le lendemain de la même manière. Cette cérémonie doit durer
huit jours, me dit-on.
Le jeudi 28 février, je fais quelques courses aux environs de
Nama , que les naturels nomment Fénoua léleï, Fénoua laoui:
la bonne terre. C’est une consolante idée que celle-là ; chaque
peuple pense que sa terre est la meilleure ; chaque homme a
pour son pays cette affection qui est bien propre à le rendre
heureux.
Les naturels persistent à dire qu’ils n’ont pas de têtes de
papalan-hi ; que les papalan-hi sont morts à la m e r , maté maté
té mouna.
Après mon déjeuner, qui consiste en une tasse de café à
l’eau, que me prépare Hambilton, je vais à la petite rivière de
V a g a n é , qui fournit de l’eau à Nama. Je vois quelques plantations
de bananiers , de taros, et je me repose à l ’ombre des
sagoutiers et des harringtonia.
Je m’arrête et je recueille quelques notes au chantier où travaillent
les charpentiers. Les uns équarrissent des planches,
les autres creusent des pirogues. Leur travail n’est pas de longue
durée ; ou les voit se reposer presque à chaque instant. Le
chantier renferme six pirogues.
A côté de la maison des esprits est une petite cabane, dans
laquelle un chef de Nama, nommé Boun-hi, a été enterré. Sa
tête est suspendue dans un panier. A peine suis-je sorti de cette
case, qu’un des naturels va voir si rien n’a été pris ou dérangé.
Je vais faire une visite au chef Tan-balaou à qui je porte un
cadeau. On me dit qu’il est absent, qu’il est allé chercher des
me'ï (fruits à pa in) pour l ’aligui Kaima. C’est toujours ainsi
qu’on me nomme.
Presque tous les naturels qui me suivent sont constamment
armés d^arcs et de flèches. 11 paraît que les habitans d’un v illage
sont toujours en méfiance de ceux des villages voisins.
Je demande quelques cocos; on m’en donne trois pour un
hameçon. Après que Hambilton et moi nousles avons mangés^
les moindres débris sont jetés à la mer , parce que, disent les
Vanikoriens, les cocos sont tabous.
Le chef Tan-balaou m’apporte quatre bananes; il refuse
d’abord un hameçon que je lui fais donner par Hambilton, en
disant que ce qu’il m’a offert est un présent et non point un
échange.
Védévéré me montre des cicatrices provenant de blessures
faites par les flèches des habitans de Manévai. 11 est bien constant
que ces blessures ne sont pas toutes mortelles, comme les
insulaires le -disent en affirmant que toutes leurs flèches sont
empoisonnées. I l est vrai qu’ils ajoutent que, pour en guérir, il
faut mâcher les feuilles d’une plante grimpante , nommée
méré, les réduire en petites parties et les souffler sur les blessures.
C ’estce qui a été fait pour Védévéré.
Je me couche à n euf heures du soir. La nuit est assez bonne,
malgré les douleurs de reins que j’ éprouve.
L e vendredi 29 fé v rie r, je me lève au jour. Je vais prendre
un bain dans la rivière Vagané. Revenu au v illa g e , je vois
les enfans jouer au cerceau et à la corde ; une branche de bois
très-flexible leur sert de corde.
A mon déjeuner, le vieux Naro et Védévéré m’apportent
des ihié-, Tan-balaou va me chercher des bananes ; Pouamiéné
me donne du poisson cuit. Ils me traitent toujours comme
chef; ainsi, lorsqu’à leur repas, les chefs donnent deux bananes
à chaque naturel et à Hambilton, ils ont l ’attention de
m’en offrir à moi un nombre double et même triple.
Je propose de faire une visite à mon ami V a lié , à Vanou.
Un assez bon nombre de guerriers m’accompagne. Ils sont
tous armés; ils disposent leurs flèches en éventail , en ayant
soin de m’indiquer qu’alors ils peuvent les tirer avec beaucoup
plus de rapidité. Ils témoignent une grande considération
pour mon fusil. Cette arme suffit à leurs yeux pour leur
assurer la victoire en cas de combat. Nous allons faire une
visite amicale; et cependant ils ont l’air de croire que la guerre
serait possible. Ils disent que les babitans de Vanou sont mé