette île la même solitude qu’avant qu’elle fût habitée.
Ils sont tous de la plus grande taille , pesant de quatre à cinq
cents livres, souvent davantage : on en aurait même vu de huit
cents livres. On en consomme ordinairement huit cents par an.
L’espèce est la tortue franche ou mydas, ou tortue verte ( Tes-
•ludo vindis des naturalistes). C’est un excellent manger pour
les marins. Bien accommodé, il a la plus grande ressemblance
avec du jeune boeuf. On sait que les tortues ne mangent point
à bord, et ne demandent d’autre soin que de leur jeter dessus
un peu d’eau de mer, et surtout de les abriter du soleil,
qui les dessèche êt les tue. Ordinairement on he mange que
les chairs qui meuvent, les membres, quelquefois les oeufs les
plus avancés; de sorte qu’il y a beaucoup de perte, et que la
quantité de viande dont on se sert est réduite à assez peu de
chose, eu égard à la masse totale de l’animal.
J’aurais dû dire, à son lieu , que la température du haut de
la montagne diffère toujours de lo à 1 2 degrés; que dans la
saison des pluies, qui est aussi la plus fraîche, le minimum du
thermomètre de Fareinheit est, sur la plage, à 7 0 degrés, sur
la montagne, à 58. C’est probablement alors qu’on peut recueillir
jusqu’à neuf cents gallons d’eau par jour de toutes les
sources. Le gallon est de quatre bouteilles.
Dans les autres saisons, le minimum de la chaleur est, sur la
plage, de 9 2 degrés, à la montagne, de 8 0 . Par conséquent, il
ne gèle jamais. Jamais non plus on n’a reçu de coups de vent.
Quelqu’un de bien instruit m’a dit qu’il n’y avait point dé
dépenses spéciales pour cette petite colonie, qu’elles étaient
prises sur la masse générale qu’occasionent les plus grandes.
Le capitaine Bate, par son air de douceur et de bonté, sera
ble être né pour conduire un semblable établissement, qui
demande réellement une trempe particulière de caractère ;
car ce rocher re.ssemble à l’exil le plus affreux, et le serait en
effet pour tout autre peuple que les Anglais, qui ne saurait
pas, comme on dit en terme de marine, s’y installer comme
eux. Ce gouverneur et ses officiers agissent sans la moindre cérémonie,
et sont toujours dans le costume le plus simple, parce
qu’il est le plus commode. C’était bien là les gens qui nous
convenaient. Ils nous firent toutes les politesses qui étaient en
leur pouvoir, et leur table nous était ouverte. Nous eûmes ■
le plaisir de leur donner à dîner, et ils parurent bien s’amuser.
On porta diverses santés. Quelques - unes furent appuyées
d’un modeste coup de canon, afin de ne pas effrayer les
tortues. Dans celte circonstance, on se relâcha un peu de la
sévérité du règlement.
Voici la liste des gouverneurs qui se sont succédé depuis
le commencement de l’établissement, qui a été formé par :