
 
        
         
		112 VOYAGE 
 1828. 
 F évrier. 
 rant l’entraînait sensiblement dans l’ouest. Nous avons  
 été entourés de naturels jusqu’au soleil couchant. Ces  
 hommes  naturellement  do u x ,  joyeux  et  familiers,  
 m’ont paru appartenir à la même race que les babitans  
 de Tonga et Rotouma ;  ils parlent à peu près la même  
 langue,  et ont  des  habitudes  semblables.  Ils  sont  en  
 général g ran d s,  bien  faits,  tatoués sur  la poitrine et  
 Pl.  C L x x v i i, le visage,  el portent  des  cheveux longs et  plats  aux-  
 C L x x x i x   quels l’usage  de  la  chaux  donne  une teinte blafarde. 
 et  C L X X X V . 
 ■ Aucun d’eux n ’avait apporté d’armes. Ce qui m’a paru  
 le  plus  remarquable,  c’est  que  l’usage  de  l’arek  est  
 arrivé jusqu’à eux;  comme les Malais,  ils  le mâchent-  
 avec  la  feuille  du p ip e r et un peu  de  ch a u x ,  ce  qui  
 leur gâte horriblement les dents.  Tikopia serait donc,  
 vers  l’orient,  la  limite  jusqu’aujourd’hui  connue  de  
 cet usage  bizarre. 
 Les babitans  de ce petit coin de terre  ont une  connaissance  
 très-exacte  des  diverses  îles  qui  les  envî- 
 DE  L’ASTROLABE. 113 
 ronnent jusqu’à une distance considérable. Dans l’est,  
 ils m’ont ibrtbien désigné Rotouma, F alaka(île Mitre),  
 inhabitée,  Anouda  (île  C h e rry),  peuplée  par  des  
 hommes de  leur race;  aunord-nord-ouest,  Taumako,  
 habité par un peuple  de  la même ra c e ,  et  distant  de  
 deux  jours  de  marche.  A  l’ouest  et  à  l’ouest-nord-  
 ouest Vanikoro (véritable  nom  du  Mallicolo  de  Dillon), 
   Païou,  Vanou  et Ocili,  occupés  par  des  noirs  
 non anthropophages ,  qu’ils  nomment  collectivement  
 Fidgi,  ce qui  offre un rapport  assez  singulier avec le  
 nom donné par les  babitans  de Tonga  aux  peuples de  
 1 archipel Viti. A l’ouest-sud-ouest,  ils ont indiqué Nation  
 et d ’autres îles occupées par  la même  race;  enfin  
 dans  le sud  ils  ont cité  les  îles Warouka (sans  doute  
 îles  Banks  de Bligh),  habitées  par  des  noirs  cannibales, 
   ce qu’ils ont exprimé  par des  gestes  trt  .-significatifs  
 accompagnés  des  signes  les  plus  manifestes  
 d’horreur et d’effroi pour celte nation  :  on m’a montré  
 un naturel de Rotouma ,  entraîné  par  le vent dans sa  
 pirogue jusque  sur Tikopia,  où il  a trouvé  un  asile  et  
 où i)  s’est vu obligé de rester. 
 Trois Anglais,  déserteurs du  baleinier te IIa rr ie i,  
 et fixés  depuis  neuf mois  sur  Tikopia,  m’ont  fait  le  
 plus  grand  éloge  du  caractère  et  des  dispositions  de  
 cette petite peuplade.  Ils  ont  nié  le meurtre  du  troisième  
 enfant mâle,  avancé par M.  Dillon dans  un  de  
 ses  rapports,  et  m’ont  assuré  qu’il  n ’existait  aucun  
 mouillage  sous  le  vent  de  l’île.  Deux  de  ces  Européens, 
   nommés  Hambillon  et  Williams,  m’ont  demandé  
 à embarquer à bord de  l’Astrolabe.  J ’y ai con- 
 TOM E   V .   g 
 1828. 
 F év rie r.