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 Septembre,  nattes, de rotangs et  de  racines à très-bon compte.  A  
 quatre heures du soir,  la brise  ayant passé au  S. O.,  
 je me suis décidé à mouiller à Agner ; mais le  courant  
 m’a entraîné  dans  le  nord,  et j’ai été contraint de laisser  
 tomber  l’ancre  de  bâbord,  par  dix-huit  brasses,  
 fond  de  sable et coquilles, à trois encâblures à l’ouest  
 du  gros rocher Cap. 
 Quand on navigue le long  des côtes  de Java, il  faut  
 que  les  vigies des bossoirs  veillent attentivement aux  
 navires  mouillés  quand  on  est sous voiles,  et  à  ceux  
 qui sont sous  voiles  quand on est soi-même à l’ancre.  
 Car ces parages  sont  à  chaque  instant  sillonnés  par  
 des bâtimens de toutes les nations, et sans une grande  
 vigilance  on  serait  exposé  à  de  fréquens abordages.  
 C’était un genre  de  danger auquel nous n ’étions  plus  
 habitués depuis  que  nous  avions  quitté  le  détroit  de  
 Gibraltar,  c’est-à-dire depuis  plus  de vingt-huit mois.  
 Les  parages  de  la Nouvelle-Zélande,  des  îles Viti,  de  
 la Nouvelle-Bretagne  et  de  la  Nouvelle-Guinée,  seront  
 encore  long-temps  à l’abri de cet inconvénient. 
 5.  Le  calme m’a  enfin permis de poursuivre ma route 
 dans  la matinée  comme j’en  avais  le  dessein.  A neuf  
 heures et  demie  du matin, M. Moser, maître  du  port  
 [hav en-mas te r)  d’Agner,  est  arrivé  à  bord.  Il  m’a  
 affirmé  que  les  vivres  étaient  à  très-bon  marché  à  
 Agner,  et  que  je pourrais même  y faire  de  l’eau  si je  
 le  désirais ;  la  Chrevretle  s’y  était  arrêtée,  tant  en  
 allant  à  Batavia  qu’en  revenant,  et  s’y  était  procuré  
 divers rafraîchissemens. Ces  raisons  m’ont  décidé  à 
 passer vingt-quatre heures en cet endroit, pour y rem-  1828. 
 placer l’eau consommée depuis Manado, et nous pro-  Septembre, 
 curer quelques vivres frais  pour  nos malades. 
 A une heure et  demie après midi,  à la faveur d’une  
 petite brise de S. O ., j ’ai appareillé, et en deux bords  
 je me  suis  rendu  au véritable mouillage d’Agner,  savoir  
 à  un  demi-mille  au  N.  N. O.  du  pavillon,  par  
 douze  brasses,  fond  de  vase  très-molle.  Du mouillage, 
   le village  d’Agner,  entouré d’un  beau massif de  
 cocotiers  et  dominé par  des  coteaux fertiles  et  d’une  
 hauteur modérée,  offre le coup-d’oeil le plus agréable  Pl.  ccxxi.  
 et  le  plus  pittoresque. 
 Après  mon  dîner,  suivi  de  presque  tous  les  officiers  
 du  bord,  je  descendis  à  terre,  et je  visitai  successivement  
 le village, le fort,  la  rivière, et les canaux  
 de  l’aqueduc  qui  alimente  la  citerne  où  l’on  puise  
 l ’eau  des  navires.  Sur  les  bords  de  cet  aqueduc,  on  
 me  montra  une  petite  pyramide  blanche  élevée  à  la  
 mémoire de l’amiral Cathcart, mort à Agner en  1788. 
 L’air était embrasé et  l’atmosphère étouffante,  ce  qui  
 diminuait  beaucoup  le  plaisir  que  la  promenade  aurait  
 pu me procurer sur  cette agréable  plage. 
 A huit heures et demie, je pris  congé de M. Moser,  
 et  je  me  retirai  sur  VAstrolabe.  Ce  Moser  est  un  
 homme sans éducation,  simple employé de la colonie,  
 exclusivement  livré  aux  spéculations  commerciales ;  
 son  poste  lui  rapporte  trois  cent  cinquante  roupies  
 par mois,  sans parler des profits éventuels  11 a avec 
 Voyez  note  9.