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 182S. 
 Juillet. 
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 II 
 sur  cet  espace  il  existât  encore  quelque  fumerolle.  
 Toute  cette  partie  de  la  côte  a  été  bouleversée  par  
 l ’action des volcans, et leurs efforts  frappent  d’autant  
 plus  les  regards  du  voyageur,  que  tout  le  reste  du  
 sol de  Célèbes  jusqu’à  Manado  est  revêtu  de  forêts  
 immenses.  C’est  une  contrée  qui  mérite  d’être  explorée  
 par  un  naturaliste,  particulièrement  sous  le  
 rapport géologique.  Pour cela,  il devra se diriger sur  
 Kema,  où  il  se  procurera  facilement  les  moyens  de  
 se  transporter  par  eau  dans  le  canal  de Limbe  jusqu’au  
 pied  du  volcan,  et  à  deux  ou  trois  milles  au  
 plus  de  son  sommet. 
 Quant  a  nous,  a  six  heures  du  soir,  nous  nous  
 trouvions  précisément  à  trois  milles  au  nord de l’ile  
 Limbe,  et à huit milles dans l’E. N. E. du cap Coffin.  
 Le temps était si beau, la brise si favorable et la lune si  
 brillante,  que j’avais  grande  envie de donner dans  le  
 canal  de Banka  durant  la nuit.  Mais  cette navigation  
 eût été complètement perdue pour la géographie ; je ne  
 connaissais  nullement ce passage,  et les cartes  que je  
 possédais étaient trop inexactes pour leur accorder une  
 grande  confiance.  Tout bien  considéré,  je me décidai  
 à passer la nuit aux petits bords dans cette position. 
 Dès  cinq  heures,  nous  laissâmes  porter sur le cap  
 Coffin,  et, à neuf beures,  nous le rangions  h  un demi-  
 mille  de  distance  au  plus.  C’est  un  morne  écarri,  
 boisé  et médiocrement  élevé.  Puis nous  cinglâmes le  
 long  du  détroit  de  Banka,  bordé  dans  le  sud  par la  
 côte de Célèbes,  et au nord par les îles Banka, Ganga,  
 Salice  et  Kabroukan. 
 Vers midi,  nous passions  devant  le petit village  de  
 Likoupang,  où  nous vîmes  flotter le pavillon hollandais; 
   quelques  individus  s’embarquèrent  dans  une  
 pirogue  comme  pour  venir  nous  reconnaître ;  mais  
 voyant queje ne jugeais  pas  à propos de les attendre,  
 ils  retournèrent  bientôt  à  terre. 
 Toutes  les îles  du détroit  de Banka  sont  boisées  et  
 paraissent  inhabitées. Les  pitons majestueux du Klobat  
 et  des  Deux-Soeurs  dominent  toute  celte  partie  
 de  Célèbes,  qui  est  en  général  agréablement  diversifiée, 
   et  composée  de  vallons  et  de  montagnes  peu  
 élevées*.  Dans  le  détroit,  la  mer est  aussi  calme  que  
 dans  un  bassin. 
 En  passant  à  un  mille  au  sud  de  Ganga,  sur  la  
 pointe  d’un  banc,  la  sonde  nous  donna  successivement  
 15,  9,  10,  10  et  14  brasses,  fond  de  gravier,  
 puis  un  instant  après  elle  ne  trouva  pas  le  fond  à  
 seize brasses.  A deux  heures,  nous doublions à  deux  
 ou  trois  cents  brasses  de  distance  le  cap  nord  de  
 Célèbes,  et  les  îles  Nain,  Mantrau, Siandian et Bou-  
 nakin  se  découvraient  à  nos  yeux,  ainsi que le cône  
 de Toua-Manado. 
 Poussés par  une jolie  brise  d’E.  et de N.  E .,  nous  
 prolongeâmes à une demi-lieue au large l’agréable côte  
 de Célèbes, el, à quatre heures, nous approchions déjà  
 de  la  pointe  nord  de  la  baie  de  Manado,  quand  des  
 courans  très-rapides,  accompagnés  de  remoux  et  de  
 tourbillons,  vinrent arrêter  notre  aire.  Pour  comble  
 d ’infortune,  à  six  heures,  la brise  cessa,  ce qui nous  
 livra à la merci  du courant.  A sept heures, une faible 
 1828. 
 Juillet.