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ce sont des ruisseaux ou des torrens que les pluies doivent
entretenir, surtout pondant une saison. Les seules productions
importantes sont le ta ro , qui est fade et de mauvaise qualité,
l’arbre à pain, diverses variétés de bananes, le cocotier et
l ’inocarpus, dont le fruit réniforme a le goût de la châtaigne.
I l existe aussi plusieurs autres fruits, mais rares, comme la
mangue, un eugenia, etc. Voilà la nourriture des habitans à
laquelle il faut ajouter le poisson qui est abondant, et qu’ils
ne savent prendre qu’à coups de flèche. Les cochons, d’une
petite espèce noire, y sont rares; il en est de même des volailles.
Les seuls mammifères sauvages paraissent être tes rats et tes
roussettes. Nousnousy procurâmes trois espèces de colombes ,
la muscadivore, celle à calotte purpurine et une autre indéterminée
; de petits crabiers, le grimpereau rouge et noir, commun
aux Mariannes; deux merles et quelques moucherollcs,
parmi lesquelles se trouvait celui à queue à éventail. Les insectes
y sont rares.
L a mer nous fournissait as.sez abondamment des huîtres et
beaucoup de poisson, lorsqu’on trouvait des lieux propres à
jeter la seine ; car autrement on ne pouvait s’en procurer que
par les naturels. Les récifs me donnèrent assez de choses remarquables
pour composer plus de trente planches. C ’est là
que je trouvai la houlette, coquille rare et recherchée dans les
collections. E lle habite dans les polypiers où elle se creuse un
trou. Une circonstance indépendante de ma volonté m’empêcha
de la rendre aussi commune en Europe qu’elle y est rare.
Nous avons déjà dit que les habitans de Vanikoro appartenaient
à la race noire du Grand-Océan. On peut les considérer
comme une variété de cette race , en ce qu’ils sont plus noirs et
que leur conformation se rapproche davantage de celle des
nègres proprement dits. Ils sont en général petits, assez grêles.
Ce qu’ils ont surtout de remarquable, c ’est une apparence de
rétrécissement latéral du fro n t, produit par la saillie du coro-
nal très-bombé en devant et par la forte arête que décrit la
ligue courbe temporale Leurs cheveux n’avancent point sur
le front, et les soins qu’ils prennent de les relever et de les
rejeter en arrière fout que toutes ces parties sont bien visibles.
Lcg pommettes assez saillantes donnent plus de développement
latéral à la face que n’en a le crâne. Un autre caractère non
moins remarquable encore, est le peu de saillie des os du n e z ,
cc qui fait paraître cet organe comme écrasé à sa racine. Singulière
ressemblance avec celui de l’ourang-outang ! Par cela
les bosses orbitaires, déjà très-bombées, le paraissent davantage.
Le nez lui-même est épaté. Ils en augmentent encore
l’élargissement par d’assez longs bâtons qu’ils se passent en
travers dans la cloison. Quelques-uns s’en percent les ailes
du nez et y suspendent d’assez lourds anneaux d’écaille de
tortue. Le maxillaire inférieur n’a rien de remarquable. La
forme du front fait que l’angle facial n’est pas trop aigu.
L ’oreille n’aurait non plus rien d’extraordinaire, s’ils n’ eu
perforaient et n’en dilataient le lobe de manière à y passer le
poin g; et lorsqu’un accident rupture cet anneau, ils en recommencent
un autre dans la lanière la plus considérable. Ce qui
est particulier, c ’est que ces parties qui sembleraient devoir
s amincir en raison de leur extension , prennent très-souvent
au contraire, par les attoucbemens et les tiraillemens , une
augmentation de volume qui pourrait représenter huit ou dix
fois celui du lobe. L ’oeil est assez grand, ovalaire et enfoncé.
Le globe est saillant, bombé, et ressemble, pour la forme et
la couleur, à celui des nègres. Les lèvres sont grosses; le
menton petit. Les extrémités inférieures, grêles dans les uns,
sont assez bien nourries chez d’autres. Le mollet est placé
un peu haut, et le calcanénm, chez beaucoup d’individus,
fait une saillie assez remarquable; ce queje ne voyais pas dans
la race polynésienne comparée homme à homme. Autre rap-
I Ce rétrécissement existe b ien , mais pas autant qu’il le paraît au premier
cou p -d 'oe il, ainsi que je m’en suis assuré par des mesures exactes prises par
M . Lesson avec un compas courbe sur une quinzaine d’individus.