1S28. té s , et qui nous ont vendu quantité de poules, de
Septembre, nattes, de rotangs et de racines à très-bon compte. A
quatre heures du soir, la brise ayant passé au S. O.,
je me suis décidé à mouiller à Agner ; mais le courant
m’a entraîné dans le nord, et j’ai été contraint de laisser
tomber l’ancre de bâbord, par dix-huit brasses,
fond de sable et coquilles, à trois encâblures à l’ouest
du gros rocher Cap.
Quand on navigue le long des côtes de Java, il faut
que les vigies des bossoirs veillent attentivement aux
navires mouillés quand on est sous voiles, et à ceux
qui sont sous voiles quand on est soi-même à l’ancre.
Car ces parages sont à chaque instant sillonnés par
des bâtimens de toutes les nations, et sans une grande
vigilance on serait exposé à de fréquens abordages.
C’était un genre de danger auquel nous n ’étions plus
habitués depuis que nous avions quitté le détroit de
Gibraltar, c’est-à-dire depuis plus de vingt-huit mois.
Les parages de la Nouvelle-Zélande, des îles Viti, de
la Nouvelle-Bretagne et de la Nouvelle-Guinée, seront
encore long-temps à l’abri de cet inconvénient.
5. Le calme m’a enfin permis de poursuivre ma route
dans la matinée comme j’en avais le dessein. A neuf
heures et demie du matin, M. Moser, maître du port
[hav en-mas te r) d’Agner, est arrivé à bord. Il m’a
affirmé que les vivres étaient à très-bon marché à
Agner, et que je pourrais même y faire de l’eau si je
le désirais ; la Chrevretle s’y était arrêtée, tant en
allant à Batavia qu’en revenant, et s’y était procuré
divers rafraîchissemens. Ces raisons m’ont décidé à
passer vingt-quatre heures en cet endroit, pour y rem- 1828.
placer l’eau consommée depuis Manado, et nous pro- Septembre,
curer quelques vivres frais pour nos malades.
A une heure et demie après midi, à la faveur d’une
petite brise de S. O ., j ’ai appareillé, et en deux bords
je me suis rendu au véritable mouillage d’Agner, savoir
à un demi-mille au N. N. O. du pavillon, par
douze brasses, fond de vase très-molle. Du mouillage,
le village d’Agner, entouré d’un beau massif de
cocotiers et dominé par des coteaux fertiles et d’une
hauteur modérée, offre le coup-d’oeil le plus agréable Pl. ccxxi.
et le plus pittoresque.
Après mon dîner, suivi de presque tous les officiers
du bord, je descendis à terre, et je visitai successivement
le village, le fort, la rivière, et les canaux
de l’aqueduc qui alimente la citerne où l’on puise
l ’eau des navires. Sur les bords de cet aqueduc, on
me montra une petite pyramide blanche élevée à la
mémoire de l’amiral Cathcart, mort à Agner en 1788.
L’air était embrasé et l’atmosphère étouffante, ce qui
diminuait beaucoup le plaisir que la promenade aurait
pu me procurer sur cette agréable plage.
A huit heures et demie, je pris congé de M. Moser,
et je me retirai sur VAstrolabe. Ce Moser est un
homme sans éducation, simple employé de la colonie,
exclusivement livré aux spéculations commerciales ;
son poste lui rapporte trois cent cinquante roupies
par mois, sans parler des profits éventuels 11 a avec
Voyez note 9.