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rant l’entraînait sensiblement dans l’ouest. Nous avons
été entourés de naturels jusqu’au soleil couchant. Ces
hommes naturellement do u x , joyeux et familiers,
m’ont paru appartenir à la même race que les babitans
de Tonga et Rotouma ; ils parlent à peu près la même
langue, et ont des habitudes semblables. Ils sont en
général g ran d s, bien faits, tatoués sur la poitrine et
Pl. C L x x v i i, le visage, el portent des cheveux longs et plats aux-
C L x x x i x quels l’usage de la chaux donne une teinte blafarde.
et C L X X X V .
■ Aucun d’eux n ’avait apporté d’armes. Ce qui m’a paru
le plus remarquable, c’est que l’usage de l’arek est
arrivé jusqu’à eux; comme les Malais, ils le mâchent-
avec la feuille du p ip e r et un peu de ch a u x , ce qui
leur gâte horriblement les dents. Tikopia serait donc,
vers l’orient, la limite jusqu’aujourd’hui connue de
cet usage bizarre.
Les babitans de ce petit coin de terre ont une connaissance
très-exacte des diverses îles qui les envî-
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ronnent jusqu’à une distance considérable. Dans l’est,
ils m’ont ibrtbien désigné Rotouma, F alaka(île Mitre),
inhabitée, Anouda (île C h e rry), peuplée par des
hommes de leur race; aunord-nord-ouest, Taumako,
habité par un peuple de la même ra c e , et distant de
deux jours de marche. A l’ouest et à l’ouest-nord-
ouest Vanikoro (véritable nom du Mallicolo de Dillon),
Païou, Vanou et Ocili, occupés par des noirs
non anthropophages , qu’ils nomment collectivement
Fidgi, ce qui offre un rapport assez singulier avec le
nom donné par les babitans de Tonga aux peuples de
1 archipel Viti. A l’ouest-sud-ouest, ils ont indiqué Nation
et d ’autres îles occupées par la même race; enfin
dans le sud ils ont cité les îles Warouka (sans doute
îles Banks de Bligh), habitées par des noirs cannibales,
ce qu’ils ont exprimé par des gestes trt .-significatifs
accompagnés des signes les plus manifestes
d’horreur et d’effroi pour celte nation : on m’a montré
un naturel de Rotouma , entraîné par le vent dans sa
pirogue jusque sur Tikopia, où il a trouvé un asile et
où i) s’est vu obligé de rester.
Trois Anglais, déserteurs du baleinier te IIa rr ie i,
et fixés depuis neuf mois sur Tikopia, m’ont fait le
plus grand éloge du caractère et des dispositions de
cette petite peuplade. Ils ont nié le meurtre du troisième
enfant mâle, avancé par M. Dillon dans un de
ses rapports, et m’ont assuré qu’il n ’existait aucun
mouillage sous le vent de l’île. Deux de ces Européens,
nommés Hambillon et Williams, m’ont demandé
à embarquer à bord de l’Astrolabe. J ’y ai con-
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