dans les veines invisibles du cocotier, et qu’elle se soit déposée
au centre de son délicieux fruit. Une fois qu’elle est ainsi p u r ifiée
dans un des plus agréables alambics de la nature , ces naturels
la considèrent comme le breuvage le plus pur et le plus
salutaire du monde.
Ici le climat est délicieux, jamais ni trop chaud ni trop
froid. Situées au fort de ce courant aérien , appelé vent allsé
du N. E ., ces îles sont toujours rafraîchies par une belle brise
de mer fraîche , qui entretient l ’atmosphère dans un état de
pureté susceptible de donner la santé , la vigueur et l ’activité à
tous les êtres de la nature animée.
Mes connaissances sont très-bornées quant aux animaux
qui se trouvent dans ces île s, attendu que je n’ai pas eu l ’ occasion
d’en visiter l’intérieur. Je sais que les bois abondent en
oiseaux de diverses espèces, tous agréables à la v u e , et la p lu part
doués d’un chant mélodieux. J’ai vu plusieurs reptiles de la
famille des lézards, mais pas un serpent. Les insectes sont nomb
reu x , brillans , mais pas un n’est importun. Nous n’aperçûmes
aucun minéral digne d’être remarqué. Les e au x , à l ’intérieur
du ré c if qui environne le groupe entier , abondent en excellent
poisson de tout genre, qu’on peut prendre en quantité, soit à la
seine, soit à l ’hameçon. Des coquillages de différentes sortes se
trouvent sur les récifs , les bas-fonds et les rivages. Quelques-
uns offrent des échantillons qui surpassent tout ce que j’ai
jamais rencontré en aucune partie du monde. Je ne sache point
d’endroit où le naturaliste et l’amateur puissent se procurer
une collection de coquilles rares, curieuses et précieuses , plus
riche que dans ces îles. Les huîtres perlières sont communes ,
et celles que nous obtînmes des naturels sont de la même espèce
que celles de Sooloo. La tortue verte est commune , mais je
pense que la tortue à tête pointue est très-rare, attendu que
nous en vîmes très-peu dans l’eau, et que l’écaille se trouvait
en petite quantité entre les mains des naturels.
La biche de mer {holothurie ou trepang des Malais) peut s’obtenir
ici en grande quantité et d’une qualité très-supérieure,
pourvu que l’on puisse compter sur les dispositions amicales
des naturels ; autrement le temps et la peine qu’on se donnerait
pour cette pêche seraient en pure perte. Si les circonstances
étaient favorables , on pourrait faire ici plusieurs cargaisons
de cette denrée, et la majeure partie s’en vendrait à un
prix fort élevé , si les échantillons que nous observâmes peuvent
servir de règle pour juger de sa qualité en général. Quelques
uns de ceux que nous trouvâmes avaient deux pieds de
longueur et dix-huit pouces de circonférence ; leur ch a ir , une
fois les intestins enlevés , pesait encore de sept à neuf liv re s!...
C ’est une dimension bien supérieure à celle de tous les mollusques
de ce genre que j’aie jamais vus aux îles Fid g i, Nouvelles-
Hébrides, Bougainvllle, Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Bretagne
, Nouvelle-Guinée , Nouvelle-Hanôvre , et même aux îles Ö '
du Massacre.
Il sera curieux de comparer l’éloge pompeux qu’a fait
des insulaires de Hogoleu le capitaine Morrell, avec le
peu de mots que'nous-en avons dit nous- même dans
notre journal sur la Coquille, par suite des communications
que nous eûmes à la voile avec ces sauvages, en
juin 1824. Voici littéralement de quelle manière nous
nous exprimions alors sur leur compte.
Quelque étendu que paraisse être ce groupe au premier
abord, par le fait il se réduit à peu de chose et doit être médiocrement
peuplé. Aussi n’avons-nous jamais vu plus de douze
ou quinze pirogues à la fois , bien que durant les denx premiers
jours nous ayons mis plusieurs fois en panne pour communiquer
avec les naturels. Ces insulaires n’ont rien de remarquable
, ils sont d’une taille médiocre , plusieurs sont difformes
ou affligés de maux dégoûtans. Leur iutelligence paraît bornée,
et je crois cette race inférieure à celle d’Ualan. Pour le bon
ton et la dignité, les ianwl de Hogoleu ne valent nullement les
uros et les tan d’U a lan , bien qu’ils aient les mêmes dispositions
au vol. Tout porte à croire qu’ils ont souvent vu des Européens
, et rien dans le navire ni .sur nos personnes ne parais