mois, que leur donnèrent les matelots. Ces tentatives hasardeuses
prouvent du reste la manière dont la plupart des archipels
et des îles isolées du Grand-Océan se sont peuplées ; et la
contiguïté de deux races différentes dans le même groupe d’îles.
Un fait qui s’est passé , il y a quelques années , rend compte
de la manière dont Tikopia a pu être peuplée de Polynésiens,
tandis que toutes les îles d’alentour ont des noirs pour habitans.
Parmi les Tikopiens qui vécurent avec nous, en était un
âgé de quarante ans, qui nous dit qu’il était des îles des Am is,
distantes d’au moins deux cents lieues. Etant fort jeu n e , il
était sorti de Vavao ( je crois) dans une assez grande p iro gu e ,
avec huit des siens. De forts vents et les courans les jetèrent au
large. Bientôt ils ne purent ni se diriger ni retrouver leur
route. Abandonnés ainsi à la merci des flots, ils eurent à souffrir
une horrible abstinence jusqu’à ce qu’ils furent jetés sur
Tikopia. Autant qu’un enfant de sept à huit ans peut se souven
ir , il dit qu’aucun d’eux ne mourut. Le jeune Espagnol que
nous prîmes aux V iti nous raconta que pendant son séjour il
y vint de cette manière une pirogue de Rotouma. Les relations
des voyages citent plusieurs autres faits semblables qui devraient
faire cesser toute discussion relative à la manière dont les îles
qui nous occupent ont été peuplées, ou du moins qui devraient
faire que l ’on s’entendît mieux dans une circonstance où tout
ce qui est secondaire paraît si simple. 11 n’en est pas tout-à-
fait de même lorsqu’on veut remonter à l ’origine des deux ra ces;
chose dont nous ne nous occuperons point.
{E x tra it du Journal de M . Quoy. )
PA G E 2 3 6 .
Si j ’eusse voulu la conduire par le détroit de Torrès.
M. d’Urville, dont l ’intention avait été de gagner de nouveau
le port Jackson,. afin de revenir avec des vivres au détroit
de Torrès dans la saison convenable, fut obligé de modifier
Üiî'î
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N O T E S . 363
son plan et de gagner le plus rapidement possible une relâche
où l’équipage pût se reposer, et recouvrer la santé qu’il avait
si rapidement perdue par de grands travaux et surtout par le
séjour à Vanikoro. Bientôt commandant, officiers , médecins ,
matelots, nous fûmes tous atteints de maladie. Ces fièvres
intermittentes débutaient quelquefois avec des symptômes graves
ou pernicieux. Les anxiétés étaient augmentées par l’extrême
ch a leu r , et dans l’accès le corps était souvent couvert de
larges plaques pemphigoides. Le sulfate de quinine arrêta
d’abord les accès; mais ils revinrent, plus adoucis il est v r a i, et
sans signes alarmans. La chaleur et l ’humidité produite par
des fortes pluies durent y contribuer beaucoup. Dans les
rechutes, le quinquina n’eut presque plus d’action contre le
mal. En général, il ne porta point son action sur l’estomac. Le
quinquina seul détermina chez tous les malades une voracité
qui leur fut très-nuisible. Sur quatre-vingt-deux personnes
dont se composait l’équipage, je ne crois pas qu’il y en eût dix
d’exemptes de fièvre.
{E x tr a it du Journal de M . Quoy.)
P A G E 2 4 7 .
J’aurais consacré une quinzaine de jours à étudier les
moeurs de cette peuplade et les productions de son territoire.
Le capitaine américain B. Morrell, ayant visité à diverses
reprises le groupe de Hogoleu, y mouilla et y séjourna
trois jour s, à la fin du mois d’août 1830. Nous avons
pensé que le lecteur serait satisfait de trouver ici ce que
M. Morrell a écrit touchant ces îles. Bien que ce document
renferme, à notre avis , plus d’une exagération, il
donnera du moins une idée plus ou moins exacte du