V O Y A G E DE L ’A S T R O LA B E . 431
182S.
Juillet.
îllÜiû
i l
II
sur cet espace il existât encore quelque fumerolle.
Toute cette partie de la côte a été bouleversée par
l ’action des volcans, et leurs efforts frappent d’autant
plus les regards du voyageur, que tout le reste du
sol de Célèbes jusqu’à Manado est revêtu de forêts
immenses. C’est une contrée qui mérite d’être explorée
par un naturaliste, particulièrement sous le
rapport géologique. Pour cela, il devra se diriger sur
Kema, où il se procurera facilement les moyens de
se transporter par eau dans le canal de Limbe jusqu’au
pied du volcan, et à deux ou trois milles au
plus de son sommet.
Quant a nous, a six heures du soir, nous nous
trouvions précisément à trois milles au nord de l’ile
Limbe, et à huit milles dans l’E. N. E. du cap Coffin.
Le temps était si beau, la brise si favorable et la lune si
brillante, que j’avais grande envie de donner dans le
canal de Banka durant la nuit. Mais cette navigation
eût été complètement perdue pour la géographie ; je ne
connaissais nullement ce passage, et les cartes que je
possédais étaient trop inexactes pour leur accorder une
grande confiance. Tout bien considéré, je me décidai
à passer la nuit aux petits bords dans cette position.
Dès cinq heures, nous laissâmes porter sur le cap
Coffin, et, à neuf beures, nous le rangions h un demi-
mille de distance au plus. C’est un morne écarri,
boisé et médiocrement élevé. Puis nous cinglâmes le
long du détroit de Banka, bordé dans le sud par la
côte de Célèbes, et au nord par les îles Banka, Ganga,
Salice et Kabroukan.
Vers midi, nous passions devant le petit village de
Likoupang, où nous vîmes flotter le pavillon hollandais;
quelques individus s’embarquèrent dans une
pirogue comme pour venir nous reconnaître ; mais
voyant queje ne jugeais pas à propos de les attendre,
ils retournèrent bientôt à terre.
Toutes les îles du détroit de Banka sont boisées et
paraissent inhabitées. Les pitons majestueux du Klobat
et des Deux-Soeurs dominent toute celte partie
de Célèbes, qui est en général agréablement diversifiée,
et composée de vallons et de montagnes peu
élevées*. Dans le détroit, la mer est aussi calme que
dans un bassin.
En passant à un mille au sud de Ganga, sur la
pointe d’un banc, la sonde nous donna successivement
15, 9, 10, 10 et 14 brasses, fond de gravier,
puis un instant après elle ne trouva pas le fond à
seize brasses. A deux heures, nous doublions à deux
ou trois cents brasses de distance le cap nord de
Célèbes, et les îles Nain, Mantrau, Siandian et Bou-
nakin se découvraient à nos yeux, ainsi que le cône
de Toua-Manado.
Poussés par une jolie brise d’E. et de N. E ., nous
prolongeâmes à une demi-lieue au large l’agréable côte
de Célèbes, el, à quatre heures, nous approchions déjà
de la pointe nord de la baie de Manado, quand des
courans très-rapides, accompagnés de remoux et de
tourbillons, vinrent arrêter notre aire. Pour comble
d ’infortune, à six heures, la brise cessa, ce qui nous
livra à la merci du courant. A sept heures, une faible
1828.
Juillet.