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1828.
Mars.
VOYAGE
quelle serait l’issue la plus favorable pour faire sortir
la corvette de Vanikoro. Il a consacré la journée entière
à sonder de nouveau la passe du N. E . , qu’il a
trouvée praticable, et le plus souvent n ’offrant pas
fond à cinquante brasses. Mais avec des vents d’E s t,
il vaudrait encore mieux adopter l’une des deux passes
situées près de la pointe de Nanounha. D ’ailleurs les
naturels s’accordent à soutenir que M. Dillon est
sorti avec son navire par un passage situé droit au
nord de la baie Vlanevai. Ces corvées sont très-fatigantes
, et il faut tout le zèle , le courage el l’excellente
constitution de M. Cressien pour y résister. Cet
officier est animé d’ailleurs par le désir de rendre plus
exacte et plus complète la belle carte de Vanikoro,
qu’il a entreprise sur l’échelle la plus vaste.
Vers midi, la pluie a recommencé à tomber par
torrens et a duré tout le reste du jour, avec des rafales
violentes d uN . O ., variables à l’O. S. O. et au S. O.
Cependant, un détachement de marins a travaillé à
élever la maçonnerie de notre monument.
Les naturels continuent de visiter notre navire,
mais de timides et réservés qu’ils étaient d ’a b o rd , ils
sont devenus peu à peu exigeans, et même presque
aussi insolens que ceux de Tevai. Ces messieurs n’ont-
ils pas déjà parlé de tributs à leur payer pour avoir
l’autorisation de bâtir notre tombeau!... Sans doute
ils sont enhardis par l’extrême douceur qu’on leur a
montrée et les prévenances en tout genre dont ils ont
été l’objet de notre part. Certainement ils auraient
besoin d’une leçon; mais je préfère temporiser, d’une
DE L’ASTROLABE.
part à cause des corvées qu’il faut souvent envoyer à
te r r e , de 1 autre, par l’espoir de quitter incessamment
leur ile. D’ailleurs, pour assurer la conservation de
notre cénotaphe, il est à désirer que nous ménagions
ces barbares jusqu’au dernier moment.
Du re ste , la fièvre fait d’effrayans progrès ; ce soir,
quinze hommes sont déjà frappés, et un avenir sinistre
nous menace, si nous ne pouvons quitter bientôt ces
plages funestes.
La pluie et les vents d’Ouest ont persisté. Néanmoins
les travaux du mausolée ont été poursuivis, et
ce petit monument a été enfin terminé, malgré les
obstacles que nous ont opposés le mauvais temps et la
maladie.
Parti à six heures el demie du malin avec la baleinière,
M. Cressien n ’est rentré qu’à huit heures du
soir. Il a reconnu la passe située à l’L. de File Nanounha.
Bien qu’elle soit étroite et offre quelques dangers
sur sa ro u te , elle est plus sûre que celle du N. E. ;
et avec les vents d’Est on peut la tenter avec espoir
de succès. Enfin, en cas de m a lheur, la petite île Nanounha
offrirait un asile à Féquipage, on pourrait s’y
retrancher et s’y défendre contre les attaques des
sauvages. Cependant, en pareille circonstance, je ne
puis me dissimuler que nous aurions peu de chances
pour nous sauver, et l ’expédition serait grandement
menacée d’une ruine complète.
Vers trois heures du malin, M. Lottin est descendu
sur le l'écif avec les charpentiers, pour mettre en
place les dernières pièces du mausolée. C’est le cha-
1828.
Mars.
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i4.