NOTES.
<le Tong a-Tabou, mais beaucoup moins élégantes. Nous arrivons
par un joli sentier à un lagon d’eau saumâtre, nommé
Déroto , sur lequel nagent des canards. M. Guilbert, qui leur
fait la chasse en pirogue, en a tué cinq en fort peu d’instans.
Cette île , dont la végétation est fort b e lle , est élevée , montueuse
et volcanique. Elle n’a point de port: sa circonférence
n’est guère que de sept à huit milles.
Elle est peuplée d’environ cinq cents hommes de la belle
race ja u n e du Grand-Océan, c’est-à-dire des mêmes individus
qu’on trouve à la Nouvelle-Zélande, à T ong a -T ab ou ,
aux îles Sandwich , etc. La bonté, la gaîlé , la confiance des
Tikopiens nous rappelaient les bons insulaires des îles Carolines.
Comme ces derniers, ils se tatouent la poitrine et le dos,
et comme eux encore ils portent les cheveux longs et flottans
sur les épaules. Quelques-uns d’entre eux , imitant les hommes
de la race noire, mettent des anneaux d’écaille de tortue à
leurs oreilles et dans la cloison du nez. Ils sont grands , forts
et bien constitués ; leurs membres musculeux prouvent bien
que la nourriture animale n’est pas indispensable pour le développement
des forces physiques. En effet, le régime des Tikopiens
est presque entièrement v ég éta l, car ils ont détruit les
cochons et les poules qui ravageaient leurs plantations. Les
femmes sont, en g én é ra l, assez jolies; elles portent leurs enfans
dans une natte derrière le dos.
J ’ai vu quelques exemples de lèpre.
La population est répandue dans quatre v illages, qui sont:
La v en -h a , N am o , Outa et Faéa. * ^
Les quatre principaux chefs , dont l ’autorité est presque
égale , sont cependant placés dans l ’ordre suivant :
1°. Kaféka, chef de Laven-ha; il a sept enfans de deux
femmes.
2“. Tafoua, chef de Namo, a huit enfans d’une seule femme.
3°. Fan-baréré a quatre enfans d’une seule femme.
4°. Taoumako a cinq enfans d’une seule femme.
Le premier chef demeure à Mapsanga, village de Laven-ba.
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Le second chef demeure à A rn lé ra , village de Faéa. Le troisième,
à Lan-ha-téatou, village de Namo. Le quatrième, à
Rarou-niou, près de Mapsanga.
Le premier chef, K a fék a , a fait à Vanikoro , il y a plus de
quinze ans, un séjour de quinze mois. Les Vanikoriens ne
voulurent point le ramener à Tikopia; il fut obligé d’attendre
que les siens vinssent le chercher. I l m’a parlé de deux navires
naufragés; mais il ignorait à quelle nation ils avalent appartenu.
Kaféka rapporta à Tikopia des morceaux de fe r , dont
d fit dwers outils. Il n’a vu aucun Français pendant son séjour
à Vanikoro. Cette dernière observation, faite par un homme
tout-à-fait désintéressé, me paraît extrêmement importante.
Le lascar Joe, qui est à Tikopia depuis treize ans, a visité
Vanikoro deux ans avant le Prussien. I ly a vu beaucoup de pièces
d or et d’argent, qu’il nommait ja u n e s et gourdes
blanches. Il a reçu plusieurs blessures pendant son séjour à
Vanikoro.
Il n’y a pas de petits chefs à Tikopia.
Le grand-prêtre, nommé Taoura-doua , est le ministre du
premier chef. Il a trois autres prêtres sous ses ordres ; ces
derniers font les mêmes gestes que le grand-prêtre dans les cérémonies
religieuses , mais ils ne peuvent pas parler.
Chaque chef a son dieu; un poisson , dont je n’ai pu connaître
le nom, est le dieu de Kaféka. La murène est le dieu
de Taoumako ; c’e s t , d’après les Tikopiens, le dieu de la mer ,
qu’ils nomment A to u a dé taï. Le dieu du c i e l , nommé .seulel
méat A to u a , est le dieu de Fan-baréré. La roussette (ebauve-
souris) est le dieu de T a foua : on la nomme aussi A to u a
tapou.
Tikopia renferme une maison consacrée aux e.sprits. Les
chefs offrent des fruits aux esprits avec des cérémonies particulières
; ils rapportent emsuite ces fruits dans leurs maisons.
Ayant de manger, les Tikopiens jellent par terre une petite
portion de leurs alimens , qu’ils offrent aux Dieux.
A la mort d’un de leurs parehs , ils se déchirent quelquefois
. — iL