
 
        
         
		r 
 ' i 
 ■!  t 
 ' I 
 qui n’était presque rien lorsque nous  laissâmes l’Ile-de-France,  
 le  i8 novembre.  Deux jours après nous étions mouillés à Bourbon. 
   M. Gaimard ne souffrait plus  de ses  coliques, mais le mal  
 de  la  bouche  augmentait;  les  gencives,  et  surtout la  langue,  
 étaient  fortement  enflammées.  Il  descendit,  et  alla  demeurer  
 chez  son  ancien  collègue  et  ami  M.  Chabrier.  Il  souffrait  
 cruellement,  et  ne  pouvait  s’exprimer  que  par  écrit  ou  par  
 signes.  Le  commandant  d’Urville  retarda  son  départ.  Après  
 six jours, M. Gaimard,  souffrant toujours beaucoup,  et retenu  
 par  les  instances  de  M.  et  de  madame Chabrier,  se  décida à  
 rester.  Je  fus  très-sensible  à  cette  séparation  assez  brusque.  
 J’aurais entraîné à bord mon ami,  s’il  n’avait pas été certain  de  
 retourner  aussitôt  que  nous  par  la Bayonnaise,  qui  n’avait  
 point de chirurgien-major, et que  nous ne précédions à Bourbon  
 que  de  quinze  jours.  En  effet,  il  souffrait,  il  est  vrai,  
 mais  son mal  n’était  que  local,  et  j’étais  assuré que huit jours  
 après  notre  départ  il  serait  guéri.  Les  médecins ne  devaient  
 pas  lui manquer;  car,  à  mon  départ,  il  en  avait déjà quatre  
 auprès  de  lui. 
 Je  ne  dirai  rien  de  Bourbon : en sortant  de l’Ile-de-France,  
 c’est  tomber  d’une  ville  brillante  dans  le  fond  d’une  campagne. 
 Il  y  a  peut-être moins  de  commérage,  pour  l’exercice  de  la  
 médecine,  à Maurice  qu’à  Bourbon,  quoique  sous  un  autre  
 rapport cc premier lieu ne le cède en  rien au dernier;  car, lorsque  
 nous y étions,  le  médecin  le  plus  en  vogue  était un charcutier  
 nommé Garcin,  qui  possédait,  dit-on,  un  remède souverain  
 contre  la  dyssenterie.  Ce  qu’il y  a  de  certain,  c’est que  
 notre cochonicide collègue fait très-bien  les saucisses.  La médecine  
 de Leroy y a encore  de nombreux partisans.  Les hommes  
 sont  les  mêmes  partout  et dans  tous les  temps.  Ce  qui prouve  
 qu’on  peut  être  assez  éclairé  sous  certains  rapports,  et  être  
 dans  l’ignorance  la  plus  complète  relativement  à  d’autres.  Il  
 faut  toutefois  convenir  qu’en France,  les  réglemens  relatifs  à  
 l’art  de  guérir  et  d’administrer  les  remèdes  sont  beaucoup 
 mieux  entendus qu’en  Angleterre,  où  la médecine a  toujours  
 été  et est  encore empirique. 
 Ce  misérable  port de Saint-Denis,  je  veux dire débarcadère,  
 paraît  dépourvu  de  tout;  le  capitaine  du  port vint dans une  
 embarcation  toute  démantibulée,  et j’ai éprouvé que,  lorsque  
 je  voulus  me  rembarquer  par  l’échelle  de  corde  qui  m’avait  
 servi  à  descendre,  on  me dit que,  n’appartenant  pas  au gouvernement, 
   le  propriétaire  venait  de  l’enlever.  Je  fus  alors  
 obligé  de sauter  dans  le  canot. 
 PA G E   5 4 0 . 
 Et rétablirent des courans de la même partie. 
 Dans  cette  traversée,  je  reconnus  que  ce  qui  rendait  quelquefois  
 la  mer  d’un  rouge  brun  était un  genre  de  zoopbyte,  
 que nons  avons  nommé  fretillaire,  long  d’une ligne  ou  deux,  
 anpilliforme,  et  dont la  tête,  grosse  comme une tête de petite  
 épingle,  était’de cette  couleur.  Ainsi,  on  doit juger  combien  
 ils  doivent  être  pressés  peur  refléter  cette  couleur  par  larges  
 plaques  uniformes.  Jadis  sur  l’Uranie  et  non  loin  des mêmes  
 parages,  nous  vîmes  que  cette  couleur  était  duc  à  de  très-  
 petits  biphores.  Ce  sont  de  semblables  phénomènes  qui  ont  
 donné Heu  à  la dénomination  de mer couleur de sang. 
 PA G E   558. 
 Celle  de la ville  du Cap  sera  donc  de  16® V  1 1 ’’ E. 
 Dans dix jours  de relâche  au Cap, je recueillis assez d’objets  
 d histoire  naturelle  de  toute  espèce pour  composer  une vingtaine  
 de  planches. J’y pris sur le  rivage une  tête entière de baleine. 
   Les  pêcheurs  prennent  de  ces  cétacés  aux  environs  et  
 dans  la rade même, pendant une saison  de  l’année ; puis ils le.s  
 portent a  terre,  ou  sont  des  chaudières  propres  à en  extraire  
 riuiilo. 
 [ri